Chapitre 13, un dîner aux chandelles.

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Je marchai maladroitement à côté de Nathaniel. Je n'arrivai plus à le voir comme avant, et donc, je perdais mes habitudes. Je tentai pourtant de rester moi, mais c'était dur. Je le regardai de temps en temps. Il marchait en regardant devant lui, tout souriant. A un moment, il se tourna vers moi. Je rougis et me remis à regarder en face de moi.
-Ca va Miyu ? demanda-t-il, loin d'être inquiet pour une fois.
-Très... Très bien et toi ?
-Très bien aussi. Je me sens apaisé.
-Tant mieux alors. On va où ?
-Prendre le bus. On va dans la ville d'à côté.
-D'accord.
On arriva assez vite à l'arrêt de bus. On s'y assit. Je jouai avec mes doigts, nerveuse.
-Le bus arrive dans quelques minutes, m'apprit-il. J'ai fait exprès de choisir cette heure pour qu'on évite d'attendre dehors. Tu dois avoir froid, conclut-il en me regardant.
-Ça va, je te l'ai déjà dit, je suis habituée au froid.
-Je sais, mais ça ne m'empêche pas de m'inquiéter pour toi.
-Tu as bien attendu l'autre jour dans le froid le temps que je me lève.
-Désolé de m'inquiéter plus pour toi que pour moi, sourit-il en fermant les yeux.
-Baka..., murmurai-je, souriant aussi.
Le bus arriva vite. On y monta, paya nos tickets et s'assit côte à côté. Comparé à l'arrêt de bus, là, j'étais vraiment prêt de lui. Je regardai le paysage par la fenêtre, tentant de ne pas montrer mon embarras. Mais je stressai quand même, surtout que j'ignorai le planning de la journée. A force de tapoter avec mes doigts le siège, impatiente, Nath s'en rendit compte. Et là, au lieu de calmer mon cœur, il le fit s'accélérer, quand je sentis sa main se poser sur la mienne. Je me tournai vers lui, rouge.
-Tu stresses ? me demanda-t-il en me regardant, comme si son geste était normal.
-Non..., mentis-je à moitié. Pas du tout ! Je... Je suis juste... Impatiente ?
-Si c'est ça, tant mieux, me sourit-il, ravi.
« Et ta main, on en parle ? C'e n'est pas étrange ? Oh, si ça se trouve, vue la situation, c'est normal ! Pourquoi je n'arrive pas à analyser notre relation comme dans les livres ? », pensai-je. Le reste du trajet se fit dans le silence. Normalement, à part pendant les froids, j'arrivais à lui parler, mais là, je coinçai. Ne pouvant rien y faire, je me remis à contempler le paysage, appréciant la douceur de sa main sur la mienne.

On finit enfin par sortir du bus. On marcha un petit peu puis Nath s'arrêta devant un restaurant. Il ouvrit la porte et me la tint, me faisant signe de rentrer. Je le remerciai et y allai en premier. Je découvris que c'était un restaurant assez chic, avec surement plusieurs étoiles. Un serveur bien habillé vint vers nous.
-Bonjour messieurs-dames, avez-vous réservé ? nous demanda-t-il.
-Bonjour, oui, répondit Nath en s'avançant vers lui. J'ai réservé au nom de Nathaniel Dupuy. Pour deux personnes.
-Oui, c'est bien ça, veuillez me suivre s'il vous plait.
On lui obéit et il nous amena vers une table assez à l'écart, contre un mur. Je me sentis toute intimidée. Ce n'était pas la première fois que j'allais dans ce genre de restaurant, mais ça avait toujours été avec mes parents, et non avec un garçon. On s'assit face à face. Ça allait être dur de le regarder en face.
-Tu aimes l'endroit ? me demanda-t-il.
-Oui, ça a l'air... sympa.
Les couleurs phares étaient le rouge et le doré. Un autre serveur vint vers nous allumer la longue bougie rouge entre nous. Il nous donna ensuite deux menus, plus la carte des vins.
-Ah, désolé, mais on est mineur, lui apprit mon ami.
-Toutes mes excuses, je l'ignorai, s'excusa-t-il avant de la reprendre et de s'en aller.
-On fait si adulte que ça ? lui demandai-je, surprise.
-Les adolescents habillés comme nous, c'est assez rare. Ça porte à confusion.
-Tu dois sans doute avoir raison. Je suis un peu un cas à part.
-Oui, et ça te rend unique..., me lança-il en me regardant dans les yeux, rougissant.
-Oh... Euh... Merci Nath..., le remerciai-je en détournant les yeux.
Il y allait aujourd'hui avec les compliments ! Ça me faisait plaisir, mais c'était aussi très gênant. Je n'avais pas l'habitude. A ce moment, le serveur vint vers nous.
-Avez-vous choisit pour les boissons ?
-Je prendrais de l'eau pétillante s'il vous plait, lui demanda Nath.
-Pareil pour moi, décidai-je à l'instant.
Il prit note et s'en alla. Je me mis à regarder le menu. Il contenait souvent des plats avec de la viande ou du poisson. Je mis du temps à me décider. Entre deux, le serveur nous apporta nos boissons. Je finis par choisir de prendre une soupe de légumes en velouté au beurre frais puis ensuite un rissoto aux courgettes violons.
-Très intéressant comme choix, me fit remarquer Nath. Tu ne prends pas de viande ?
-Non, je suis végétarienne.
-Oh, je l'ignorai. Tu ne m'en veux pas si je prends un magret de canard ?
-Non non, ne t'inquiète pas ! Je ne te demanderai jamais de te priver pour moi.
-Très bien, si j'ai ta permission. Je prendrai en accompagnement des légumes de saisons. Je pourrais manger un peu de ton risotto ?
-Si je peux goûter tes légumes, oui, lui souris-je.
-Il s'en va de soi, me sourit-il à son tour.
Il guetta un serveur, lui fit signe de venir pour prendre la commande. Une fois fit, il se retourna vers moi, me dévorant du regard.
-Tu comptes me dire quand pour la surprise ? lui demandai-je pour penser à autre chose, sentant mon cœur battre plus fort sous l'effet de son regard.
-Quand on y sera, sourit-il mystérieusement. Tu es bien impatiente. Je te croyais plus patiente.
-J'ai bien le droit de m'impatienter ?
-Bien sûr. C'est juste marrant de te voir sous un autre angle. Quand on pense te connaître, on se rend compte qu'on n'y est pas encore.
-Je... Je peux te retourner ta remarque. Je ne te savais pas aussi... Entreprenant ?
-Ça te dérange ? s'inquiéta-t-il.
-Non non... C'est juste... surprenant de ta part.
-Tu sais, je ne suis pas toujours le délégué coincé et sérieux que les gens s'imaginent.
-Je ne t'ai jamais vu coincé.
-C'est gentil, me sourit-il, reconnaissant. En fait, je peux te demander comment était ta vie avant, au Japon ?
-Oh oui, bien sûr. J'étais une bonne élève, et je m'entendais très bien avec ma classe. On s'amusait toujours comme des fous quand la neige arrivait déjà chez nous, alors qu'au sud, ils mettaient toujours des t-shirts. Certains se plaignaient quand même de notre météo, mais moi, j'adorais. On faisait de grandes batailles de boule de neige et on construisait de géants igloos ! On aimait ensuite s'y réfugier, sous des couvertures, tout serrés les uns contre les autres, en train de jouer à la DS ou lire des livres. On buvait du thé ou du chocolat chaud. Quand c'était début février, on allait tous voir avec nos familles le festival de glace de Sapporo ! C'est tellement grand ! Et on y trouve de belles statues de neige ! Des Totoro, des dragons, des animes connu comme One piece ou Dragon Ball ! Mais aussi des trucs plus américains comme la Statue de la liberté, Star Wars ! On pouvait aussi trouver des temples, des pyramides ! Des gens célèbres ! Aucune limite pour ces artistes ! J'étais tellement jalouse à l'époque de ne pas pouvoir faire ça. Mais avec le recul, je réalise que chacun doit savoir faire quelque chose et que je serais douée dans un autre domaine. C'est un peu ces statues qui m'ont motivée à apprendre le piano. J'y joue depuis mes huit ans ! Et ça m'a aussi donné envie de faire une autre activité dont j'en suis vraiment fan aujourd'hui.
-Une activité hein ? lâcha-t-il avec un rire retenu.
-Pardon ?
-Oh non, rien, désolé, sourit-il. Sinon, tu me donnes vraiment envie d'aller au Japon maintenant, m'apprit-il.
-Oh et bien..., rougis-je. Peut-être aux prochaines vacances de février... Tu... Tu pourrais venir avec nous.
-Ca me ferait énormément plaisir, rougit-il. Tu peux continuer ton histoire s'il te plait ?
-Oh, mais j'ai fini.
-Ah... Alors me raconter comment ça s'est passé pour toi quand tu es partie du Japon ?
-Oui, bien sûr, je peux. Un jour, mes parents m'ont annoncé vouloir vivre en France pour qu'on soit plus souvent ensemble. Au début, j'avais refusé. Je n'avais jamais autant pleuré d'ailleurs. Je ne voulais pas quitter mon pays, je l'aimais. De plus, je m'étais renseignée dans les livres, la France n'était pas connue pour ces grands hivers. Je ne voulais pas un peu de neige, j'en voulais beaucoup ! Je ne voulais pas non plus quitter mes amis, et mes cousins cousines, avec qui je passais les vacances. Mais mes parents m'ont parlé d'une gastronomie délicieuse, d'un sens de la mode très développé, et que vers la France, il y avait l'Allemagne et l'Autriche, les deux pays ayant vu naître les plus grands compositeurs de musique classique. Ils m'avaient dit qu'on irait visiter ces deux pays pendant les vacances. Et que bien sûr, on retournerait au moins une fois par an au Japon, en hivers, pour voir le festival de Sapporo. Finalement, j'avais accepté. Ils avaient bien argumenté. Mais je ne regrette pas. La France est un beau pays et l'Europe un continent rempli de langues, de cultures et de nourriture variés !
-Je suis content que tu te sentes bien ici.
-Merci. Après, certains trucs me dérangent, comme la propreté ici laisse parfois à désirer, ainsi que certains gens dans la rue qui t'envoie valser. Mais bon, je ne vais pas commencer à me plaindre.
-Et ça n'a pas été trop dur d'apprendre le français ?
-Un peu au début. Une année avant de partir, on avait pris des cours ensemble avec un professeur Français. Quand on arriva en France, on avait de la peine à nous exprimer parfois, ou prononcer juste. La grammaire nous embêtait de temps en temps, et on s'emmêlait par moment les pinceaux avec la conjugaison. C'est pourquoi on se mit vite à acheter des livres français. On les dévora vite et on s'améliora grandement ! Aujourd'hui, on est totalement bilingue !
-Je suis jaloux, avoua-t-il. J'aimerais savoir faire autant de chose que toi. Mes... Mes parents ne m'ont jamais laissé le temps pour apprendre à jouer d'un instrument, ou à faire un sport. Ils disaient que c'était du temps en moins à consacrer aux études. Par contre, pour me faire faire du théâtre pour que je m'exprime bien, là c'était bon. Alors que ce n'était pas ce qui me passionnait le plus... On ne partait pas non plus souvent en vacances... J'ai l'impression que tu as une famille vraiment soudée et qui pense avant tout à ton bonheur. Je t'envie.
Il baissa les yeux, triste. Il venait de me confier quelque chose de très personnelle ! Ça ne lui ressemblait pas. Je me sentis soudain triste. Je ne voulais pas me vanter ou quoique ce soit !
-Désolée Nath, j'en ai trop dit.
-Mais non, tu n'y es pour rien. C'est juste que parfois...
Il soupira un instant avant de reprendre.
-Parfois je me rends compte que je n'ai pas vraiment la chance de certaines personnes. Mais ne t'inquiète pas, je ne souffre pas, me sourit-il.
Je fronçai les sourcils, son sourire était forcé. Je pris ses mains, déterminée. Il sursauta, surpris.
-Je suis sûre que tu as des choses que moi et d'autres n'ont pas ! Dans ta famille comme dans ta vie en général ! Ne te décourage pas Nath ! On n'est pas tous identique, mais on a tous nos chances !
Il me regarda, touché. Il me sourit, plus sincèrement cette fois.
-Merci Miyu. Je me sens bien mieux. Tu as raison. J'ai quelque chose que personne d'autre n'a et je ne peux pas m'en plaindre.
-C'est quoi ?
-Toi.
Je retirai mes mains, toute rouge et surprise.
-Na... Nani ?! bégaillai-je, toute gênée.
« C'était une déclaration ?! », me demandai-je, toute bouleversée.
-Notre relation m'est très précieuse, Miyu. Je ne me suis jamais senti aussi bien avec quelqu'un d'autre qu'avec toi. Tu es la chance de ma vie.
-Oh... Tu veux dire comme ça... ?
Je ne me comprenais plus. Je voulais qu'il m'aime ou non ? Pourquoi je paniquai ? « Peut-être que je veux une déclaration plus précise, où ça ne met pas le doute. Comme dans les livres en fait. Je n'ai pas envie de me faire de faux-espoirs. », compris-je.
-Comme ça ? Tu pensais à quoi précisément ? me demanda-t-il, malicieux.
-A rien, rien du tout ! Ah ah ah..., rigolai-je nerveusement.
Je ne voulais pas mettre le sujet sur la table. J'étais beaucoup trop maladroite pour ça. Le serveur apporta enfin nos repas. On se souhaita bon appétit et on mangea. A un moment, il pointa son assiette de légume.
-Tu veux goûter ? me demanda-t-il.
-Je veux bien merci, le remerciai-je en commençant à approcher ma fourchette de son assiette.
-Ah non, pas comme ça, me coupa-t-il dans mon élan en rigolant.
Il piqua quelques légumes avec sa fourchette et me la tendit, le regard défieur.
-Que..., commençai-je, rougissant, clignant des yeux.
-Allez, ne dit pas non. Les "amis" font ça entre eux, me lança-t-il avec un clin d'œil.
« Il a recommencé avec son "amis". Il me drague, j'en suis sûre ! Il n'a jamais fait ça à la cantine ! Mais alors, il m'aime vraiment ? C'est vrai que même si la lettre, ce n'est pas lui, il peut quand même m'aimer. Après tout, il était aussi bizarre ce vendredi. », réfléchis-je. Je décidai de rentrer dans son jeu. Pourquoi fuir si pour lui, c'était normal ? Je m'avançai vers sa fourchette, ouvris la bouche et la refermai dessus. On était tous les deux rouges comme une tomate. Je pris vite le contenu, en reculant. Je mâchai un peu et secouai la tête, approuvant.
-C'est très bon, lançai-je.
-Je peux goûter ton risotto ?
-Oh oui, bien sûr.
« Dois-je faire comme lui ? Oh, pourquoi s'en priver ! ». Je lui tendis une fourchette de riz. Il me regarda, attendrit, avant de manger. On venait de faire tous les deux un baiser indirect. C'était vraiment gênant, mais j'aimais ça.
Quand on eut fini le repas, il demanda l'addition après qu'on avait décidé qu'on avait assez mangé pour se passer de dessert. Quand on reçut la note, il la prit, la regarda, la reposa et sortit son portefeuille.
-Attend, je peux payer la moitié.
-Non, ne t'inquiète pas, c'est bon, je t'invite. J'avais prévu à la base.
-Mais... Tu as assez d'argent ?
-Bien sûr. Je viens d'une famille assez aisée. Certes, elle ne me donne pas trop d'argent à moi, mais quand j'ai annoncé cette sortie à mon père, il a accepté de me donner un peu plus ce mois-ci.
-Oh... Tant mieux alors, si ça te va, souris-je, un peu gênée.
Je ne voulais pas insister, mais je n'aimais pas trop ne pas partager. Surtout pour ce genre de repas.

Amour sucré Les cinq sucrettesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant