Quatorzième virage

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Quatorzième virage.

En remontant de la cave, Noah n'avait qu'une idée en tête : se laver.

— Je dois prendre une douche, je dois absolument prendre une douche, je dois..., répéta-t-il sans arrêt à chacune des marches qu'il gravissait.

Il avait peur d'avoir été en contact avec du sang en bas. Sa mysophobie revenait à la charge et il se sentait plus sale que jamais !

— Je dois aller parler à Ghost et tu ne peux pas venir avec moi, alors laisse-moi te raccompagner à mes appartements et tu pourras prendre une douche pendant ce temps-là, proposa Monster sur un ton dans lequel perçaient encore quelques traces de colère.

Monster aimait le jeu, mais un peu moins le perdre. Noah se laissa conduire sans trop de difficulté, obsédé qu'il était par l'idée de se laver après avoir été en contact avec autant de substances néfastes.

Une fois dans la chambre du biker, le professeur disparut en un coup de vent s'enfermer dans la salle de bain. Il se débarrassa de ses vêtements comme s'ils avaient été infectés et sauta dans la douche.

Un sourire moqueur sur les lèvres, Monster le suivit des yeux, peinant à retenir son rire.

— Je reviens toute à l'heure, cria-t-il assez fort pour se faire entendre malgré le jet de la douche.

Il quitta la chambre, sourcils froncés, sans oublier de verrouiller la porte derrière lui. Les révélations de Derren ne lui avait pas plût, pas du tout. Et ils devaient rapidement agir pour contrer la prochaine attaque que les Gun'n'rose projetaient !

***

Monster avait rejoint Ghost dans un petit salon.

— On ne peut pas rester à ne rien faire ! martela le tatoué.

— Il faut prévoir un raid avant qu'ils ne le fassent. Dans deux jours, grand maximum, assura le lieutenant.

Le chef des Skull's head se mordit la lèvre, préoccupé.

— Je ne sais pas...

— Au contraire, tu sais très bien. Ne laisse pas ton petit professeur t'embrouillé l'esprit : tu sais qu'on doit mener une attaque. La manière douce ne fonctionne jamais. Tu as la date de leur attaque, l'heure, l'adresse de leur base... un otage. On a tout, c'est sur un plateau d'argent, on ne peut pas passer à côté. Agis comme le chef que tu es, Monster.

Ghost avait toujours eu les mots pour le secouer et lui faire reprendre ses esprits. Monster savait qu'il pouvait toujours compter sur lui. Son second avait raison. Une telle occasion ne se représenterait plus.

***

Essorant sa longue chevelure après être sorti de la douche, Noah prit de grandes respirations. Il se rhabilla, songeant qu'il se sentait bien mieux maintenant. Il était heureux d'avoir lavé son corps, il ne se sentait plus aussi sale. Il était soulagé.

Toute à l'heure, il avait un peu paniqué... Il ne pouvait pas s'empêcher de penser que Monster avait dû le trouver ridicule ! Soupirant, il se rhabilla et décida de laisser sécher ses cheveux à l'air libre sans les attacher.

Décidé à aller rejoindre le motard, il se dirigea vers la porte, mais au moment de tourner la poignée, son visage se déconfit. Il réessaya une autre fois pour voir. Mais toujours rien. Une colère sans nom l'envahit à nouveau d'un seul coup : ce putain de biker avait encore une fois verrouillé la porte de la chambre, l'enfermant !

Noah poussa un hurlement furieux.

— Espèce de salaud ! s'exclama-t-il en frappant la porte pour évacuer sa frustration.

Néanmoins, il se fatigua rapidement de taper dans le bois et se contenta de marcher en cercle dans la chambre sans s'arrêter de vociférer. Monster le faisait royalement chier ! Ce dont ils avaient discuté plus tôt ne semblait plus avoir aucune importance ! Le biker n'en faisait qu'à sa tête et ça le mettait en rogne !

Il cria un bon coup pour se défouler, puis épuisé sa grosse journée, décida de se laisser tomber sur le lit. Sans même se déshabiller ou trouver la force de se blottir sous les couvertures, il ferma les yeux et s'endormit.

***

Monster revint un peu plus tard dans sa chambre pour retrouver Noah couché dans le lit. Un mince sourire étira ses lèvres moqueuses. Ce n'était pas la première fois qu'il voyait l'androgyne dormir, mais il devait s'avouer que le jeune homme était tout particulièrement mignon.

Il passa ses doigts dans la longue chevelure pâle du professeur, soupirant. Il se demandait pourquoi les choses ne pouvaient pas être simples entre-eux. Il n'était pas con : il savait qu'il agissait en connard avec Noah. Mais il était incapable de faire autrement. Il devait bien parvenir à se faire respecter, après tout ! Il était chef d'un groupe de biker, il n'était pas question de devenir guimauve !

Se redressant, il ôta son T-shirt en poussant un grognement. Après une aussi longue journée, lui aussi était épuisé.

***

Quand Noah se réveilla, les rayons du soleil chatouillant ses yeux, il eut un choc. Il était nu, blotti contre le torse de Monster sous les couvertures. Le bras de l'homme lui entouraient la taille et il n'y avait pas moyen qu'il puisse s'échapper !

Il se retint de justesse de pousser un cri strident. Il essaya de pousser sur le biceps de Monster pour lui faire lâcher prise, mais la prise du biker était solide. Au bout d'un moment, il abandonna et arrêta de bouger.

Noah dû être patient. Ce ne fut qu'une trentaine de minutes plus tard que le motard émergea des vapes du sommeil. Aussitôt qu'il ouvrit les yeux, Noah en profita pour retenter de se dégager, mais Monster se montra intraitable. Le professeur remarqua à peine le sourire à la fois moqueur et amusé qui était apparu sur les lèvres de l'homme.

— Lâche-moi ! s'écria-t-il.

— Bon matin, lui répondit le tatoué en l'ignorant totalement au grand désarroi de l'enseignant.

— Je t'ai dit de me lâcher, espèce de... ! Je suis certain que tu as profité de moi pendant mon sommeil !

— Pourquoi ? Es-tu pressé d'aller faire quelque chose en particulier ? demanda calmement son interlocuteur en haussant un sourcil.

— Tu m'as déshabillé ! s'exclama Noah, furieux.

— Tu n'allais tout de même pas dormir avec ta chemise – elle aurait été froissée – et ton pantalon.

Le professeur serra les poings.

— Tu aurais pu me laisser mon sous-vêtement !

Monster soupira et se pinça l'arête du nez, comme tout particulièrement exaspéré.

— Pourquoi est-ce que tu es si pudique de si bon matin ? Ce n'est pas comme si c'était la première fois que je te voyais nu...

— Ce n'est pas ça le problème !

— Alors, qu'est-ce que c'est ?

— C'est que tu sois nu toi aussi et que je n'ai aucune idée de ce que tu as pu faire !

Monster rigola, se moquant ouvertement. Irrité, Noah le frappa, ce qui eut pour effet qu'il eut un court laps de temps pour finalement échapper à l'emprise du motard et sortir du lit.

— Ça va, je les aime fougueux..., dit Monster en se frottant la joue.

Le motard se redressa dans le lit et s'étira.

— D'ailleurs, rajouta-t-il, tiens-toi près, car nous allons régler leur compte aux Gun'n'rose aujourd'hui et je ne peux pas te laisser tout seul ici.      

MonsterOù les histoires vivent. Découvrez maintenant