FULGURATION [TOME 1]

neuf

-Je t'ai entendu....au téléphone.

-Lilo...

-Tu as raison tu sais "pas avec une fille comme moi", c'est totalement vrai. Puis le "moi, ici chez toi, alors que je ne te connais même pas" était une mauvaise idée aussi.

-Arrête.

-C'est la vérité Deen, on ne se connait même pas.

-Alors...t'attends quoi de moi ?

-Rien, je n'attendrai jamais quelque chose de quelqu'un.

-Demande-moi de...

-Non, Deen !

-Lilo !

-Je ne peux pas...On ne peut pas, ok ? Tu as eu raison au téléphone je...

-C'était Jehkyl ! Il....je ne peux pas lui dire que j'ai rencontré une fille qui me ressemblait étrangement et que je ne laissais pas partir.

-.....

-....

-Je...je ne suis pas une personne...saine, Deen.

-....

-Mon père utilisait tout l'argent de la famille pour aller jouer à des jeux complètement hasardeux et stupides. Ma mère partait quand mon père faisait des conneries et revenait quand il s'excusait. Je...mes bras, j'ai pleins de cicatrices datant de mes années au collège. Je suis hypersensible, j'ai du traverser quatre ou cinq phases de dépression...je suis heureuse et je...je pète un plomb soudainement. Je ne suis pas...normale.

-Personne n'est normal.

-Si ! Bien sur que si, on l'est tous au fond; au fin fond. Du moins... normalement.

-Tu es contradictoire Lilo.

-Je sais Deen.

-J'aime ça.

-Arrête.

-Non je n'arrêtera...

-Ta gueule Deen ok ? On est pas dans un film. Je ne suis pas une héroïne vertueuse, charmante, irréprochable, extraordinaire, candide et....c'est pas vrai tout ça; ma crise là, ça c'est du vrai, c'est foutrement réel. C'est pas du fictif cette merde. Ça me bouffe de l'intérieur et je....merde, passe-moi une clope s'il te plaît.

-On va sur le balcon, viens.

-Il faut que je rentre. Ça marche que quand je suis seule normalement et...

-Ça va marcher, calme-toi, ça va le faire.

-Ça va le faire ?

-On va le faire, oui.

-Mais pas maintenant ! Pas ici avec toi...

-Pourquoi ça, Lilo ?

-Je...on a pas le temps pour ça ok ? Deen juste...

-Je te laisserai partir je te le jure, mais suis-moi dehors et après tu seras libre de faire ce que tu veux.

-....

-....

-....

-Respire. L'air frais dans tes poumons te ferra du bien.

-....

-Tiens, prends une de mes clopes.

-Merci.

-Tu m'en devras une, maintenant.

-...

-...

-Pourquoi tu...t'es comme ça avec moi, Deen ?

-C'est relou d'être con parfois.

-Arrête.

-À la base, j'étais cool et tout mais...j'en sais rien... je crois que me saouler tous les soirs m'a touché.

-...

-J'arrête pas de me questionner sur ma place prédéfinie, en vérité. Suis-je dans la bonne ou...Fin tu vois ? Au fond si on oublie la zique et le cannabis, suis-je dans la drogue ? Je me questionne h24 sur ce genre de merde qui m'emprisonne la vie.

-...

-Je sais ce que tu ressens.

-Peut-être, Deen.

-Je sais ce que ça fait de se sentir impuissant dans ce bas monde. 

-....

-Suis-je un rouage de plus si je laisse faire leur machinerie, Lilo ?

-Non, bien sur que non.

-Tu vois c'est ça qui me fait chier...Cette vie m'épuise vraiment, pourtant j'suis pas à plaindre !

-On est des européens bien au chaud dans leur appartement du XIVe arrondissement de Paris. On ne connait foutrement rien à la vie, Deen.

-.....

-Mais ce n'est pas pourtant qu'on est heureux. Et c'est ça le pire. On est...malheureux alors qu'on a tout...On a trop tout en vérité.

-...

-Il n'y a plus d'espoir.

-Je pense qu'il reste de l'espoir partout où il y a de l'amour, Lilo. Et...
ça peut paraître naïf tant l'panorama est sinistre mais quoi qu'en disent les pessimistes, suffit d'rien pour qu'la paix s'immisce.

-Tu sais quoi ? Tu es autant foutrement contradictoire que moi Deen Burbigo.