Les Chroniques de l'Immortel, tome 1 : Linaëlle

Épilogue : Un futur prometteur

       

Linaëlle grimpe les marches, pressée. Deuxième porte à gauche, qu'elle poussa. Le spectacle qui se présenta à ses yeux la fit fondre. Sa Déesse donnant le sein à sa fille. Leur fille.

Delthéa leva les yeux sur elle et lui adressa un sourire éblouissant. La jeune femme ne l'avait jamais vue aussi heureuse. Elle s'avança, s'installa près de son âme sœur dans le lit, passa un bras autour de ses épaules.

- Elle est magnifique, Théa, sourit-elle en observant le nourrisson qui tétait vigoureusement.

- Elle te ressemble, souffla la Déesse.

- Mais elle a hérité de ta couleur de cheveux, constata la jeune femme en effleurant les quelques cheveux blancs du bébé.

Le nouveau-né réagit à son contact en abandonnant son repas et s'agita faiblement.

- Elle te connaît, s'émerveilla Delthéa.

Linaëlle afficha un immense sourire. La Déesse constata vite que sa fille se désintéressait totalement de son sein et la confia à son âme sœur.

- Dit donc, tu fais déjà des caprices, toi, rit la jeune femme en embrassant le nouveau-né sur le front.

Un picotement de magie parcouru le corps de Linaëlle qui haussa les sourcils et en resta bouche bée. Le bébé venait d'ouvrir les yeux. Deux iris vertes, plus claires que les siennes, encore troubles, mais dont la couleur était indéniable. La magie d'aura se déversa dans son esprit, pour la deuxième fois en moins de vingt-quatre heures.

Elle réussit à tourner la tête vers son âme sœur qui lui sourit.

- Les deux... Sang et cendres, les deux ! s'étonna la jeune femme sans oser trop élever la voix.

- Elles sont liées, après tout. Et puis, maintenant que leur mère a rendu son tablier de Tis'shamar, il faut bien quelqu'un pour mettre un peu d'animation dans cette famille, rit la Déesse.

- Ah non, Théa ! protesta Linaëlle en serrant instinctivement le nourrisson contre elle.

Son âme sœur secoua la tête et posa un baiser sur sa tempe.

- Pardon, je ne devrais pas plaisanter avec ça. Elles ne le sont pas, pas pour l'instant en tout cas, la rassura Delthéa.

Son amante soupira et s'adossa aux oreillers, le bébé appuyé contre sa poitrine. Elle sentait sa satisfaction et sa somnolence à travers le lien, qui déteignaient sur elle. La Déesse s'appuya contre son épaule, et la Dragonne dans sa poitrine ronronna, heureuse.

Quelqu'un toqua à la porte, et Delthéa autorisa leur visiteur à entrer. Suprak entra et fit apparaître un siège près du lit pour s'y asseoir.

- Alors, ai-je enfin le droit de voir la petite merveille ?

Linaëlle échangea un regard amusé avec son âme sœur avant de lui tendre la petite, qui protesta doucement de se trouver privée des bras de ses mères.

Très à l'aise, le Dieu la cala sur son bras et caressa son petit poing d'un doigt. La jeune femme avait parfois du mal à se rappeler que lui et sa femme avaient aussi eu des enfants.

- Et comment s'appelle-t-elle ? s'enquit-il.

- Elerinna, répondit la Déesse.

Suprak sourit et releva les yeux sur Linaëlle.

- Et sa jumelle ?

- Émelyn.

L'homme secoua la tête en riant.

- Une petite Déesse et une humaine, jumelles et mages d'auras de naissance ? Voilà qui promet.

- Sachant qu'Émelyn est peut-être un Dragon, ajouta Delthéa en récupérant la petite qui chougnait dans les bras du Dieu.

- Par le Sang, j'espère que non, soupira Linaëlle.

Les divinités rirent. Suprak ne s'attarda pas plus longtemps, les laissant à leur intimité. Mais Linaëlle ne put rester longtemps. Dans un coin de son esprit, son autre fille lui indiquait clairement qu'elle avait faim. Elle posa un baiser sur le front d'Elerinna, un second sur les lèvres de son âme sœur et regagna son corps physique.

Elle ouvrit les yeux, et s'extirpa des draps pour récupérer Émelyn qui pleurait dans son berceau. Elle gagna le salon pour donner la tétée à sa fille sans réveiller Adam. La petite ressemblait en tout point à sa sœur, excepté ses mèches blondes, presque rousse.

En levant les yeux sur les étoiles, visibles par la baie vitrée, Linaëlle sourit avant de soupirer doucement.

- Ma petite princesse, j'espère pour toi que ta vie sera plus simple que la mienne... En tout cas, je jure de tout faire pour qu'elle le soit.

Incapable de comprendre cette promesse, mais sensible à la voix de sa mère, la petite pressa sa petite main contre son sein.

Dans la cité, la cloche du Temple sonna douze coups, marquant le début d'une nouvelle journée, et de deux nouvelles vies.