Chapitre 10: Aurores

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Pour régner sans être contesté, il suffit de faire croire que sans Roi, ce serait pire. 

Sans soleil, il fait nuit et toi, qui est le Roi, tu dois savoir faire se lever le soleil.

Il avait toujours eut ce sentiment. Celui d'observer une minuscule bulle évoluer, se laissant aller dans le vent. Cette bulle était fragile, instable et pourtant elle tenait bon. Cette bulle ne voulait pas exploser. Et lui, avait le pouvoir de faire vaciller tout ce petit monde. 

Cependant, il savait qu'il y avait autre chose. Que si lui pouvait voir cette bulle alors peut-être se trouvait-il dans une bulle encore plus grande. Et cela était la véritable préoccupation de Mathis. Ce qui se passait à ses pieds ne l'intéressait pas car le propre de l'homme est de vouloir viser toujours plus haut. 

Mathis s'était toujours passionné pour les étoiles. Il n'avait pas beaucoup de souvenirs de son enfance. Cela car c'était une époque qu'il avait tout fait pour oublier. Il se souvenait simplement d'une vague histoire d'étoiles. Et depuis, il ne rêvait plus que d'étoiles et de ciels infinis. 

En se réveillant ce matin-là, il avait baillé avant de caresser le dos de sa... fiancée? Elle perdait de sa superbe dans la lumière du matin même si ses cheveux flottaient un peu dans l'air. Elle était supposée être l'une des plus belles femmes de cette terre mais il était certain qu'il y avait de plus belles femmes. Il avait bien envie de les connaitre. En aurait-il le temps?

Il se leva, le soleil dessinait ses abdominaux dans la lueur du matin. Il avait une peau légèrement halée et son tatouage de lion ne semblait toujours pas adhérer à sa peau. Les tatouages comme ça devaient se ternir un peu puis commencer à se fondre avec le grain de peau. Le sien avait conservé cette teinte noir d'encre. 

Mathis rêvait du jour où il pourrait s'envoler et percer les secrets de l'univers, les secrets de sa propre existence. Il voulait conquérir le ciel car ce dernier n'appartenait encore à personne. 

Il voulait être libre. 

Vivre à Orion était tout le contraire de cela. Les capitales n'étaient pas des lieux pour respirer et Orion, la capitale du monde était toujours congestionnée de petits intérêts. Cette ville était trop... humaine à son goût. 

Mathis s'étira, s'étonna un instant de se trouver dans cette chambre puis se remémora avec un certain plaisir la soirée de la veille. Il se rappela aussi une chose étrange. Cette impression ne l'avait pas quitté, cette impression d'avoir eut une connexion avec quelque chose au delà de ce monde. Beaucoup plus grand. Voilà ce qui l'avait incité à ressonger à ses vieux rêves enfouis. Des rêves qui avaient été évincés par des ambitions de pouvoir et une volonté d'autant plus forte qu'elle était humaine. 

C'était l'aube, la ville s'éveillait à peine, il se posta devant la baie vitrée pour observer tout ce petit monde s'animer doucement pour finir par faire un vacarme assourdissant dès qu'il serait prêt. 

L'aube. C'était un moment mystérieux, silencieux. Il sortit sur son balcon transparent. Il avait le sentiment de marcher sur le monde. Bien sur, il avait prit le temps d'enfiler un bas de pyjama gris. 

Derrière les grattes ciels et les maisons, il apercevait l'horizon se farder de rose. C'était sublime. Une chose que les hommes ne pouvait contrôler. Une chose qui peut-être dépassait même les dieux.

Si ce monde était une bulle, c'était une très belle bulle avec tant de nuances qu'on pourrait en faire un tableau. 

impression soleil levant...

Son téléphone sonna, interrompant sa rêverie solitaire. C'était son père, Malcolm. Règle n°1 pour un bon héritier, ne jamais décevoir le paternel. 

-Père?

-Mathis.

Le ton était sec, tonnant. Comme d'ordinaire. 

Malcom était un homme... dénoué de sentiments humains. Et son fils n'était pas en reste. 

-Que se passe t-il? 

-Vous ne pouvez pas faire ce qu'il vous plait. Vous avez des responsabilités.

-Je suis avec ma fiancée. 

Mathis put entendre un soupir exaspéré et un "hm hm" dédaigneux. 

-Profitez jeune homme. Après le mariage, plus de vie sexuelle. Je ne peux vous en vouloir. Cependant, vous êtes un personnage important. Ne l'oubliez pas. 

-Je ne puis me le permettre.

Mathis adorait prendre cet air guindé pour se faire passer pour personnage important. 

-Outre les  préparatifs de vos épousailles, vous avez des choses à faire. 

Le jeune blond fit mine de réfléchir un instant. Une chose aussi importante ne pouvait être oubliée. Avoir 18 ans n'arrivait qu'une fois dans sa vie. 

-Je sais, père. Il n'y a pas lieu de s'inquiéter. J'arrive dans une minute. 

-Bien. 

La conversation était nette, précise, sobre. En un mot, parfaite. 

La sirène dans son lit commençait à se réveiller, il devait filer.

-Dépêche toi. Tu vas être en retard. 

-Tu es déjà réveillée?

Dans la lumière du matin, ses yeux avaient un éclat encore plus bleu comme ceux des cristaux de mer et sa voix était chantante. Elle était très belle... cependant. Toujours cette impression. Il retira son bas de pyjama pour prendre une douche sous le regard lubrique de sa jeune fiancée. Elle se leva, se précipita sur lui et lui agrippa le poignet pour l'obliger à se retourner et lui faire face. Il eut un sourire concupiscent, dans tous les sens du terme, mais se retint. Il caressa la joue de Loreley et planta son regard dans le sien.

-Non ma puce, je sais que mes fesses sont une invitation à la luxure mais on a pas le temps. Accompagne moi et gardons ça pour ce soir. 

Elle eut une moue d'hésitation puis fit mine de réfléchir.

-Je regrette, j'ai des répétitions aujourd'hui. Pour... tu sais... ton anniversaire. 

Elle eut un sourire narquois. 

Il eut un sourire chaleureux. Attends... quoi? 

Quelque chose n'allait pas dans ce tableau. 

-Allons... prendre une douche. Mais une douche rapide. 

Avoir un appartement dans le centre d'Orion était le plan idéal. Les demeures princières et royales devaient toujours se situer au centre des contrées du pays. Cependant, c'est à Orion que se passent usuellement les grands événements. C'est à Orion qu'il faut être et ça tout le monde le sait. La puissance est quelque chose qui s'acquière. Empirisme, tout ça, tout ça... Un homme qui n'a aucune influence sur le monde est un homme sans pouvoir. Et le "monde" est en fait l'ensemble des humains qui le constitue. C'est l'une des premières notion que l'on apprend en tant que petit dauphin. On ne gagne rien sans rien sacrifier. 

Cette douche dura plus longtemps que prévu parce que... deux personnes dans une douche n'ont pas pour habitude d'être particulièrement productives et concises. Mais au moins, cette douche eut le mérite d'être agréable. 

La distance d'Orion à Borealis, la cité des lions, était fort courte car, occupant des places importantes, ils devaient être non loin du centre décisionnel. Il mit moins de deux heures pour parvenir à son géniteur. Ce dernier eut tout le loisir de lui faire des remontrances quant à son retard. Il le menaça presque d'annuler ses fiançailles ce qui faillit provoquer une dispute orageuse. Heureusement, les hommes de la haute société savent comment éviter les esclandres. 

-Mathis, êtes vous sur de comprendre ce que le monde attend de vous?

L'intéressé tira nerveusement sur son costume brodé de fils d'or.

-Je sais ce que vous m'avez appris... Père. 

Le roi Malcolm sentit son poil se hérisser à l'entente de ce nom. Cependant, il est des secrets qui ne doivent pas être révélés.  

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