Chapitre X

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17 avril

«Bonne nuit !»

Une douzaine de «Bonne nuit Sacha !» me répondent. Je suis épuisée, alors je monte en vitesse me coucher. Mais cette nuit, je n'aurais pas vraiment le temps de dormir.

Je suis réveillée vers une heure du matin par un cri à peine audible, ce qui jusque là n'a rien de surprenant, peut-être que quelqu'un a vu une souris ou quelque chose comme ça, si ce n'est qu'il est suivi d'un bruit de tissu qu'on frotte en faisant un geste rapide et de pas feutrés qui descendent l'escalier, accompagnés de ricanements. Qu'est-ce qui se passe ? J'échange silencieusement mon pyjama avec un ensemble noir que je garde depuis que je sais que j'ai des pouvoirs et des chaussettes et descends dans la chambre de mes parents. Je leurs explique ce que j'ai entendu et leur visages deviennent instantanément blancs. Ils me disent de prévenir Régit, Anne et Stéphane tout de suite et de les rejoindre ici. C'est ce que je fais, le cœur battant à tout rompre. Qu'est-ce qui se passe ? Pour la première fois depuis longtemps, le noir me fait peur.

Je descends les marches, trois silhouettes sur les talons. Nous nous rapprochons de mes parents qui nous font signe qu'ils ont entendus du bruit dans le salon. Serais-ce des cambrioleurs ? Je ne pense pas, sinon mes parents aurait appelé la police et n'aurait pas fait tout ce manège. Mais qu'est-ce que c'est alors ? J'ai peur de la réponse.

Nous descendons le plus silencieusement possible les escaliers jusqu'au salon, Régit passe la tête dans le cadre de la porte et le ressort aussitôt, le visage livide. Il nous mime Simon, puis des kidnappeurs, trois hommes avec l'œil rouge, comme celui que j'ai vu. Les larmes me viennent au yeux. Simon ! Je les déteste plus que tout au monde ! Simon, mon petit frère adoré, trimballé dans un sac à patates par des kidnappeurs à l'œil rouge, comme cet abruti qui m'a embrassée ! Décidément, si ils sont plusieurs on ne va pas s'en sortir ! La tristesse fait vite place à la haine, puis à la détermination. Anne propose qu'on les attaque de front, pendant que l'un d'entre nous récupère Simon pendant le combat et le ramène là-haut. Ma tante se propose pour cette tâche. Je m'y oppose, je veux le faire, de tout façon, je ne peut servir à rien d'autre et je veux à tout prix aider. Je leur fait comprendre que je suis plus petite et donc plus discrète. Mes parents ne sont pas d'accord mais Stéphane leur dit que c'est Simon qui est en jeu, leur fils. Ils acceptent finalement. Après quelque minutes de langage des signes dans le noir, il faut passer à l'action. Les battements de mon cœur redouble de vitesse et je pense à Simon pour me retenir de crier. Mon père fait un compte à rebours... 3... 2... 1... 0 !

Les cinq adultes surgissent dans le salon et lancent des sortilèges en même temps, le salle est pleine de couleurs qui l'illumine momentanément.

Les traqueurs évitent de justesse les jets et tentent de riposter en lançant des objets. Quand un des deux lance un géranium sur Anne, ma mère se met dans un tel état de rage qu'elle le touche à l'épaule et au genoux (ma mère est botaniste et le fait de dire «arracher les feuilles d'une plantes» suffit à lui donner des sueurs froides).

Pendant que le combat fait rage, je rase les murs le plus discrètement possible, prenant au passage une casserole. Je n'entends qu'à peine les bruits autour de moi, les battements de mon cœur et une espèce de brouillard m'occupant l'esprit. J'arrive en tremblant à deux mètres de Simon, m'approche encore un peu, tends les bras et... Je vois à peine le coup de coude que l'homme veut me donner dans la tête, mais je ne sais par quel miracle, mes réflexes sûrement, je me décale et l'homme perds par conséquent l'équilibre, j'en profite pour lui asséner un coup de casserole. Il fait une grimace puis tombe comme un chiffon sur le sol. Je prends dans mes bras le paquet de tissu où est enfermé Simon, sort et monte en courant jusqu'à la chambre de Marguerite où je m'affale sur le lit en pleurant.

HAGEL - Sacha SqyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant