Une semaine était passée depuis la venue de Nath chez moi. Rien n'avait changé, on était toujours aussi proche. Il adorait me raconter son avis sur les livres que je lui avais prêté. On pouvait en parler des heures. On écoutait l'avis de l'autre sans juger. On se respectait tant. Il était revenu à la maison ce samedi. Il disait vouloir passer le week-end ensemble alors je lui avais proposé de revenir chez moi. On avait passé la journée dans les livres et à faire du piano. J'avais l'impression qu'il pouvait m'écouter des heures sans s'en lasser. Il avait d'ailleurs eu l'occasion de rencontrer mon père. Ils avaient parlé de livre, ce qui ne m'étonnait pas. On était vraiment des rats de bibliothèques, mais ça ne me dérangeait pas.
Aujourd'hui fut lundi. Plus ça allait et plus il faisait froid. On était à quelques jours de décembre. Même si j'étais habituée, le chemin menant à l'école était assez long pour frissonner. Je décidai donc de mettre mon uniforme japonais. Il me tiendrait chaud. Je mis des collants blancs pour rappeler l'hiver et je mettrais mes bottines brunes. Et pour ma tête, mon fameux bonnet beige en laine. Je descendis prendre mon petit déjeuner mais je ne vis pas ma mère.
-Maman ? l'appelai-je.
-Oh Miyuki, tu tombes bien ! me cria-t-elle. Viens au salon !
Je m'y rendis, perplexe. J'aperçus ma mère devant la fenêtre, toute contente.
-Que se passe-t-il ?
-Il y a ton "ami" qui attend devant chez nous.
-Mon ami ? Nathaniel ?! demandai-je, surprise, mais ravie.
Je m'approchai et le vis, emmitouflé dans son manteau, à attendre en face de la maison, de l'autre côté de la route, sous un lampadaire éclairé. Il se frottait les bras, soufflant de la bué.
-Mais qu'est-ce que..., commençai-je. Pourquoi il ne vient pas sonner ? Il a froid !
-Il est surement timide, ou alors, il aurait peur de te réveiller.
-Ah..., soupirai-je. Il va un jour tomber malade à me faire ce genre de coup.
Je me dirigeai vers la porte d'entrée et l'ouvris.
-Nath ! l'appelai-je.
Il redressa la tête en m'entendant. Il sourit, heureux.
-Pourquoi tu es là ? Tu vas attraper froid ! Tu aurais dû sonner ! Allez vient, l'invitai-je à entrer.
Il ne se fit pas attendre. Il rentra, enleva ses chaussures tout en me saluant.
-Je ne voulais pas te réveiller, Miyu.
-Peut-être mais si tu tombes malade, ce sera ma faute, soupirai-je. Et puis, à cette heure-là, je suis debout donc tu n'as rien à craindre. Veux-tu boire un chocolat chaud ?
-Je veux bien merci.
-Je n'ai pas encore déjeuné. Tu peux venir t'assoir dans la cuisine. Je te rejoins tout de suite.
Il alla s'installer pendant que je rejoignis ma mère dans la cuisine.
-Il est venu pour t'accompagner à l'école ? me demanda-t-elle.
-Je n'ai pas encore demandé. Je l'ai surtout sermonné pour n'avoir rien dit. Je ne veux pas qu'il attrape froid, répondis-je en préparant le chocolat.
-Aaah, ma fille. Tu aurais dû juste le remercier qu'il soit venu.
-Mais tu me connais, je m'inquiète pour les gens, surtout quand ils font des trucs pour moi.
-Tu t'inquiètes surtout pour lui. Dis-moi Miyuki, commença ma mère pendant qu'elle préparait le riz. Tu ne le vois que comme un ami ?
-Ba oui, pourquoi cette question ?
-Il ne t'attire pas ?
-Euh... Attirer ?
-Oui, tu ne le trouves pas mignon ?
-Si, il l'est, rougis-je. Et alors ?
-Tu passes beaucoup de temps avec lui. C'est juste de l'amitié ?
-Oui maman. Je rêve ou tu veux que ce soit mon copain ?
-Où est le mal ? C'est un garçon gentil, intelligent et attentionné. De plus, vous avez beaucoup de points communs. Vous iriez bien ensemble.
-Maman, je peux très bien m'entendre avec un garçon comme lui sans que ce soit de l'amour. Tu me connais en plus, tu sais bien que je parle à tout le monde.
-Peut-être mais c'est le seul qui vient ici pour le moment.
-Tu as raison, je devrais inviter les autres comme Ken. Il serait ravi. Je le ferais demain tient !
-Donc tu n'es pas amoureuse de Nathaniel ? demanda ma mère, comme déçue.
-Non, je ne suis pas amoureuse de lui. J'ai d'ailleurs l'étrange impression que tout le monde veut que je sois avec lui ou pense que je l'aime. Il y a toi, Melody, et Rosa, soupirai-je en me remémorant la conversation qu'on a eu.
« -Alors donc, tu as préféré essayer Nath que Lysandre ? me demanda Rosa pendant la pause de l'après-midi, mardi dernier.
-Je n'ai rien préféré ! Lysandre, c'était une erreur. De plus, il ne m'aurait jamais vu plus que comme une amie.
-Mais donc tu avoues aimer Nath ? sourit-elle, excitée.
-Non ! Nath, c'est un super ami ! Et à la longue, ça sera surement mon meilleur ami.
-Mais pourquoi tu ne veux pas que ce soit ton petit ami ? demanda-t-elle, déçue.
-Parce que je ne ressens rien pour lui, tout simplement.
-Vraiment ? Il t'apporte aucune émotion ?
-Je n'ai pas dit ça. Je suis heureuse de passer du temps avec lui.
-Juste heureuse ?
-Oui..., soupirai-je.
-Mais vous formeriez un si joli couple. Vous êtes si compatibles !
-Justement, on est parfaitement compatible pour être ami !
-Mais ce serait mieux en couple.
-Rosa, n'insista pas. Je ne l'aime pas comme ça et puis je ne tiens pas à redevenir bébête comme avec Lysandre. Je dois me concentrer sur mes études.
-Arrête de penser qu'à bosser !
-Mais je ne pense pas qu'à ça ! Je pense aux amis, aux loisirs !
-Et à l'amour, c'est pas possible ?
-L'amour, ça prend trop de place. Bref, cessons de parler de ça s'il te plait.
-Très bien, soupira-t-elle. »
Ma mère sourit.
-Ce n'est peut-être pas une coïncidence !
-Mais oui. Bon, son chocolat est prêt. Je le lui amène.
-C'est ça, fuis ma fille, sourit-elle. Mais un jour, tu seras obligée de voir la vérité en face.
-Si tu le dis.
Je sortis de la cuisine pour entrer dans la salle à manger. Nath attendait patiemment. Je lui déposai la boisson chaude en face de lui.
-Tiens, lui souris-je.
-Merci, ça va bien me réchauffer.
-Mais quelle idée d'attendre dehors en même temps ! lançai-je en m'asseyant en face de lui. Pourquoi tu es venu en fait ?
-J'étais trop excité de ce que j'allais te dire pour attendre jusqu'au lycée.
-Ah oui, me dire quoi ?
-Tu sais, la musique de Angel Beats que tu as joué ?
-Oui ?
-Et bien, j'ai décidé de m'intéresser à ton dessin animé...
-Pardon de te couper, mais on dit anime.
-Oh pardon. Je disais, j'ai voulu connaître cet anime pour mieux comprendre les émotions qu'il te donnait, et comprendre le contexte de cette chanson.
-Vraiment ? fis-je, émue. Je n'aurais pas cru que tu irais regarder ça. Ça ne semble pas être ton style.
-Peut-être mais je suis curieux dans la vie donc j'ai voulu regarder. Et j'ai beaucoup aimé ! Bon, il m'a fallu plusieurs jours pour le finir, car entre les devoirs et les livres, ça me laisse peu de temps. Mais ce dimanche, j'ai pu bien me rattraper ! Et j'avoue que sur la fin, j'ai eu la larme à l'œil. Ça m'arrive rarement pourtant ! J'ai trouvé si triste que Kanade ait dû partir. J'aurais préféré qu'elle ne le remercie jamais !
-Moi aussi. Yuzuru doit tellement souffrir à présent. Même si la toute fin laisse présager qu'ils vont peut-être se retrouver.
-Oui mais rien n'est sûr. En tout cas, j'ai beaucoup aimé ! Même si j'ai trouvé pleins d'incohérence.
-Moi aussi, j'ai vu qu'il y avait des erreurs mais j'ai décidé de passer par-dessus. D'ailleurs, tu l'as regardé en quelle langue ?
-En français. Je ne voulais pas me lancer directement avec des sous-titres.
-Tu as raison, c'est mieux pour débuter.
-Mais je voulais aussi regarder l'autre anime dont tu as jouais la musique mardi, mais comme c'était du japonais, je n'ai pas retenu.
-Oh, Natsume Yuujinchou ?
-Oui, c'est ça !
-C'est qu'en japonais par contre.
-Ce n'est pas grave.
-Mais tu es sûr que tu ne te forces pas ? m'inquiétai-je.
Ca me touchait beaucoup qu'il s'y intéressait, mais j'avais peur qu'il faisait ça uniquement pour me faire plaisir.
-Pas du tout, j'ai... envie d'encore mieux connaître ton univers, rougit-il en souriant timidement.
-Mais je te l'ai dit, je n'en regarde pas des centaines non plus.
-Alors je regardai le peu que tu as regardé.
Je me sentis rougir. Il m'étonnait beaucoup par moment. Pourquoi faisait-il tout ça ? Personne ne s'était autant intéressé à mon côté japonais, mais lui, il ne s'arrêtait pas ! Je n'allais bien sûr pas me plaindre.
-Eto... Il est bon ton chocolat ?
-Oh oui, très bon merci !
A ce moment-là, ma mère arriva. Elle apporta de la soupe miso, des bols de riz, et des légumes sautés. Nath écarquilla les yeux, étonné.
-Vous mangez salé le matin ?
-Oui, au Japon, c'est courant, lui répondit ma mère. On a gardé nos habitudes.
-Ça me fait bizarre mais pourquoi pas.
-Tu as faim Nathaniel ? Tu veux manger avec nous ?
-Non ça ira, merci. J'ai déjà déjeuné.
-Ce sera pour une prochaine fois, sourit ma mère.
On mangea dans la bonne humeur, continuant de parler d'anime. Je me sentais très bien à ce moment. J'aurais voulu qu'il vienne plus souvent le matin pendant que je déjeunais, mais je ne voulais pas le déranger.
Quand on fut à l'école, il souffla, excédé.
-Que ce passe-t-il Nath ? m'inquiétai-je.
-Ambre revient aujourd'hui. J'ai peur qu'elle s'en prenne encore à toi.
-Et bien, si c'est le cas, elle refera une semaine à la maison.
-Oui mais... Elle ne doit vraiment plus faire de bêtise sinon nos parents vont sévèrement la punir.
-Où est le mal ?
-Je... Je ne peux pas en parler... Mais je lui ai demandé de promettre de ne plus rien te faire. Elle me l'a promis. Mais j'ai quand même un peu peur. Surtout que je risque d'avoir des problèmes si elle recommence.
-Ba pourquoi ?
-J'ai déjà empêché Ambre de se faire sévèrement punir en promettant à mon père qu'elle ne recommencerait plus. Il m'a dit que si elle recommençait malgré tout, j'aurais aussi des problèmes pour lui avoir empêché de la punir plutôt. Il ne veut pas qu'Ambre salisse l'image de la famille.
Mon ami semblait bien pâle quand il disait tout ça. Je me sentis très inquiète.
-Il punit comment ton père ?
-Sévèrement, se répéta-t-il.
Il ne semblait pas vouloir se confier. Ça ne faisait que m'angoisser plus.
-Je vois... Mais si tu veux en parler plus tard, je suis là.
-Il n'y a rien à dire, Miyu. Ne t'inquiète pas, ça ira, insista-t-il, ne souriant toujours pas.
-Si tu le dis...
Je n'étais pas de nature à me mêler de la vie des autres mais j'ignorai pourquoi, j'en avais envie là. Je sentais que c'était plus grave que ça en avait l'air.
La journée se passa sans problème. Nath m'apprit qu'on allait avoir une nouvelle la semaine prochaine et qu'elle passerait vendredi comme moi pour son dossier d'inscription. J'étais ravie. Plus on était de fous et plus on riait !
Quand ce fut l'après-midi et qu'on travaillait dans la salle des délégués, Nath semblait malgré tout encore inquiet. Je lui avais parlé toute la journée mais il semblait moins bavard. Ca me faisait mal au cœur de le voir comme ça.
-Nath, tu t'inquiètes pour ta sœur ? lui demandai-je. Elle n'a encore rien fait. Elle n'est même pas venue me parler aujourd'hui.
-Je sais mais... Elle avait fait le coup en fin d'après-midi donc je reste encore méfiant.
Il ne souriait plus depuis qu'on était arrivé à l'école. Ça me rendait triste. C'était la deuxième fois qu'il me cachait quelque chose.
-Nath, on peut arrêter pour aujourd'hui, tu sais ? On fait assez d'avance comme ça.
-Oui, tu as raison, rentrons.
-De plus, j'aurais bientôt mon cours de kung-fu.
-Ah oui, c'est vrai.
On se leva et s'en alla de l'école. Je tentai un sujet de conversation au hasard pour lui faire changer les idées.
-Tu sais pourquoi Melody ne vient plus nous aider ?
-Elle doit te détester à mon avis.
-Mais je n'ai rien fait de mal, soupirai-je.
-Elle veut me garder que pour elle. Elle ne veut pas que j'aie d'autres amies filles.
-Sa jalousie la perdra. J'ai essayé de lui parler plusieurs fois mais elle ne veut plus discuter.
-Laisse-la tomber. Elle comprendra toute seule qu'elle a perdu.
-Perdu ?
-Je ne veux pas d'une amie qui est ultra possessive.
-Oui, je comprends. Mais je suis sûre qu'elle ne le fait pas exprès.
-Surement...
-Sinon tu vois, tout c'est bien passé aujourd'hui. Détend toi, lui demandai-je en posant ma main sur son dos.
-Elle attend peut-être un jour de plus pour attaquer pour faire baisser notre garde..., lança-t-il froidement.
-Mais non voyons ! Elle te l'a promis non ? lui rappelai-je en le retenant par le bras pour le faire stopper.
-Oui mais je n'ai pas pu lui dire la punition qu'elle aura donc peut-être qu'elle croira que ce n'est pas si grave.
-Mais c'est quoi cette punition à la fin ? m'inquiétai-je.
-Oublie...
Il recommença à marcher en accélérant le pas, fixant le sol. J'augmentai mon rythme, refusant de me faire distendre.
-Nath, ça a l'air grave !
-Mais non, t'inquiète.
-Tu mens ! insinuai-je en me mettant devant lui, le forçant à s'arrêter une seconde fois.
-Ecoute Miyu, arrête de te mêler de ce qui ne te regarde pas, me demanda-t-il, le regard vide.
-Mais tu es mon ami ! C'est normal que je m'inquiète !
-Mais ce n'est pas si grave. Tu n'as pas à t'inquiéter, Miyu, tenta-t-il de me convaincre en posant sa main sur mon épaule.
Je soupirai. Il mentait, c'était sûr. Le reste du chemin se fit silencieux. On se sépara par un simple salut. Quelque chose le rongeait, je le voyais bien, et ça me rongeait à mon tour.
Je m'étais confié à ma mère. Elle était d'accord pour dire que c'était louche. Mais on ne pouvait rien faire sans savoir quel était le problème. Je fis donc mon cours d'art martiaux avec la tête un peu ailleurs. Et le soir, je galérai à m'endormir. J'imaginai les pires scénarios. J'avais peur du secret qu'il pouvait bien me cacher. Je ne voulais pas qu'il lui arrive malheur. Après un certain temps, je m'endormis, inquiète.
Le lendemain, Nath n'était pas venu me chercher. Ça me chagrinait un peu, mais ce n'était qu'exceptionnel hier. Je ne devais pas m'attendre à une routine. Je remis la même tenue et m'en allai déjeuner. Ma mère vit que je n'avais pas trop le moral.
-Ne t'inquiète pas, ma chérie. S'il a besoin de toi, il te le dira surement. Si c'est quelque chose de grave, on ne le garde jamais longtemps pour soi.
-Je me permets de douter. Certains problèmes restent invisibles pendant des années.
-Ma chérie, je voulais juste te rassurer...
-Je veux juste qu'il me parle..., lançai-je en m'affalant sur la table. C'est la deuxième fois qu'il ne se confie pas à moi. Je nous croyais plus proche que ça...
-C'est juste une question de temps Miyuki.
-Si tu le dis, lançai-je en soupirant.
Je mangeai sans appétit puis partis au lycée. Je vis Nath dans la salle habituelle. Il me salua plus chaleureusement. Il semblait aller mieux. Ça me mit aussitôt du baume au cœur.
-Ça va Nath ?
-Très bien. J'ai reparlé avec Ambre hier soir et elle m'a promis qu'elle avait compris le message et qu'elle ne tenterait rien.
-Tu vois, je te l'avais dit, lui souris-je en m'asseyant à côté de lui.
-Oui... Désolé, je me suis inquiété pour rien et je t'ai aussi inquiété pour rien.
-Ce n'est pas grave, c'est du passé, mentis-je.
-Mais je te remercie d'avoir tenté de m'aider hier. Tu es vraiment super, me sourit-il tendrement.
Je me sentis rougir, toute contente.
-Mais de rien, c'est normal. Je tiens beaucoup à toi.
-Moi aussi...
Il me regarda tendrement. Je me sentis toute chose, mais je n'y fis pas gaffe. Je repensais quand même à son problème. Je refusai de croire que c'était aussi simple. Même si elle n'allait rien faire, il semblait que les punitions chez eux restaient graves. Je voulais comprendre ce qui se passait. Mais là, il allait mieux donc je n'allais pas remuer le couteau dans la plaie.
Quand je rentrai dans la classe en même temps que Nath avec qui je parlais, j'aperçus soudain du coin de l'œil une chose noire sur sa table quand j'en fus proche. Quand mon regard se posa dessus, je fis un bond en arrière, poussant un cri strident tout en m'agrippant à mon ami. Il sursauta aussi dû à ma réaction.
-Miyu, qu'est-ce qui te prend ?!
-UNE ARAIGNEE !!! criai-je.
Sur son bureau marchait une grosse araignée d'environs cinq centimètre de long.
-Tu en as peur ? me demanda-t-il, visiblement surpris de ma phobie.
-OUI !!! Enlève-la, je t'en supplie !
Il dû me prendre les mains pour me le faire lâcher avant de chercher dans son sac une feuille. Il la posa ensuite devant l'araignée, et avec ses doigts, tenta de la faire avancer. En la voyant bouger, je criai encore plus en m'enfuyant de la salle. Plusieurs de nos camardes étaient déjà à l'entrée de la classe. Ils me regardèrent, certains amusés, certains inquiets.
-MIYUKIIII ! me cria Ken en courant vers moi. Que t'arrive-t-il ?!
-Ken ! lançai-je, blanche comme un linge. Il y a une araignée dans la classe !
-Tu veux que je m'en occupe ?
-Non c'est bon, Nath s'en occupe !
-Tu as peur des araignées ?
-Oui et aussi des petites bêtes. En gros tout ce qui peut rentrer dans nos vêtements. J'en ai la phobie ! Mais quel monstre ! Elle était énorme !
-Calme-toi Miyuki, m'ordonna-t-il en me prenant contre lui pour me faire un câlin.
Je le serrais fort, encore tremblante. Rosa et Lysandre s'approchèrent de moi.
-Je ne te voyais pas avoir une phobie, m'avoua mon amie.
-Je ne suis pas parfaite, excuse-moi, lui répondis-je, gênée. Je n'ai jamais réussi à battre ma peur...
-Ne t'inquiète pas Miyuki, me rassura Lysandre. Avec le temps, tu finiras par battre ta peur. Et puis, une phobie n'est pas une honte.
-Merci Lysandre, lui souris-je, reconnaissante.
Au moins mes amis ne me jugeaient pas ! Je voyais bien les autres ricaner en me tournant le dos.
-Ça va mieux Miyuki ? me demanda Ken.
-Oui, merci beaucoup, fis-je en me séparant de lui.
Il était tout rouge et tout souriant.
-Je suis heureux d'avoir pu t'aider !
-Miyu, c'est bon, je l'ai fait sortir par la fenêtre, m'apprit Nath en revenant vers moi. Tout va bien ? s'inquiéta-t-il.
-Ne t'inquiète pas, mes amis m'ont aidé, lui souris-je toute rouge, honteuse pour ma réaction d'avant.
Rosa lança un regard noir aux autres.
-Dit donc ! C'est finit de rire ?! On a tous le droit d'avoir peur de quelque chose !
Les autres gens se turent, surpris qu'elle les gronde.
-Miyu, tu m'avais caché avoir peur des araignées, me rappela Nath.
-Ben..., fis-je en me tapotant mes deux index. Je ne voulais que personne le sache tout court mais c'est raté maintenant.
-C'est drôle mais tu as la même phobie que Ambre. Elle aussi crie en voyant une araignée.
-Ah mais j'ai aussi peur des petites bêtes ! Je ne suis pas vraiment arachnophobe.
Je n'avais pas trop envie qu'il me compare à sa sœur.
-Je vois.
-Merci en tout cas de l'avoir enlevée.
-Mais de rien, c'est normal, me sourit-il. Bon, on devrait retourner en classe.
-Oui, fîmes-nous.
La journée se passa bien. Je ne vis plus une araignée. Quand la dernière sonnerie se fit, je dis au revoir à Nath et partis immédiatement avec Ken pour l'emmener chez moi. Ça me faisait bizarre de ne pas passer un après-midi avec mon ami, mais je pouvais bien faire des choses sans lui. Ken sautilla dans tous les sens, tout heureux. Je rigolai, amusée. Quand on arriva chez moi, ma mère fut heureuse de le revoir. On parla beaucoup tous les trois autour d'un bon thé. Ken insista ensuite pour m'écouter faire du piano. Je réalisai qu'il avait la même tête que Nath quand il me regardait en jouer. Je devais donner cette tête avec ma musique surement. Même si je n'avais pas ce souvenir avec mes parents ou le professeur. On regarda ensuite dans ma chambre le film Titanic. Ce fut lui qui le proposa. Installés dans le lit, sur le ventre, on le regarda sur mon ordi portable. Quand dans le film, il y eu la première scène entre nos deux protagonistes, Ken s'approcha de moi pour s'y coller. Il était tout chaud. Je souris. J'aimais beaucoup cette amitié que j'avais avec lui. Je ne voulais pas l'avouer mais j'aimais beaucoup le contact, ce qui pouvait surprendre pour une Japonaise. Et Ken était le seul qui m'en donnait, si on oubliait mes parents. Malheureusement, s'il ne m'aimait pas, il ne ferait surement pas ça. J'aurais voulu réussir à confier à mes amis ce désir là, mais je ne voulais pas les déranger donc je me taisais. Je pensai à ce moment à Nath, je ne sus pourquoi. Surement que j'aurais voulu pouvoir avoir ce genre de contact avec lui. Je supposai qu'entre meilleurs amis, c'était possible, même si on ne l'était pas encore. Pour le coup, c'était plus Ken à plaindre. Il devait quand même souffrir de cet amour non réciproque. Mais je refusai de lui détruire ses espoirs. Car comparé à moi et Lysandre, où ça n'allait de toute façon menait à rien, lui, c'était différent. Il m'aimait vraiment. Je ne pouvais pas l'envoyer balader. Et je tomberai peut-être amoureuse de lui un jour. Certes, il était moins beau que Nath ou Lysandre, mais il avait son charme à lui.
Pendant le visionnage, on commentait de temps en temps. Je le voyais souvent me regarder, attendri, au lieu de regarder le film. Gentiment, je lui prenais son menton pour le tourner vers l'écran. Quand la scène coquine arriva, je fis stop et fermai mon ordi. Il me regarda, étonné.
-Miyuki, pourquoi ?
-Je... je n'aime pas ce genre de scène, répondis-je, rouge. Tu aurais pu me prévenir qu'il y avait ça...
J'étais quelqu'un de vraiment pudique. Tout ce qui concernait le sexe, il ne valait mieux pas en parler avec moi. De plus, regarder ce genre de scène avec Ken, encore moins ! On ne regardait pas ça avec un ami !
-Ken, tu peux passer la scène s'il te plait ? lui demandai-je en déverrouillant mon écran, retirant le son et me retournant.
-Pas de problème.
Quand se fut bon, on put poursuivre. Quand on arriva à la fin, là où tout le monde mourrait, je me sentis très triste. Et quand Jack mourut, je ne pus m'empêcher de pleurer comme une madeleine. Ken aussi d'ailleurs. On se prit donc dans nos bras durant la fin du film, pour nous réconforter. On avait l'air ridicule mais on s'en moquait. Une fois finit, je fermai mon ordi en soupirant.
-Ken, la prochaine fois, choisi un film plus joyeux s'il te plait.
-Désolé, je voulais vraiment que tu le découvres.
-Tu n'as pas à t'excuser. Je me devais de le regarder une fois au moins. Mais il est vraiment triste.
-Je l'ai surtout proposé car il est romantique, rougit-il en me regardant dans les yeux.
-Ken..., fis-je, désolée pour lui.
-Tu as aimé qu'on le regarde ensemble ? me demanda-t-il en me prenant la main.
Je voulus la retirer mais j'avais peur de le blesser.
-Bien sûr ! J'adore passer du temps avec toi Ken. Ta présence est toujours agréable.
-Oh, c'est vrai ?! s'excita-t-il, tout heureux. Je suis vraiment heureux de t'avoir retrouvée. Ça m'aurait trop manqué ces moments où on regardait un film dans ton lit.
-Moi aussi. Je suis désolée, j'aurais dû te tenir au courant. Tu aurais pu venir chez moi sans avoir été obligé de changer de lycée.
-Ce n'est pas grave ! Ce lycée est génial et les gens sont gentils avec moi ! Donc je suis heureux, me sourit-il sincère.
-Alors je suis contente, souris-je à mon tour.
-Miyuki, je peux te donner un surnom moi aussi ?
-Hé ? fis-je, surprise.
-Ba, Nathaniel t'appelle Miyu. Je pense que j'ai aussi le droit de te donner un surnom.
-Oh oui, bien sûr ! Tu veux m'appeler comment ?
-Je me rappelle que tu m'avais dit qu'en japonais, vous avez des termes affectifs à mettre après le prénom. Dis-moi lequel je peux utiliser pour toi.
-Ah et bien..., réfléchis-je.
Je le considérai comme mon petit frère, et comme un ami très proche. Je pouvais bien lui donner le suffixe auquel je pensais sans que ce soit gênant.
-Appelle moi Mi-chan, lui souris-je.
-Oooh, c'est trop mignon ! J'adore ! Mi-chan, le prononça-t-il en chantonnant légèrement.
Je rigolai, amusée. Il se blottit soudain contre moi, sa tête contre mon torse, m'enlaçant gentiment.
-Je t'aime, Mi-chan.
Je rougis, gênée. Pauvre Ken. Je n'avais toujours pas les sentiments qu'il désirait.
-Je t'adore beaucoup, Ken, lui affirmai-je en l'enlaçant amicalement à mon tour.
-Dit, Mi-chan ?
-Oui ?
-Je me demandais... Si tu aimais quelqu'un d'autre, tu me le dirais ?
-Oui bien sûr ! Pourquoi cette question ?
-J'ai peur que tu me le caches...
-Hé ? m'inquiétai-je soudain.
-J'ai peur que tu ne veuilles pas me faire de mal et que tu ne me dises rien.
Pour le coup, il me connaissait bien. Il était vrai que je ne lui avais rien dit pour Lysandre. Et que je ne comptais pas le dire pour le prochain.
-Tu sais, si j'aime quelqu'un et que ce n'est pas réciproque, je préfère le garder pour moi. Comme ça, je ne blesse personne.
-Donc tu pourrais aimer quelqu'un maintenant ?! me demanda-t-il en se retirant, me regarder dans les yeux, inquiet. C'est Nathaniel ?!
-Nani ?! rougis-je, surprise. Pourquoi tu penses à lui ?
-Tu es tout le temps avec lui. Après, tu n'es pas aussi proche de lui qu'avec moi, mais c'est peut-être parce que tu le connais depuis moins longtemps.
-Oh, je vois. Non, je ne l'aime pas comme tu le penses. C'est juste mon potentiel meilleur ami. Et là, je n'aime personne Ken.
-Oh, tu le vois juste comme ça ?
-Oui, je t'assure. Vous vous êtes tous passé le mot ou quoi ? Vous pensez tous que je l'aime. J'ai le droit d'avoir des amis garçons non ?
-Oh oui, bien sûr ! Ouf, je me sens tellement plus rassuré maintenant.
-Je ne voulais pas t'inquiéter Ken, souris-je nerveusement.
Il allait tôt ou tard me poser un problème. Et je craignais ce moment.
On se parla encore un peu avant qu'il finisse par rentrer. Il me salua chaleureusement, me disant déjà se réjouir de me revoir demain. Mon cœur se serra. J'allais vraiment le briser si je tombais amoureuse d'un autre que lui. Je ne le voulais tellement pas.
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Amour sucré Les cinq sucrettes
FanfictionDans le lycée Sweet Amoris, nous allons suivre petit à petit les histoires d'amour de cinq sucrettes (filles) , ainsi que leur problèmes. Certaines auront de sombres passés, qui va les handicaper. Les sucrettes vont-elles s'entraider malgré leur car...