Amour sucré Les cinq sucrettes

Chapitre 20, la musique : un lien qui nous unit.

Le chemin se fit un peu silencieux. Nathou ne parlait pas trop. Il avait des cernes, il semblait fatigué.
-Eto... Tu sembles avoir révisé toute la nuit, je me trompe ?
-Non tu ne te trompes pas...
-Tu révisais pour ?
-Le test de vendredi.
-Mais c'est dans deux jours, tu n'avais pas besoin d'étudier aussi longtemps ! fis-je, surprise.
-Hélas, mon père, maintenant qu'il sait que j'ai une copine, a peur que je me laisse aller, et m'a demandé de réviser sérieusement, sinon, il changerait peut-être d'avis pour samedi.
-Il exagère ! Tu étudies bien de base ! Mes parents ne m'ont rien demandé par rapports aux études.
-Ils te font sûrement plus confiance. Bref, parlons d'autre chose.
-Si tu y tiens...
« On n'est même pas en seconde avec la période d'examen et on a peu de test. Pourquoi son père le force-t-il ainsi ? Il va juste être fatigué en cours et rien suivre. », réfléchis-je, inquiète. J'appréhendai ce repas avec une boule à l'estomac.

On arriva enfin à l'école. Castiel était devant l'entrée de la cour, en train de fumer. Il nous vit du coin de l'œil. On se tenait la main à ce moment-là.
-Oh oh, l'idiot de délégué a réussi à pécho ! se moqua-t-il.
-Oui, pas comme toi, lui répondit-il du tac au tac.
-Moi, je galère pas, je cherche pas, nuance !
Nathou soupira.
-Allez viens Mi-chan, je ne veux pas perdre mon temps avec lui.
Il me tira la main pour m'inciter à bouger. J'acceptai en saluant quand même Castiel au passage. Je ne le détestais pas moi. Il était sympa, bien plus sympa que Yamiko. D'ailleurs, ça me rappelait qu'à la gym, hier, elle le regardait avec un regard triste. Elle devait regretter sa baffe. Ce qui m'agaçait car moi qui voulait l'aider, et m'en était prise une, n'avait toujours pas eu d'excuse sincère.

On attendit en salle des délégués que le premier cours commençait. Je ne cessai de repenser à Yamiko contre mon gré. A ce qu'elle allait faire de nouveau aujourd'hui. Qui choisira-elle de gifler ou de crier dessus ? Je repensais à ce qu'elle avait dit le premier jour « Qu'est-ce que ta princesse a de plus que moi pour éviter les coups hein ?! Elle a une famille riche c'est ça ?! Connue ? Vous me dégoûtez, petits bourgeois de merde ! A avoir tout ce que vous voulez ! Vous vous pensez en dessus de moi ! Mais je vous niquerai par derrière, vous verrez ! La roue tourne ! » Qu'est-ce qu'elle voulait suggérer ? A première vue, elle haïssait les gens comme moi qui étaient aisés. Elle avait donc peur des profs et détestait les bourges. Je ne voyais aucun rapport entre les deux. Nath me caressa soudain ma main. Je le regardai aussitôt.
-Cesse de penser à elle, tu perds ton temps.
-Facile à dire mais pas facile à faire. Je crois que même si elle me l'a interdit, je vais quand même lui parler pendant le cours.
-Pour parler de quoi ?
-De tout et de rien, pour comprendre ce qu'elle cache.
-Tu veux jouer à la détective ?
-Pourquoi pas, souris-je.
Je perdis aussitôt mon sourire.
-Je sens qu'elle a besoin d'aide. Mais genre vraiment. Peut-être que tout ce cirque est un appel à l'aide justement.
-Va savoir. Mais si en l'aidant, tu te sentiras mieux, alors fais le.
-Merci de me comprendre.
-C'est normal.
Il reprit la lecture de son livre. Il me semblait vraiment distant aujourd'hui.

On était au milieu du cours d'anglais. Yamiko était assise à côté de moi, remplissant les exercices sans problème. Elle semblait décidément douée en général. Je ne peinai pas non plus, car quand on était bilingue, il était aisé d'apprendre une troisième langue. Comme toujours, elle ne regardait pas la prof quand cette dernière parlait. Elle ne me regardait même pas. Elle semblait être dans sa bulle.
-Hey, Yamiko, l'appelai-je en chuchotant.
-Pourquoi tu me parles toi ? me demanda-t-elle en japonais.
-Car j'en ai envie, répondis-je dans la même langue.
-Je croyais te l'avoir interdit.
-Je sais me rebeller parfois, souris-je.
Elle m'ignora complètement. Tentative d'être cool totalement ratée.
-Tu sais, je viens d'Hokkaido. Et toi ?
Elle cessa d'écrire, fixant sa feuille. Elle ne me répondit pas.
-Yamiko ? l'appelai-je.
-Ça ne te regarde pas princesse, fiche moi la paix !
Sa voix trembla légèrement. Elle sembla triste.
-Oh, pardon. Tu dois me trouver " chiante " mais vue qu'on est Japonaise, je pensais qu'on pouvait tenter de se connaître un peu mieux. Tu m'avais dit le premier jour que tu me demanderais pleins de choses.
-J'ai changé d'avis. Je veux plus rien te demander miss bourge. Et je n'ai de japonais que mon nom.
-Comment ça ? fis-je, surprise.
-Fiche moi la paix, se répéta-t-elle en reprenant ses cours.

A la récrée, je l'observai, assise, calée contre le mur de l'école, écoutant sa musique, seule. Elle faisait tout pour s'isoler.
-Nemesis semble beaucoup t'inquiéter, Miyu, me lança Rosa.
-Oui... Elle me fait penser à certains personnages de manga ou d'anime, qui se braquent, qui fuient les gens, qui s'isolent et tout. Quand ils font ça, je sais qu'ils ont des problèmes.
-Peut-être qu'elle voit les yokai, plaisanta Nath.
-Comme dans Natsume ? lui demandai-je.
-Oui, on le prend pour un fou, à fuir sans cesse et crier, alors que lui seul voit des créatures qui lui veulent sa peau. Après, je doute que ça existe pour de vrai, mais c'est ce à quoi me fait penser Nemesis.
-Si tu veux mon avis, les yokai sont les profs. Il faut juste comprendre en quoi ils lui font si peur.
-Elle a peut-être eu des profs trop sévères avant ? suggéra Iris.
-Au point de prendre peur comme ça, j'en doute, lui répondis-je.
-Je pense sérieusement qu'elle a vécu un traumatisme, lança soudain Nathaniel.
-Un traumatisme ?! cria presque la rouquine, choquée.
-Elle a des réactions qui m'y font penser, expliqua-t-il simplement.
-Je pense qu'elle a eu un grave passé, parla enfin Lysandre. Mais je pense que si on veut l'aider, il faut y aller petit à petit. Tenter de gagner sa confiance avant tout.
-Oh, c'est facile ! lança Iris. Je vais aller lui tenir compagnie.
-Elle t'a envoyée balader hier, lui rappela Rosa.
-Oui mais en persévérant, elle verra qu'elle pourra me faire confiance.
-Si tu le dis, répondit-elle, perplexe.



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