Chapitre 13 - Chers Parents...

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Chanson en média

- Tu comptes vraiment écrire à tes parents ?, demande Alex en apercevant la carte que je tiens en main.

- Ouais. C'est la moindre des choses, non ?

Il me regarde un long moment sans rien dire, comme si j'étais une énigme qu'il tentait de résoudre.

- Non. Pourquoi n'écris-tu pas à quelqu'un envers qui tu es réellement reconnaissante, quelqu'un qui t'as rendue heureuse au cours de ces dix-sept années d'existence ?

- Genre... Toi ?, je propose. Parce que tu me rends heureuse, Alex. Plus que je ne l'ai été lors des 6188 jours que j'ai passés sur cette terre avant de te rencontrer.

- Tu comptais les jours ?, demande-t-il surpris.

- Ca donne une idée du taux d'amusement qui règne chez les Finch depuis l'annonce de ma dépression.

Il pince les lèvres en s'appuyant contre la barrière du balcon donnant sur l'agitation matinale de Pearl Street.

- Réfléchis-y. Je ne suis pas la seule personne qui mérite ta reconnaissance. J'en suis certain.

Il a raison. C'est comme une évidence. J'appuie sur le bout de mon stylo contre ma poitrine pour faire sortir la mine et couche quelques mots sur le papier cartonné.

Chère Mrs Jenkins,
Comme vous le voyez, la jolie décapotable rouge m'a emmenée jusque New York, la ville qui ne dort jamais, où chaque minute est meilleure que la précédente.

Je vois Alex lire par dessus mon épaule, avant de retourner dans le salon à une activité quelconque.

Ici, tout est différent. Je pense que c'est une bonne chose. J'ai réalisé hier que le coucher de soleil était différent à chaque endroit du monde, alors je pense que cela m'oblige à visiter encore beaucoup de pays. Je ne pense pas me limiter à ce voyage, soyez-en sure. Ah, et j'ai rencontré quelqu'un qui m'a mise dans une situation disons... paradoxale. Aujourd'hui, j'apprends à vivre pour moi plutôt que pour les autres, et pourtant, mon cœur bat pour quelqu'un d'autre que moi. C'est une drôle d'impression que d'avoir soudain une raison de se lever le matin. Une raison  de sourire, et de rire, aussi. Une raison qui me rend heureuse. Très heureuse. Je pense que le but de mon voyage est déjà atteint. Je ne sais pas si cela fait de moi une dépressive guérie mais cela fait de moi une dépressive heureuse, ce qui est plutôt paradoxal, ça aussi.

Merci. C'est un mot courant, mais sincère. Il représente tant pour moi. Je ne vous remercie par pour une carafe d'eau ou pour un nouveau pull en laine : je vous remercie parce que vous êtes une personne formidable. Simplement. Je vous remercie parce que j'ai tant appris sur moi. Je vous remercie pour TOUT. Vous avez marqué ma vie à jamais.

À jamais.
Jane.

J'ouvre l'enveloppe, passe ma langue sur la partie autocollante et la referme.

- T'as fini ?, crie Alex du canapé.

- Ouais.

- Je suis heureux que t'aies pensé à elle.

- Moi aussi.

Ma lettre dans la main, je me lève de la chaise en fer forgé et me dirige vers le salon.

- On fait quoi aujourd'hui ?, demande Alex.

- On part.

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