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Chapitre 14 - Mirrors

{La musique est en média, je vous conseille de l'écouter avec la deuxième partie de l'histoire car elle correspond plus à la deuxième partie mais bien sûr vous pouvez la faire jouer deux fois pour en profiter tout le long de votre lecture ❤️}

- Tu t'es déjà réveillé avec l'impression que tu ne te connaissais pas ? Tu sais, ce moment où tu te regardes dans le miroir... Et que tu as la sensation que c'est la toute première fois que tu te vois ?, me demande Jane avec des yeux suppliants.

- Non.

- Bordel... C'est bien ce qu'il me semblait, souffle-t-elle

- Quoi ?

Elle se range sur le côté de la route et tire sur le frein à main. Son regard est étrangement vide, un peu résigné... Et plein de tristesse. Je m'en rends compte à présent.

- Ca veut dire que je suis une putain de nouveauté sur cette Terre. Une innovation de Dieu. Une erreur de jeunesse. Génial...

- Oui, c'est génial.

- Comment ça ?

- Tu peux tourner cette différence à ton avantage, je propose.

Pour toute réponse, Jane enclenche la première et la voiture redémarre. De longs kilomètres passent sans que nous ne parlions. Définitivement, je pense que Jane adore les silences.

Point de vue, Jane

Alex a le don de me regarder bizarrement. C'est un mélange de perplexité, d'admiration et de bienveillance. Étonnamment, ça me plaît. Alors que la route se dévoile devant nous et que les paysages défilent, je tente de comprendre ce qu'il voulait dire.

- Comment ça, "à mon avantage" ?, je demande, histoire de briser le silence.

- En quoi c'est mal d'être un peu... original ?

- Alex, l'originalité, c'est porter des Dr Martens ou s'habiller en manga. Être original, c'est être remarqué, sortir du lot. C'est un art de vivre. Être différent, c'est une fatalité.

Je peux voir son reflet dans le rétroviseur. Il hausse le sourcil d'incompréhension.

- Alors, tu es originale et différente, objecte-t-il

- Putain, j'ai rien demandé, moi.

- Ca arrive. Et dis-toi que rien n'arrive pour rien. Que chaque problème auquel tu fais face n'est qu'un événement de plus. Tout est une succession d'événements imprévus. Il n'y en a pas des plus importants. Ce sont juste des passages.

- Waouh. Peut-être. Et tu en as beaucoup, des théorèmes philosophiques comme celui-ci ?

- Je pense que ça vient avec le temps. La maturité, je veux dire. Et que la maturité apporte avec elle une bonne dose de philosophie. C'est à toi de la rendre positive, ou négative.

- C'est drôle,  je souffle avec un sourire aux lèvres.

- Quoi ?, s'interroge-t-il.

- Tu as toujours le don de dire ce qu'il faut au bon moment. Tu ne parles pas pour ne rien dire, comme si tout était déjà très clair dans ton esprit. Comme si tu avais appris par cœur à l'avance trois bouquins de philo pour pouvoir placer quelques phrases dans tes conversations. Si il pleut, tu ne te contenteras pas de dire qu'il pleut. Tu me diras que ce n'est qu'un événement parmi d'autres et tu m'apprendras à danser sous la pluie. C'est fascinant.