Ce que je déteste que l'on dise de moi, c'est que je suis banale. Je ne suis pas banale. Je suis une fille avec ses différences, ce qui me rend unique. Tout le monde a beau le dire à chacune des moindres occasions, il faut toujours le répéter car personne ne comprend ! Personne ne se rend vraiment compte de ce que serait un monde où tout le monde serait identique. Ce serait horrible. Je ne voit même pas pourquoi j'appelle ça un monde. Il nous manquerait des sentiments qui font de nous des êtres humains. La jalousie ou la fierté, par exemple. C'est pour ça que ce que j'aime le plus chez moi, c'est ma différence. Bien sûr, j'aime mes qualités, mais aussi mes défauts. Oui je suis un peu naïve, et alors ? Vous n'êtes pas un peu brouillon, trop dynamique ou maladroit ?
C'est pour ça que j'arrive à voir la vie du bon côté.
Des fois, il m'arrive des choses vraiment étranges, où je ne sais plus ce qu'il se passe. À ces moments là, je n'arrive pas à expliquer comme j'ai pu faire telle ou telle chose, comment elle a pu se passer. Quand ces «blancs» arrivent, quand je pense que je suis bizarre, je me dis que c'est tant mieux. Imaginer que l'on soit tous des clones d'une personne est horrible. Encore plus si c'est Myriam !
Je bois mon jus d'orange et mets le verre dans l'évier. Je remonte les escaliers jusqu'à arriver dans ma chambre. Là je m'installe sur mon lit et chante quelques notes.
« A... E... I... O... U... Y... na na naaa... na na eu naaa... »
Je chante de plus en plus fort, de plus en plus aiguë. J'enchaîne ces notes pendant 10 minutes, puis je me lève et prend une partition sur mon bureau. Je descends un étage et entre dans la troisième porte à gauche, Niels est déjà arrivé. Sa spécialité, c'est la guitare. Souvent on se retrouve dans cette salle et on s'accorde. Mon petit frère Simon vient aussi, des fois, et joue du piano ou du violon, mais aujourd'hui nous sommes seuls.
Niels se lève et s'approche de moi. Il me fait la bise et repart s'asseoir. Mon deuxième oncle a trente-six ans. Il est très beau, souriant, musclé et « frais », il porte une barbe et des cheveux blonds et frisés.
Quand il est bien installé, il me fait signe que je peux y aller. Je termine de poser mes paroles sur un pupitre. Je me concentre. Puis je commencer à chanter.
C'est d'abord un murmure qui sort à peine de mes lèvres. Au fur et à mesure que la chanson devient plus rapide, je commence à les ouvrir et à chanter plus fort. Je ferme les yeux.
Je suis à présent dans la musique, je fais partie d'elle. Je chante de plus en plus haut, me prenant au jeu. Ma voix vire vers l'aiguë, pour devenir un son «fort appréciable» ! Je me sens bien et ne veux plus m'arrêter de chanter. J'ai l'impression de flotter dans un monde de lumière. Ma voix s'amplifie encore plus et résonne contre les murs de la pièce. Elle a l'air descendu du ciel, on dirais la voix des anges. Le rythme est moins effréné, la guitare ralentit. Je ralentit avec elle. Ma voix ressemble aux gazouillis d'un oiseau, puis redevient un murmure.
Il y a une phrase que je trouve très juste est qui dit «la voix humaine est un cadeau de Dieu, c'est notre part de divin». Tout le monde est un grand chanteur, si il le veut. Je ne me vante pas en disant que ma voix ressemble à celle des anges, toutes les voix ressemblent à celles des anges.
Niels s'arrête de jouer. Il pose sa guitare sur un fauteuil. Nous restons quelques minutes sans nous parler. J'essaye de reprendre ma respiration après cette chanson. Au bout de quelques secondes, nous nous autorisons un sourire.
« Tu as bien progressé, tu sais, et, comme ce sont les vacances, on pourra plus s'entraîner., me dit mon oncle.
-Avec plaisir ! En tous cas, toi, tu es toujours un excellent guitariste, bien sûr !»
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HAGEL - Sacha Sqy
ÜbernatürlichesTrois filles. Trois destins. Et une prophétie, un lien, qui les unira par de-là la mort, par de-là les âges et leurs vies, qui réunis malgré tout, envers toutes les forces. Elles ne s'étaient jamais vues, mais leurs passé et leurs âmes parlent pour...