Notre Victoire.|Tome1.|Nekfeu.|Terminée.

14.

Paris XVème, 26novembre:

"Musique tellement forte qu'elle en devient le fond,
Embrouilles qui te rongent ne sont pas si profondes.
Les larmes coulent mais je ne saurais les essuyer,
Le maquillage part mais je ne saurais le retirer.
Mon âme démoli,
Mon cœur anéanti.
Les années se succèdent,
Mais le malheur reste intacte,
La paix n'est plus de ce monde,
Il n'y plus rien qui nous affecte.
Les lumières jouent de notre vision,
Nous jouons des fausses allusions.
Un regard vide perdu dans l'effroi,
Et nos paroles faites de désarroi.
Désormais on se pli aux idées,
Que du reçu sans jamais analyser."

Je récite,
Ces paroles tournent en boucles dans ma tête.
La lame de rasoir dans la main,
La poubelle ouverte.
Je ne sais pas que faire.
La jeter?
L'utiliser?
Continuer de vivre ?
En finir avec ma vie?
Me laisser aider par les garçons ?
Me détruire seule?

Je ne veux pas leur faire de mal.
Si je mets fin à mes jours dès maintenant il n'auront pas eu le temps de s'attacher à moi alors que si je repousse le moment ils commenceront à s'attacher et de la je sais que l'acceptation de mon absence sera plus difficile.
Ma décision est prise cette fois ci je réussi.

La lame entre mes mains, une musique de fond.
"I follow Rivers" de Lykke Li.
Je décide comme seule preuve d'un acte réfléchi, de marquer au rouge à lèvres sur ma glace "Désolée, Tipax'.".

Je saisis la lame.
La pose sur le rebord de mon Lavabo.
Dans ma baignoire je fais couler de l'eau.
Les larmes coulent aussi.

Je ressaisie la lame.
Je me déshabille pour ne rester que dans une paire de sous-vêtements noirs.
Je me plonge dans le bain, laisse La musique en lecture en boucle puis augmente le volume.
Je ne sais pas qui me découvrira en premier cette fois ci.
La lame glisse contre les doigts, je La regarde, c'est elle qui va me tuer physiquement, mais c'est mon subconscient qui le décide.

Un dernier regard autour de moi.
Des images des dernières semaines qui me passent dans la tête.
Il est maintenant temps de quitter toute cette merde.

Pardon.

Pdv Ken:

Vic' ne répond pas depuis ce matin aux appels et messages.
Je suis pas du genre à m'inquiéter mais comme d'habitude avec Mo' on a voulu aller la chercher à son boulot après le stud' mais elle n'était pas la.
Alors je suis allé voir dans le bar, et ils m'ont dit qu'elle n'était pas venu aujourd'hui, qu'elle n'avait même me pas appelé, ce qui n'est pas son genre.

Mo' me dit de pas m'inquiéter.

Pour oublier tout ca, on décide de rejoindre les gars au studio.
Mais mon esprit est ailleurs.
Vic' ne répond pas.
C'est la seule chose de cohérente que je me dis.

Pris d'un élan soudain, je prends ma veste, et me casse chercher mon scooter.
Je vais chez elle.

Une fois arrivé, je tape le code de l'immeuble, elle ne me l'a pas donné mais je l'ai deja vu le taper.

Je monte jusqu'au 3ème étage.
Une musique super forte se fait entendre.
Plus je me rapproche de sa porte, plus La musique résonne.

Ca vient de chez elle.

Perspicace Ken.

Je toque.
Une fois.
Deux fois.
Trois minutes sont passées.
Je sonne.
Une fois.
Deux fois.

J'en peux plus d'attendre.
Alors on reprend les bonnes vieilles techniques.
Je défonce sa porte.

Je pénètre dans son appartement.
Rien n'est en désordre.
Seule la musique se fait entendre.

Première porte, la cuisine.
Rien.

Deuxième porte, la chambre.
Rien.

En espace-open, le salon.
Rien.

Seule la dernière porte m'intrigue.
Je n'y suis jamais allé.
La salle de bain.

Je me rapproche à grands pas de celle-ci.
Des petits bruits aigües se font entendre.
Je redoute d'ouvrir.

J'ouvre à grande volée la porte.

Elle est La.
Assise, les genoux repliés vers elle même, dans sa baignoire.
L'eau coule et menace de déborder.
Elle pleure.
De chaudes larmes.
Elle se retourne vers moi.
Je ne perds pas une seconde quand je vois la lame de rasoir dans ses mains.
Je me précipite vers elle, passe mes mains dans l'eau, lui enlève la lame des mains et la balance dans son évier.
Je saisie Vic' par les genoux et La sort de l'eau.
Elle est brûlante.
Tout comme l'eau.
En me retournant pour aller La déposer dans sa chambre je remarque une trace sur le miroir.
"Désolée, Tipax'.".
Ses mots me glacent le sang.

Je reprends mes esprits et me dirige vers son lit.
La voir en sous-vêtements, m'aurait habituellement réjouis et excité à l'idée des prochaines heures que j'aurais pu passer.
Mais la, La voir en sous-vêtements ne me fait que réaliser réellement ce qui a pu se passer.
Son corps aminci, ses courbes toujours pulpeuses.

Une fois dans son lit, je me précipite dans sa salle de bain, pour récupérer une serviette.
Je passe en même temps dans le salon pour couper la musique.

La serviette l'enveloppe globalement, je suis assis dans son lit, le dos calé contre son mur, et elle emmitouflée dans la serviette entre mes jambes.
Je passe ma main dans ses cheveux, dans son dos, sur son ventre.

-Je suis La Vic', je t'abandonnerai pas. Fais nous confiance.

C'était les seules paroles que je pouvais sortir.

Je ne l'abandonnerai pas.