Départ

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19 mars, 13h17.

Je suis dans l'entrée, avec Frank et presque toute la famille pour nous dire au revoir. Je fais la bise à tout le monde, resserre mon manteau et agrippe fermement ma valise. Maintenant, je suis parfaitement prête ! Mon oncle et moi faisons un dernier signe de la main depuis le perron, puis nous avançons avec allégresse dans les rues encore un peu froides, même si mars est déjà bien entamé. C'est comme si la France voulait nous préparer au froid autrichien ! Je dépose ma valise dans le coffre de la voiture de Frank et monte à l'avant. Tandis que je m'attache, il me rejoint et me dit :

«Alors, prête pour partir à l'aventure !, me lance-t-il avec un grand sourire d'enfant qui apprend que les grandes vacances ont été avancées.

-Prête, chef ! En avant toutes ! Cap à l'Est, moussaillon !»

Nous rions et Frank fait démarrer le moteur avec une formidable pétarade ! J'ouvre un peu la fenêtre tandis que nous quittons la colline sur laquelle est perchée la ville, et glisse ma tête dehors. Mes cheveux roux volent dans tous le sens, m'embrouillant la vue. Ils claquent au vent et j'inspire un bon coup.

«Je suis prête à tout faire. Rien ne peut m'arrêter, pas même le désespoir. Toujours, toujours, je serai heureuse, quoi qu'il m'en coûte. J'en fais le serment.»

Je rentre la tête dans la voiture, souris de toutes mes dents à Frank et hurle :

«Yaaaaaaaaaaaahooooooooooooooooooooooooooooooouuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuu !!!! ON PARS EN AUTRICHE !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!»

Tout en dansant, je ferme la fenêtre et mon oncle reprends :

«On pars en Autriiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiche !!!!!!!!!!!!!!! En Autricheeeeeeeeeeeeeeeeeeeuuuuuuuu !!!!!»

La voiture s'éloigne doucement des collines boisées et rejoint l'autoroute. On peut entendre d'ici des brides de chansons traverser les vitres du véhicule. Une forme rousse bouge dans tout les sens, à la place passager. La voiture suit la ligne droite de l'autoroute, puis elle la quitte à la sortie de Toulouse et se gare devant l'aéroport. Deux silhouettes en sortent, dont celle rousse de toute à l'heure. Elles courent vers le bâtiment, et sont englouties par les portes tournantes. Une heure et demie plus tard, un avion à destination de Vienne s'envole.

Je descends les marches de l'escalier en fer adossé contre l'avion et tire tant bien que mal ma valise à l'écart pour attendre Frank qui a laissé passé devant lui un couple de personne âgées. Quand il arrive, nous roulons de bon pas vers l'aéroport. Nous y arrivons et nous devons encore prendre une navette pour faire le tour du bâtiment. Finalement, nous pouvons arriver à l'endroit où sont garés les bus et les taxis viennois. Mon oncle me dit :

«J'ai un budget de 250 euros pour tenir trois jours, je pense que l'on peut prendre un taxi ! Et puis, nous sommes trèèèès fatigués après ce vol !», ajoute-t-il en souriant et avec un clin d'oeil.

Je fais semblant de bailler et de m'étirer.

«Je crois en effet que je ne tiendrais pas plus longtemps debout !»

Nous nous engouffrons donc dans un taxi et Frank parle au conducteur en allemand et lui tend un papier où est inscrit l'adresse de l'appartement que nous avons loué. Je me laisse porter par les cahots du véhicule contre les pavés, quand notre entrons dans la vieille ville. Bientôt, nous descendons et je me retrouve devant une petite ruelle sinueuse, toute en pierre, avec un magasin entièrement en bois rouge sur un côté. Je voudrais rester encore l'admirer, mais Frank me prends le bras et m'entraîne.

«Si j'ai bien compris, c'est tout au bout de la rue.»

En effet, nous arrivons devant un mur, c'est une impasse, et à droite, il y a une porte d'immeuble ancienne avec le numéro 56 gravé sur une plaquette de fer et accroché au-dessus. Nous entrons dans l'immeuble et je me sens tout de suite extrêmement bien dans cet endroit. On dirais qu'il a appartenu à un médecin car il y a une plaque à l'entrée avec les étages et le cinquième était utilisé comme cabinet médical. Ce docteur devait être riche, ou au moins aisé, car tout l'immeuble lui appartenait ! Mon oncle remarque :

HAGEL - Sacha SqyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant