Cinquième virage

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Cinquième virage.

Après le départ de la berline noire, Monster avait juré entre ses dents.

— Qu'est-ce que c'était que ça ?

Le biker ne répondit pas tout de suite. Après quelques secondes, il finit par dire uniquement :

— Surveille tes arrières, Noah.

Après, il était monté sur sa moto, avait fait grondé le moteur et était disparu dans l'obscurité.

Ensuite, Noah rentra chez-lui et il ne revit pas Monster avant plusieurs jours.

***

Environ en milieu de semaine, après avoir terminé sa journée de travail, il eut la surprise à sa sortie de l'école de croiser la même berline noire vu quelques jours plus tôt dans le parking de l'établissement.

Il fronça les sourcils, étonné, mais décida d'ignorer la voiture. Il aurait peut-être dû y faire plus attention... Car alors qu'il allait débarrer sa propre automobile, la clef dans la serrure, un homme, qu'il n'eut que brièvement le temps d'apercevoir dans son rétroviseur, apparut derrière lui et l'agrippa brusquement tout en maintenant sur sa bouche et son nez un tissu imbibé de chloroforme.

Noah respira la drôle d'odeur, tenta de se débattre – perdant ses lunettes au passage –, mais il sentit déjà ses membres devenir faibles. Il vacilla et finit par perdre conscience, son monde devenant noir d'un seul coup.

***

Lorsqu'il se réveilla, Noah avait l'impression d'avoir la tête dans du coton. Il n'avait plus ses lunettes et n'arrivait à distinguer ce qui l'entourait que camouflé sous un voile flouté.

Il tenta de bouger, mais ses membres lui paraissaient encore lourd. Il réalisa qu'il était attaché sur une chaise en bois dans ce qui ressemblait à un entrepôt sombre. Il aurait aimé crier à l'aide, mais sa langue était pâteuse dans sa bouche.

— Alors, c'est toi Noah James ?

La voix était grave et rocailleuse, comme si l'homme venait de s'enfiler trois paquets de cigarettes. Il frissonna. L'inconnu s'avança devant lui et, de près, Noah arriva à distinguer son blouson en cuir noir orné de ce qui ressemblait à une arme à feu : ce n'était pas le même logo que celui de Monster.

— Qui êtes-vous ? réussit-il à prononcer.

L'étranger brandit une photo devant lui : celle où on le voyait embrasser Monster contre sa moto.

— C'est bien toi. Tu as l'air d'être proche de Monster, qu'est-ce que tu dirais si on prenait une jolie photo de toi et qu'on lui envoyait ?

Un autre homme apparut derrière le premier, un sourire pervers inscrit sur le visage. Il agrippa le col de la chemise de Noah et fit sauter le premier bouton. Le professeur trembla et le fusilla du regard.

— Qu'est-ce que vous faîtes ?! Laissez-moi partir ! Je n'ai vu Monster que trois fois !

Qu'est-ce que ces mecs lui voulaient à la fin !

— On s'en fiche de ça ! L'important, c'est qu'il a l'air de tenir un tant soit peu à toi, alors il ne voudra probablement pas que nous t'abîmions, joli cœur, et en échange il nous donnera une partie de son territoire.

Les mains libidineuses de l'homme terminèrent d'ouvrir sa chemise et s'attaquèrent à son pantalon, lui descendant brusquement ce dernier aux chevilles. Noah cria et tenta de se débattre, mais il ne pouvait pas bouger. Est-ce que ces hommes allaient le violer ?

Il avait vraiment peur. Son cœur tambourinait dans sa poitrine et sa respiration était irrégulière.

— Tu as l'aphrodisiaque, Steve ?

L'homme hocha la tête et sortit un petit flacon de sa poche, il s'approcha de Noah, ouvrit le bouchon et le força à respirer l'odeur âcre qui s'en dégageait.

— Ne t'inquiète pas, tu vas rapidement te sentir très bien...

Quelques minutes plus tard, il commença à se sentir étrange. Il avait chaud. Comme si tout son corps était en train de se consumer de l'intérieur. Et il avait une drôle de sensation dans le bas de son ventre. Sa virilité se dressait toute seule sans même qu'il ne soit excité.

— On dirait que la salope de Monster est une vraie petite pute ! rigola le dénommé Steve avec un sourire pervers. C'est toi qui a la caméra, Fred ?

L'autre homme au visage inquiétant et au crâne rasé s'approcha avec son appareil photo.

Noah frémit ; il avait encore les idées assez claires pour penser au fait que si pareilles photos venaient à être diffusées, il pourrait dire adieu à son métier de professeur ! Pour lui, c'était tout à fait impensable !

— Non ! réussit-il à gémir dans un vain essai pour empêcher ses ravisseurs de mettre leur plan à exécution.

Fred se contenta de rigoler moqueusement et le flash de la caméra s'abattit sur Noah, dont les larmes commençaient à s'accumuler dans le coin de ses yeux. Il se sentait totalement impuissant.

— Dis, tu crois que Monster appréciera ces photos ?

— On devrait se dépêcher de lui envoyer !

Fred jeta un regard au captif :

— J'espère pour toi que Monster tient à toi, sinon tu vas le payer de ta peau.

Noah fut incapable de s'empêcher de trembler.

— En attendant, nous pourrions peut-être jouer un peu avec lui ? proposa Steve en passant sa langue sur ses lèvres gercées.

Il attrapa un des tétons de Noah et le serra entre ses doigts, lui arrachant un gémissement de douleur.

— Tellement réactif...

Au même moment, ils entendirent du bruit qui les firent se figer sur place. Puis, la seconde suivante, la porte de l'entrepôt fut défoncée dans un coup de pied rageur, tombant lourdement dans la poussière.

— Quoi ? émit Fred, surpris. Comment... ?

— Monster ! s'exclama Steve en serrant les dents.

Le biker se tenait dans l'encadrement de la porte, une arme à feu dans la main et une lueur meurtrière dans le regard. Il s'avança dans la pièce, menaçant.

— Les Gun'n'roses n'ont pas appris depuis la dernière fois que les Skull's head leur ont défoncé la gueule ?! Votre place est dans les putains d'égouts, alors n'essayez plus de nous voler du territoire, compris ?

Fred tâtonna la poche de sa veste et sortit son 11mm, pointant Monster avec aussitôt.

— Je ne sais pas comment tu nous as trouvé, Monster, mais tu vas perdre le jeu aujourd'hui, dit-il en détournant son arme sur Noah, menaçant de lui faire sauter la cervelle. Approche-toi encore et je lui tire dans le crâne !

Monster serra les dents, mais loin de se laisser intimider, il enfonça la gâchette de son arme et tira. La balle alla directement se ficher dans le bras de Fred, le lui arrachant presque et lui faisant lâcher son arme. L'homme poussa un cri de douleur à réveiller les morts et s'effondra par terre.

La joue de Noah fut éclaboussée de sang.

— Tu veux qu'il t'arrive la même chose, Steve ?

L'homme secoua vivement la tête, les yeux encore écarquillés après avoir vu ce qui était arrivé à son camarade.

— Non !

— Alors, dit à ton chef qu'il ferait mieux de me prêter allégeance sous peu ou qu'il se pourrait bien que je tue chaque membre de son gang rien que pour mon plaisir personnel.

Monster lui arracha l'appareil photo des mains, retira la carte SD qu'il mis dans sa poche, puis écrasa la caméra sous son pied en la jetant violemment contre le sol de béton. Il détacha Noah qui était encore plus ou moins dans les vapes et le souleva dans ses bras.

— Allez, on y va.

MonsterOù les histoires vivent. Découvrez maintenant