Chapitre 15 : Eux et le reste du monde (partie 1)

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Le soleil se levait à peine quand Linaëlle sortit dans les jardins du palais. Dans son esprit, tout le monde dormait encore exceptée sa mère.

« Nerveuse ? » l'interrogea celle-ci.

« Non pas du tout ! » s'exclama la jeune fille.

« Tu mens très mal, ma chérie. » lui dit affectueusement sa mère.

« Très drôle, Maman, vraiment. »

« Détend-toi, de toute façon ils t'aiment déjà » la rassura Elmira.

« Justement, j'ai peur de ne pas être à la hauteur de leurs attentes » s'inquiéta Linaëlle.

« Si tu n'étais pas à la hauteur, penses-tu vraiment qu'Amalicia t'aurais demandé de le faire ? » lui demanda-t-elle.

« Sans doute pas » soupira la jeune fille.

« Alors tu vois ? Nulle raison de s'inquiéter. »

Sur une dernière pensée encourageante, sa mère mit fin à la conversation mentale. Linaëlle soupira mais elle savait qu'elle serait là en cas de besoin. Après maintes hésitations, la jeune fille se décida et prit sa forme draconique pour s'envoler et se changer les idées. Aujourd'hui, elle rencontrait officiellement ses six protégés. Loger au palais dans une aile réaffectée leur avaient permis de se croiser, mais pas de fréquenter leur future professeure.

Après d'ardues négociations, Linaëlle avait réussi à obtenir de la Directrice Oth'Ferim que les cours se déroulent au palais afin d'éviter les déplacements inutiles. Celle-ci s'était finalement inclinée devant les arguments de la Princesse Héritière mais se réservait le droit de débarquer à l'improviste pour « surveiller la progression de ses élèves » selon ses propres mots. Se remémorant ses paroles, la dragonne laissa échapper un panache de fumée de ses narines, signe d'amusement. Lui donner la responsabilité de l'éducation de ces enfants oui, mais à condition de pouvoir se mêler de tout ! Comme si Linaëlle comptait lui laisser la moindre marge de manœuvre...

Planant paisiblement, elle observait la cité qui s'éveillait. Le seul endroit qui ne dormait jamais vraiment était le port fluvial. Des navires débarquaient ou embarquaient à toutes heures du jour ou de la nuit et les marins chantaient aussi bien dans les tavernes qu'en travaillant. D'ailleurs, les navires dorés de la délégation Colrithienne rendaient difficile les manœuvres des navires marchands. Il faudrait qu'elle le signale à son père.

Au bout d'une bonne demi-heure, elle se décida à rentrer et atterrit en souplesse dans la cour intérieure. Elle regretta aussitôt son geste car son arrivée paniqua les chevaux dans les écuries qui réveillèrent la moitié du château par leurs hennissements stridents. Elle endura les remontrance de Guy, le maître des écuries, ainsi qu'une tempête de plaintes mentales, les plus virulente venant de son père :

« Bons Dieux, Linaëlle ! Tu devrais pourtant savoir qu'on atterrit jamais, jamais dans la cour ! »

« Je n'y peux rien si ces andouilles de canassons étrangers paniquent à chaque fois qu'ils voient un Dragon ! Ils auraient mieux fait de les laisser à Colrith ! » s'énerva la jeune fille.

« Ces « canassons » comme tu dis sont un présent du Roi Farim, alors je te prierai de ne pas les traumatiser. Et de laisser les gens faire ce qu'ils désirent sans être interrompu par une cacophonie digne d'un orchestre désaccordé !» répliqua son père.

« De toutes façon, il est huit heures donc tu allais te lever... Et le reste des gens n'ont qu'à activer leur sort d'insonorisation, » grommela Linaëlle puis elle ajouta « Attends... tu étais réveillé ? »

Les Chroniques de l'Immortel, tome 1 : LinaëlleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant