Les Chroniques de l'Immortel, tome 1 : Linaëlle

Chapitre 33 : Une raison de vivre (partie 3)

Quel sorte de secret s'apprêtait-elle à lui révéler ?

- Êtes-vous vraiment en train d'exiger de moi un serment magique ? avança-t-elle prudemment.

- Tu supposes bien. Je ne peux pas laisser ce secret arriver aux oreilles de n'importe qui, se justifia-t-elle devant le regard mi-surpris, mi-outrée de Linaëlle.

- Vous savez qu'en dehors de certaines circonstances bien particulières, c'est parfaitement illégal ! s'opposa la femme. Sauf si il s'agit d'un secret d'État, je...

- C'en est un, coupa fermement la Directrice. Pas au sens où tu l'entends, mais il y va de la vie de tes enfants, et potentiellement de celles de tes neveux et nièces.

Son interlocutrice en resta bouche bée quelques secondes avant de demander d'une voix blanche :

- Mes parents sont au courant ?

- Non, et ils n'ont pas à l'être, trancha Amalicia.

- Mais enfin, ils...

- Linaëlle, j'ai dit non ! Ils seront les dernières personnes du monde au courant de cela, tu m'entends !

Surprise par sa vindicte, la concernée eut un mouvement de recul. La magicienne soupira, se massa les tempes avant de planter son regard dans le sien.

- Linaëlle, s'il te plaît, j'ai retardé l'échéance autant que j'ai pu, mais je dois t'en parler avant que l'un des petits se retrouve en danger. C'est peut être même déjà le cas.

- Mais enfin quel genre de chose pourraient les menacer ? Les Tfigunï ? Des rebelles ? Des...

- Rien de tout cela, c'est en rapport avec leur parenté, l'interrompit doucement Amalicia.

- Je comprends de moins en moins...

- Prête le serment et je te révèlerais tout.

- Vous me mettez au pied du mur, protesta la femme.

- Je fais cela pour m'assurer que tu comprennes les décisions que je devrais peut être prendre à l'avenir, argumenta la Directrice. J'ai besoin de ton accord et surtout de ton soutien. Je pourrais faire sans, mais cela rendraient les choses très compliquées. Je comprends que tu te méfies, je m'inquièterais même si tu ne le faisais pas, mais fais-moi confiance.

Linaëlle s'assit sur l'un des fauteuils extérieurs, passa une main sur son épaule droite. Le tintement silencieux était revenu, et avec lui de vieilles angoisses. Elle ferma les yeux, pris une profonde inspiration puis se redressa pour croiser le regard inquiet de la magicienne.

- Très bien, accepta-t-elle.

- Merci, souffla Amalicia.

Elle releva légèrement sa manche et déroula un fil rouge noué à son poignet. Avec des gestes qui dénnotaient une longue pratique, elle prit la main de Linaëlle dans la sienne et entreprit de nouer le fil selon un motif bien précis, traçant une rune sur le dos de leurs mains. La directrice lui récita les termes du serment et elle les répéta, en langue ancienne d'abord, puis en Malatirien.

- Je jure solennellement que les mots prononcés dans l'enceinte de cette pièce, je les garderais pour moi seule, sauf si vous me donnez la permission exprès de les révéler. Ce serment me lie jusqu'à ma mort, inavouable et ineffaçable.

Linaëlle retint une grimace quand Amalicia libéra sa magie, activant la rune qu'elle sentit nettement s'imprimer sur sa main. Aussitôt la sensation disparue, la Directrice dénoua le fil et Linaëlle observa la rune brûlante s'effacer peu à peu, bien qu'elle sentit toujours sa présence.