Chapitre 3: Le marché

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Viktor termina rapidement son assiette après avoir vu Hermione sortir en trombe de la maison, son repas terminé. Fleur avait les yeux dans le vide et les autres conversations avaient quelque peu diminué en entendant la voix de la mariée s'élever. Il laissa son assiette sur le comptoir et au moment où il retournait, les jumeaux lui posèrent une nouvelle question sur le Quidditch, à laquelle il fût obligé de répondre. Il ne voulait pas vexer ses hôtes. Il parla avec eux et lorsqu'il toucha enfin la poignée de la porte du Terrier, quinze minutes plus tard, il était soulagé. La salle à manger était pratiquement vide, donc il n'aurait pas à répondre aux questions sur où il allait. Il tourna la poignée et la fraîcheur du soir d'été l'entoura. Il frissonna, car il n'était pas habillé convenablement, mais il sortit tout de même. Il ne connaissait pas vraiment le jardin Weasley, aussi essaya-t-il de toujours garder la maison en vue. Il marchait lorsqu'il entendit des voix. En fait, c'était plus une seule voix, une voix qui énonçait un monologue. Krum s'immobilisa et écouta.

- Je suis désolé, Hermione. Je t'aime tellement que je ne veux pas te savoir avec un autre sans que j'y sois également. Il m'a juste fallu beaucoup de temps avant de m'en rendre compte. De me rendre compte que tu m'aimais aussi, mais que maintenant que je sais tout, je suis entrain de te perdre. Tu pars vers Krum et je n'ai rien d'autre que moi à t'offrir pour que tu reviennes, et j'ai bien peur que ce ne soit pas suffisant pour toi...

Un silence pesant suivit et Viktor en profita pour se rapprocher discrètement de l'endroit où se trouvait l'auteur du monologue et très probablement la muse aussi. Il risqua un coup d'œil et reconnut le jeune Weasley, celui dénommé Ron. À côté de lui, sur le banc, se trouvait une Hermione qui avait l'air endormie. Le garçon était donc trop timide pour avouer ses sentiments à la jeune fille lorsqu'elle était consciente, donc il profitait de son inconscience en espérant qu'elle l'entendrait. Viktor trouvait cette méthode assez étrange, pour un garçon qui prétendait être autant amoureux. Il se leva et s'approcha de Ron.

- Si tu l'aimes autant, tu devrais lui dire tes sentiments et ensuite, tu verras sa réponse, dit le bulgare à l'anglais.

Sursautant, Ron se leva et serra les poings.

- Toi, cracha-t-il, furieux qu'on l'ait entendu.

- Oui.

- Pourquoi me dis-tu cela si tu la veux?

- Pour te rendre service.

- Tu connais la réponse, c'est ça?

- Non, je veux seulement que la femme que j'aime soit heureuse avec celui de nous deux qu'elle aime le plus. Ce n'est pas ce que tu veux, toi aussi?

Le rouquin regarda la jeune fille qui dormait sur le banc et s'apaisa.

- Bien sûr. Je veux qu'elle soit heureuse, même si je préférerais qu'elle me choisisse. Mais si ce n'est pas le cas, je serai content quand même. C'est ma meilleure amie avec Harry...

- Alors faisons un marché.

- Lequel?

- Peu importe lequel de nous deux elle choisira, l'autre sera heureux pour elle et ne tentera pas de la faire changer d'avis.

Ils étaient résignés, car même s'ils n'en avaient ni l'un ni l'autre envie, ils savaient que c'était la chose la plus sensée à faire. Sans le dire à l'autre, ils voulaient tous deux essayer de faire le plus possible pencher la balance en leur faveur avant le choix final d'Hermione. Pour eux, la compétition était ouverte. Qui allait réussir à capturer le cœur de la jeune fille pour de bon?

- Marché conclu, dit Ron en serrant la main de Viktor.

- En attendant, laissons-la dormir.

- Seule?

- Je vais aller la coucher dans son lit.

Guère convaincu, le rouquin haussa un sourcil en croisant les bras.

- Écoute, tu es un peu trop gringalet pour la porter jusqu'en haut, alors je m'en charge. Sans rancune?

- Ouais...

- Bon, va m'ouvrir la porte, j'arrive en moins de deux.

Ron hocha la tête et partit en silence vers la maison. Viktor s'assura qu'il n'était plus là, puis s'approcha du banc. Il glissa son bras derrière les épaules d'Hermione et elle ouvrit lentement les yeux, perdue.

- Hey, ça va, rendors-toi.

- Non.

- Qu'est-ce qui ne va pas?

- Fleur m'a traitée de "Sang-de-Bourbe vicieuse". Avec le temps, je me suis habituée, mais ça fait toujours aussi mal, de se faire poignarder ainsi.

Viktor était sous le choc. Il n'aurait jamais pensé que Fleur était une fille comme ça, une sale fille. Il se promit de revoir son opinion plus tard.

- Bon sang! C'était vraiment méchant, murmura-t-il.

- Tu veux dire que c'était très malfoyen de sa part.

Viktor fronça les sourcils devant cette expression, puis voyant le sourire d'Hermione, il éclata de rire, Hermione en faisant autant.

- Qu'est-ce que c'est que cette expression?

- C'est Harry, Ron et moi qui l'avons créée. Cela veut dire "digne de Malfoy", en quelque sorte.

Elle bâilla et il passa son autre bras sous ses genoux. La soulevant, il lui intima de se rendormir. À peine quelques instants avant d'arriver à côté de Ron et de la porte ouverte, il vérifia qu'elle dormait.

- Qu'est-ce qui t'a pris autant de temps, Krum?

- J'essayais de trouver un moyen de la prendre sans la réveiller, Weasley.

L'attrapeur entra sans un mot de plus pour son rival et monta directement au dernier étage. Arrivé devant la porte de la chambre d'Hermione et Ginny, il frappa doucement du pied. Chanceux, Ginny vint ouvrir la porte. Elle écarquilla les yeux à la vue d'Hermione dans les bras de Viktor, endormie, puis elle s'écarta du chemin.

- Lequel? demanda-t-il.

La rouquine lui indiqua le bon lit et le remercia.

- Pas de quoi, je ne l'aurais jamais laissée seule dehors, de toute façon.

- Je sais, mais c'est pas QUE pour ça que je te remercie.

Elle ferma la porte et invita Krum à s'asseoir sur la chaise à côté d'elle.

- Écoute, Hermione est mélangée. Mais avec toi, elle se sent bien et elle est heureuse, je le vois. Elle aime mon frère, mais pas autant que toi. Pendant ces trois dernières années, elle avait perdu de vue ses sentiments pour toi, ne pensait qu'à Ron et elle était plus sombre. Mais maintenant que tu es là, tout ça a changé et elle réalise des trucs. Alors merci de lui faire passer du bon temps et de l'éclairer, tu lui redonne sa personnalité. Et je suis heureuse de voir ma meilleure amie aussi bien à tes côtés, même si tu n'es pas mon frère.

Viktor cligna des yeux, touché.

- Eh bien, merci... Ginny, pour ces compliments. Cela m'encourage. Elle est difficile à cerner.

Ginny sourit, puis posa sa main sur l'épaule robuste du bulgare.

- Pas tant que ça. Elle s'efforce de l'être, mais cela ne marche pas toujours. Surtout pas avec moi. Et puis, comme je t'ai dit, elle est mélangée, elle ne sait même pas elle-même ce qu'elle veut.

Viktor lui rendit son sourire, s'excusa et sortit de la chambre des deux filles. Si cette Ginny devait choisir entre lui et Ron, son frère, il était presque certain qu'elle le choisirait, lui, après tout les arguments qu'elle venait de lui dire. Elle était si différente de son frère. Elle laissait volontiers tomber la solidarité fraternelle pour le bien-être de son amie, même si cela devait briser le cœur de Ron. Il n'aurait pas beaucoup à faire pour garder Hermione, aussi souhaita-t-il silencieusement bonne chance à son rival.

C'est toi que je choisisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant