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Chapitre 4 - la deux-chevaux rouge

{ A écouter avec la chanson "Smile" de Mikky Ekko 💙 || Je vous préviens, ce chapitre est encore un peu lent mais lisez-le pour comprendre au mieux l'histoire 🙈 Bonne lecture }

Je remonte très lentement la rue principale de Hope, ma petite ville perdue de l'Arkansas (où aucun événement ne s'est produit depuis l'élection de Bill Clinton qui est un natif de la ville - Et je précise que je n'étais même pas née), sous le soleil brûlant du temps de midi.

J'avoue que la perspective d'un deuxième rendez-vous avec Jenkins en moins d'une semaine ne m'arrange pas.
Ca me dérange même énormément.
C'est pas comme si j'avais vraiment une vie sociale - ma psy est ma seule amie - Mais, admettons que j'en aurai eu une, ce rendez-vous aurait bloqué toute possibilité d'activités avec un/une ami/amie.
Mais comme je n'en ai pas, le problème ne se pose pas.
Comme je n'en ai pas, je vais chez la psy.

Peut-être que je suis juste une gentille fille beaucoup trop obéissante ?
Peut-être que vivre, c'est aussi faire des conneries et prendre des risques ? Je ne le saurai jamais. Je suis condamnée à montrer le bon exemple à ma sœur et à manger des Fajitas trop chauds en écoutant ma famille débattre sur des sujets non-intéressants toute ma vie.

Désespérant.

Une fois arrivée chez la psy, je lui fais part de mes impressions. Je ne lui ai jamais autant parlé qu'en ces 2 dernières séances.

- Finch., dit-elle (décidément, je pense que c'est une manie pour elle d'appeler les gens par leur nom de famille. J'espère qu'elle ne faisait pas ça avec ses profs au collège.) Vous avez l'impression que la vie est un trou noir, que c'est un éternel recommencement. Que vous êtes condamnée à faire toute votre vie ce que vous faites depuis le début ?

J'acquiesce sans un mot.

- Sachez que la vie n'est pas un tableau Excel. Elle n'est pas illimitée et c'est ce qui la rend fabuleuse la plupart du temps. Si la vie était illimitée, nous profiterions différemment. Nous nous dirions que l'infini est devant nous et que le temps ne nous manquera jamais. Dieu merci, ce n'est pas le cas. La vie n'est pas illimitée. Nous allons mourir un jour car tel est conçu l'être humain. Ainsi soit-il.

Sa manière de voir les choses est honorable.

- Je vois... Alors pourquoi existe-t-il des méthodes promettant la vie éternelle ?

- Ces gens-là n'ont rien compris, Finch. Rien.

Nous restons un moment l'une en face de l'autre à nous regarder. Ces derniers temps, nos séances sont beaucoup moins axées sur ma dépression et ressemblent beaucoup plus à un débat philosophique. Jenkins n'écrit presque plus à l'encre noir sur sa feuille blanche avec son petit air pincé.
Elle n'écrit plus du tout.
Elle se contente de me parler.
Et ça me va très Bien.

- Et mon cadeau ?, je demande soudain.

Elle sourit jusqu'aux oreilles.

- Ton... Cadeau? Ce n'est pas vraiment un cadeau tu sais. C'est un prêt, on va dire.

- Un prêt ? Et vous me prêtez quoi?

J'avoue que je suis curieuse.

- Ça.

Elle sort sa main de sa poche et fait glisser quelque chose sur son bureau en bois blanc. C'est une minuscule clé rouge avec un insigne dessus.

- Elle appartenait à mon oncle., dit-elle. Il est mort il y a 3 semaines et j'ai hérité de ça... C'était un passionné, il l'aimait tellement. Je voulais qu'elle parcoure le monde aux côtés de quelqu'un qui le mérite vraiment.

- Une clé ? Waw... merci. Les mots me manquent pour décrire l'émotion de ce cadeau, dis-je d'un air légèrement sarcastique.

- Regarde par la fenêtre.

Je me lève et tend le cou pour voir ce qu'il se passe à travers l'unique fenêtre de son cabinet. J'aperçois un vieille deux-chevaux rouge garée devant la maison. Et je comprends.

Clé.
Voiture.
Clé de voiture.

- Mrs Jenkins ! Êtes-vous sérieuse ? Une voiture ? Pour moi ? Mais j'en ai déjà une...

- Te rappelles-tu du premier vœu que tu as noté sur ta liste ?

Oh que oui. Je m'en souviens pour le reste de ma vie. C'est ce que je veux plus que tout au monde.

- "Avant de mourir, je voudrai traverser les États-Unis dans une vieille décapotable rouge" ?

- C'est exact. C'est ce que tu vas faire. Tu pars demain. C'est un ordre.