Chapitre 10

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- Il est gentil.

Je hausse un sourcil, la regardant de travers avant d'attendre la suite qui ne vient pas. Je me décide donc à parler :

- Gentil ? C'est tout ? Tu vas te marier avec quelqu'un parce qu'il est gentil ?

Elle hausse les épaules.

- Il est..mignon.

- Gentil, mignon.. On ne se mari pas avec quelqu'un juste parce qu'il est gentil et mignon.

Je m'arrête, le temps de boire une gorgée, avant de reprendre :

- Je m'attendais à ce que tu me dise que vous aviez la même tendance à trop parler, qu'il te plaisait énormément, que vous étiez fait l'un pour l'autre. Pourquoi tu te marie avec lui ?

- Parce qu'il me l'a demandé.

- J'ai jamais entendue quelque chose d'aussi stupide.

Je lève les yeux, finit mon verre et le pose sur la  table avant de me caler contre l'accoudoir du canapé. Aria est en train d'observer le whisky tournoyer dans son verre, puis elle lève finalement les yeux  vers moi, tentant un pauvre sourire.

- Je l'aime.

- Essaie d'être un peu plus convaincante, Aria.

Je me resserre un verre, agite la bouteille sous le nez de la brune qui me donne son verre pour que je lui remplisse. Une fois fait, je reste debout, observant à nouveau la pièce. Mon regard passe sur les meubles de la pièce, sur les murs, quand un détail me saute aux yeux.

- Vous vivez tout les deux ici, je me trompe ?

- Non.

- Alors où sont les photos ? Où sont les cadres avec les photos niaises de vous deux dans un parc, en haut de la tour Eiffel..

Elle hausse les épaules avec un petit rictus sur le visage. Je retourne m'asseoir et décide d'aborder un autre sujet.

- Comment vont mes parents ?

Elle lève les yeux vers moi, surprise par ma question, avant de se reprendre et de me répondre :

- Bien, je crois. Louis est plus calé sur le sujet.

- Il faudrait que je passe les voir avant de... Je m'arrête avant de la dévisager. Louis ?

- Châtain, yeux verts...

Je lève les yeux au ciel.

- Je sais qui c'est. Je ne sais juste pas comment il pourrait être plus calé que toi sur le fait de savoir comment vont mes parents. Il ne les connait même pas. Il a du les voir deux ou trois fois, et c'est pas ce qu'ils étaient loquaces à ce moment là.

Elle réfléchit, semblant réfléchir à ce qu'elle va me dire.

- Après que tu sois partie, il.. et bien il passait chez toi au moins une fois par semaine, pour savoir si tu étais rentrée et pour voir comment allait tes parents.

Je reste abasourdie devant sa réponse.

Je finis mon verre d'une traite et le pose sur le sol.

- Bah merde alors.

Elle éclate de rire avant de finir son verre à son tour.

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- Ce pauvre petit Lukas..

J'éclate de rire pour la énième fois avant de bailler à m'en décrocher la mâchoire. Je jette un coup d'œil à l'horloge murale, il n'est que 20h00, mais avec les huit heures de vol, les deux heures de route et les six heures de décalage horaires, je suis complètement plombée.

- Fatiguée.

- Non non, ça va ? Par contre, j'ai vraiment, vraiment la dalle.

- Pizza ?

Je sautille presque de joie à la proposition d'Aria.

- Pizza !

Elle attrape son téléphone et compose un numéro. Je me lève et me dirige vers la cuisine, la tête me tourne légèrement, pas étonnant vu comment la bouteille à baissée.

Je sors mon portable de la poche arrière de mon jeans et voit que j'ai un appel manqué et trois messages. Je souris en voyant qu'ils viennent tous de Stan. Je compose son numéro et il répond à la deuxième sonnerie, à croire qu'il guettait mon coup de fil.

Je n'ai pas le temps d'en placer une qu'il parle à toute vitesse :

- Alors ton vol, c'était comment ? Ça va comment avec ton amie ? Ça s'est bien passé la route, t'as pas eu d'accidents, t'as pas..

Je le coupe, morte de rire :

- Stan, Stan. Respire !

- Je veux tout savoir !

J'éclate à nouveau de rire devant son impatience.

- Mon vol s'est bien passé, non je ne suis pas morte sur la route, et oui, ça se passe bien avec Aria.

- T'es bourrée ?

Je me tait un court instant avant de lui répondre de la façon la plus normale possible.

- Noooon..... Pourquoi ?

- T'es bourrée.

- Ok, un petit peu, mais c'est parce que je devais me remettre du voyage.

- Tu reviens quand ?

- Stan, ça fait même pas une journée que je suis partie. 

Je l'entends soupirer et je sourit doucement.

- Ça va faire vide l'appartement sans toi..

- Je..

- MAIS JE VAIS POUVOIR FAIRE CE QUE JE VEUX !

J'éloigne le cellulaire de mon oreille en grimaçant. Une fois qu'il a finit d'hurler je le rapproche.

- Mes tympans bordel.

Il éclate de rire et je me contente de lever les yeux au ciel.

- Tu manques beaucoup à Lukas.

- Ce n'est pas réciproque, j'en suis extrêmement pas désolé.

- Je lui dirais !

- Fait donc... Je dois te laisser Stan, je te rappelle dès que je peux.

- Ok ! Bye Elou !

- Bye Stany !

- Je vais te tu...

Je raccroche en éclatant de rire, range mon portable et me retourne, tombant sur Aria, un petit sourire aux lèvres.

- Vous avez l'air proche.

- On l'est, mais c'est seulement mon meilleur ami, rien de plus.

Elle hoche la tête, n'insistant pas et s'assoit à la table de la cuisine.

Je m'assoie à mon tour, et nous continuons de parler de nos vie respective, attendant impatiemment l'arrivée des pizzas.

Alors qu'elle me raconte une de ses péripéties, la porte s'ouvre.

Je détourne le regard et mes yeux tombent sur un homme qui me dit vaguement quelque chose.

Je pose mes coudes sur la table, m'éloigne du dossier de la chaise et le dévisage longuement, me demandant où j'ai bien pu le croiser.

J'entends plus que je ne vois Aria se lever. 

Ne me dite pas que c'est lui son futur époux. Il est loin d'être vilain, mais je ne vois pas ce qu'Aria foutrait avec lui. C'est probablement un ami.

Elle se trouve à présent juste à côté de l'homme.

- Eléa, je te présente Spencer, mon fiancé. Spencer, Eléa.

Je fronce les sourcils, ouvre la bouche puis la referme, me rappelant enfin d'où je le connais.

Et merde, c'est bien lui.

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