Chapitre XI

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Aujourd'hui j'ai envie de faire une petite balade, nous sommes fin avril et le printemps est déjà bien là. J'ai décidé de me promener en partie dans la forêt qui est tout prés de Monreulant. Il y a du vent, ce que j'aime beaucoup, et j'ai pris un gros manteau et un cache-nez, je n'ai donc rien à craindre du froid. Je demande la permission à mes parents, qui m'est accordée, et je sors dehors. Les rayons du soleil commencent à percer, nous sommes en début d'après-midi. Je descends calmement le chemin vers la forêt, vague dans les bois, ramasse un peu de mousse que je trouve belle, et redescends sur la route goudronnée. Je décide de remonter par le haut et de m'arrêter au passage au donjon, juste à côté de là où Théo et moi nous sommes embrassés... J'avais un peu besoin de m'aérer, après être restée enfermée si longtemps dans la maison !

Quand je m'approche du donjon, j'entends des voix, mais je ne m'arrête pas pour autant. La ville est à tout le monde, non ? Mais en arrivant, je me dis que j'aurais peut-être mieux fait de ne pas venir. Pour deux raisons, la première : ce n'est pas une chouette scène, et la seconde : je sens que je ne pourrais pas me contrôler et je vais encore le regretter. Un groupe de garçons s'est formé autour d'une fille que je connais, parce qu'elle est dans mon ancien lycée.

Les garçons resserrent le cercle autour d'elle pour qu'elle ne puisse pas s'échapper. Ils la poussent et se moquent d'elle. Ma colère grandit aussitôt, sans que je puisse rien faire pour l'arrêter. Elle explose le thermomètre et je m'avance à pas de loup derrière un des garçons. Je croise les bras et me campe sur mes jambes en une attitude menaçante puis dis d'une voix forte :

«J'ai rarement vu plus lâche comme attitude.»

Le garçon devant moi se retourne en sursautant. Il me regarde avec mépris et ses amis en font autant.

«Qu'est ce que tu veux ? On t'a rien demandé, que j'sache ?, dit un des garçons.

-Non, en effet, c'est une petite initiative personnelle. Et ce que je veux, c'est que vous la laissiez tranquille.

-Ha ha ha ! Et pourquoi on l'frait ?

-Parce que, comme je vous l'ai dis tout à l'heure, c'est on ne peux plus lâche.

-On t'as pas causé, t'occupes ! Tu veux te battre ou quoi ?, ajoute-il avec dédain.

-Eh bien, s'il n'y a pas d'autres solutions, pourquoi pas ?»

Le garçon me regarde en haussant les sourcils et ricanant, puis dit à un de ses amis, un petit nerveux assez costaud :

«Vas-y, toi ! C'est ok. Si tu gagnes, petit rire, On la laisse tranquille et si tu perds, tu te casses.

-Ça me va.»

J'enlève mon manteau, le plie et le pose sur le côté. Les garçons me regardent du coin de l'œil, mais ils ont recommencés à s'intéresser à la fille. Le petit nerveux s'approche de moi prudemment, un sourire en coin. Il essaye de me donner un coup de poing, mais je l'évite. Il en donne un autre, mais toujours dans le vide. Agacé, il finit par me prendre la jambe pour me faire tomber au sol. Aussitôt qu'il l'empoigne, je lui donne un coup de pied, qui l'atteint aux côtes. Il me lâche aussitôt et articule péniblement :

«Salope !...»

Alors là, tu l'auras voulus ! Je n'ai pas l'intention de me laisser traiter de salope par un grand âne comme toi ! Non mais pour qui tu te prends ? C'est toi qui agit mal et c'est moi qui suis en faute ? Désolé, mais tu es allé trop loin... Ma colère monte comme toute à l'heure et prend le dessus sur tous mes autres sentiments.

Je m'approche de lui, les bras légèrement écartés. Il s'est redressé et me fixe. Il approche en souriant méchamment, sûr de lui.

«Un peu trop.»

Je plaque ses bras derrière son dos et les arrange calmement dans la position la plus intenable possible. Je le retourne pour avoir son dos devant moi et enfonce mon genoux dans le bas de sa colonne. Pour finir, je le prends par le coude et le retourne au sol, derrière moi, dans une magnifique prise de karaté que je n'étais pas au courant de savoir faire. Je le cale en enfonçant bien mon pied dans sa colonne vertébrale et lui murmure :

«La prochaine fois, tu seras plus gentil...»

Il me regarde avec des yeux de poisson frit et une expression haineuse et désespérée peut s'y lire. Je soulève mon pied et il s'empresse de rejoindre le groupe, tout en gardant un œil sur moi. J'éprouve comme de la joie et de la satisfaction. Les autres garçons me regardent aussi avec des yeux ronds. Au bout de plusieurs minutes d'hébétement, le «chef» se reprend et me dit, angoissé :

«C'est bon, on la laisse tranquille.»

Et, tout en continuant de me fixer, il s'éloigne de la fille. Je leur souris, reprends mon manteau et quitte l'endroit. La fille me rattrape un peu plus bas.

«Merci.

-De rien.

-C'était vraiment sympa.»

Je lui souris et nous continuons à marcher jusqu'à ce qu'elle tourne au coin d'une rue.

«Au revoir.

-Au revoir.»

Je descends encore un peu puis arrive chez moi. Peut-être est-ce le fait de se retrouver dans un lieu familier, ou avec des personnes proches, mais je prends soudain conscience de ce que j'ai fait. Le regard un peu flou, j'enlève mon manteau et mon cache-nez, que je pose sur une patère du porte-manteau.

Dans le salon, je trouve Régit en train de lire le journal. J'attends discrètement qu'il est fini sa page et lui demande :

«Tonton, est-ce que je peux te parler, s'il te plaît ?

-Bien sûr Sacha !»

Il se lève et nous allons à la cuisine, passant le rang de buffets qui symbolise la limite entre la cuisine et le salon. Je me mets face à lui et commence, encore un peu étourdie :

«Comme tu le sais peut-être, je suis allée me promener, et en rentrant, je suis passée par le donjon. Il y avait un groupe de garçons qui encerclaient une fille en la poussant. J'ai sentie ma colère monter et je leur ai proposé un défi. Si je battais l'un d'eux, il la laissaient tranquille, et dans le cas contraire, je partais en les laissant tranquilles. Je me suis battue contre l'un d'entre eux et c'est comme s'il y avait quelqu'un d'autre à l'intérieur de moi, je ne contrôlais plus rien et j'ai fait des choses que je n'aurais pas même essayées en temps normal. Je ne me dirigeais plus. Est-ce que tu peux m'expliquer ce qui c'est passé ? Bien sûr, je t'ai dit les grandes lignes de l'histoire, si tu veux des précisions...

-Merci Sacha, mais je crois que j'ai compris. Quand tu as atteint le degrés, mais que tu n'a pas encore commencé les cours, il se peut que tu ais, dans certaines circonstances extrêmes, des moments où ta magie te «guide» et te contrôles. La magie à le dessus. Mais cela n'arrive que très rarement, et à très peu de personnes. Dés que l'on commence à étudier, on ne peut plus avoir ses «excès de magie». En parlant de commencer à étudier, je ne t'ai pas dit, mais dés que tes études commencent, tu peux voir les animaux magiques, de petites créatures étranges. Je ne te l'ai pas non plus dit, mais tous les animaux des «sans-pouvoirs» ont la même taille dans le monde des magiciens, la taille d'un tigre ! Mais les souris et ce genres d'animaux sont très très rares. Les animaux magiques sont l'autre catégorie de notre faune.

-C'est trop cool ! J'ai trop hâte de commencer les études ! Enfin, depuis le début j'ai hâte, mais maintenant encore plus !»

Régit rit et repasse de l'autre côté des buffets. Je n'ai maintenant plus aucune inquiétude à me faire au sujet de ce combat, ça n'arrivera plus ! Je finit la journée avec le cœur léger, en lisant dans le jardin, entre les touffes d'herbes qui poussent entre les pavés. Depuis qu'il fait meilleur, je commence à m'y aventurer et j'en profite, avant de partir à l'Académie et de ne plus pouvoir le faire. Je relève la tête vers le ciel, les yeux fermés pour sentir les derniers rayons du soleil me caresser le visage.

HAGEL - Sacha SqyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant