Dix-neuvième virage

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Dix-neuvième virage.

Noah pinça les lèvres en se redressant dans le lit et en soulevant les draps : son corps était couvert de suçons et ses hanches l'étiraient encore. Hier, le sexe avait vraiment été chaud... Il gémit en s'étirant, réveillant Monster au passage.

Le motard ouvrit les yeux et grogna. Il roula sur le côté pour échapper à la lumière que projetaient les rayons du soleil dans ses yeux.

— Déjà le matin ?

Le professeur hocha la tête.

— Tu dois me ramener à la maison, n'oublie pas : tu as promis.

— J'ai été con de faire cette promesse.

Après la nuit qu'ils avaient eue, Monster n'avait aucune envie de laisser repartir Noah... Pourtant, il avait beau être un salopard, il devait respecter sa parole. Même si ça le faisait chier. Parce qu'il aurait été facile de retenir – de gré ou de force – le jeune homme ici.

— Tu viens de te traiter de con ? releva Noah en souriant, comme s'il n'y croyait pas. Est-ce que je peux avoir cette phrase signée sur un bout de papier et officialisée par un notaire ?

Habituellement, Monster était tellement arrogant et narcissique, après tout ! Noah pouvait bien se moquer un peu de lui quand il en avait la chance !

Le biker grimaça.

— La ferme.

Le sourire de Noah s'étira : il adorait avoir le dessus sur Monster.

— Alors, on part quand ?

— Je préviens mon sergent d'armes et je prépare la moto, répondit-il à contrecœur.

Le sergent d'arme désignait la position de Ghost au sein de son club. C'était le terme « correct », celui que la police ou les historiens passionnés pourraient utiliser entre eux, mais Monster préférait utiliser simplement « lieutenant ». Car même si officiellement Ghost était chargé des armes et de la sécurité, il était avant tout son bras droit.

— Je prends une douche et je m'habille.

— Tu as pris une douche hier, juste après le sexe, lui rappela Monster, ensuite, nous n'avons fait que dormir, tu n'es pas sale !

— Je préfère prendre une douche le matin. La plupart des gens suent durant leur sommeil.

— Je suis un Dieu, je ne sue pas, répliqua le motard avec suffisance.

Noah se contenta de rouler les yeux. Il se débattit avec les draps pour sortir du lit et récupérer ses vêtements qu'il avait sagement plié sur la commode hier soir – lui et son obsession de la propreté – et les revêtit à la vitesse de l'éclair, sautillant sur ses pieds. Tout ça sous le regard nonchalant de Monster qui n'avait pas bougé d'un iota.

— Est-ce que tu viens de t'habiller pour aller sous la douche ensuite ?

— Il n'était pas question que je me pavane nu comme un paon pour toi ! rétorqua-t-il.

Monster avait déjà eu suffisamment de possibilités de reluquer son cul hier soir. Sans jeter un regard derrière lui, il s'enferma dans la salle de bain. Sous la douche, il se lava tellement qu'il eut l'impression de s'arracher la peau des os.

Quand il éteignit le jet, il se rhabilla dans la vapeur, puis rejoignit la chambre. Monster avait fini par se lever. Il avait enfilé un vieux jean et un T-shirt sous sa veste en cuir brodé de l'écusson du club.

— Tu es prêt, Raiponce ?

Noah manqua de s'étouffer.

— Comment m'as-tu appelé ?

— Il n'y a que les filles – et les princesses de surcroît – pour rester autant de temps dans une salle de bain.

Le professeur fronça les sourcils.

— C'est normal de vouloir se sentir propre, non ?

Monster leva un sourcil.

— Six fois par jour ?

— Tu as vu la longueur de mes cheveux ? C'est normal que je prenne du temps sous la douche !

Le biker hocha la tête.

— C'est ce que j'ai dit, Raiponce.

Le blond le fusilla du regard.

— Très bien, tu as gagné, concéda-t-il à contrecœur, mais si tu m'appelles comme ça devant tes amis ou qu'ils apprennent d'une façon ou d'une autre que tu m'as appelé comme ça, considère-toi comme un homme mort. Ce n'est pas parce que je porte mes cheveux longs que je n'ai pas de testostérone !

Si les amis machos de Monster apprenaient ça, il n'en avait pas fini d'en entendre parler ! Il n'avait aucune envie qu'ils se mettent tous à le surnommer Raiponce ! Ce serait humiliant, puis il était un homme, bon sang ! Déjà que les gars du gang se moquaient déjà bien assez de lui en s'intéressant d'un peu trop près à sa vie sexuelle avec leur boss... Il n'avait pas besoin d'un surnom ridicule en plus !

— Compris, répliqua Monster en souriant un peu trop pour être sérieux.

Noah réprima de peu son envie de le frapper. S'il le faisait, il avait peur que l'homme ne le ramène pas chez-lui. Il possédait encore un brin de lucidité. Il s'occuperait du sens de l'humour douteux des copains du motard plus tard.

— Contente-toi de démarrer la moto.

La Harley, corrigea-t-il.

Monster était-il décidé à le faire sortir de ses gonds ce matin ? Noah décida néanmoins de ravaler sa colère de prendre la direction de la porte de sortie. Le biker le suivit avec un grand sourire moqueur plaqué sur les lèvres.

Ils sortirent dehors où étaient rangées toutes les motos rutilantes. Monster le conduisit à la sienne, l'enfourcha et fit gronder le moteur entre ses cuisses.

— Tu montes en selle ? proposa-t-il en jetant le regard le plus arrogant de toute la Terre à Noah.

Monster était certes un salaud, mais le blond devait bien avouer qu'il était le plus beau qu'il n'avait jamais vu. Assis sur sa Harley Davidson, avec ce sourire rempli d'assurance et ce blouson en cuir, il était bien plus que sexy. C'était la chose la plus virile que Noah n'aurait jamais sous les yeux. Il déglutit, puis accepta finalement de grimper derrière son prétentieux Apollon. Il passa ses bras autour de sa taille et laissa le tatoué l'amener sur les routes.

Depuis quand les autoroutes étaient-elles devenues sexy ? Il n'en avait aucune idée, mais ça lui parut soudainement incroyablement érotique. Sûrement était-ce les relents du sexe incroyable qu'il avait eu hier ou alors c'était ses cuisses pressées contre celles musclées du motard. Et depuis quand s'intéressait-il aux connards qui finissaient toujours par lui briser le cœur à un moment ou à un autre ?

Il commençait à dangereusement fantasmer pour Monster et ça l'inquiétait d'autant plus...

MonsterOù les histoires vivent. Découvrez maintenant