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Je n'étais pas triste. Pas encore.

-Putain !
Ma lèvre trembla et mes yeux s'embuèrent inopinément de larmes si douloureuses que cela m'obligea à fermer les yeux.

Pas ici Lilo, pas dans ce café. Pas devant ces gens. Tu es plus forte que ça !

Je mordis ma lèvre inférieure férocement et inspirai puis expirai calmement, ma main contre mon coeur.

Je laissais la douleur s'insinuer en moi avec perfidie, à vrai dire pour que ma crise se finisse je me devais de laisser ces putains de maux prendre le contrôle de mes membres. C'était un rituel dorénavant.

-Bonsoir madame.

Je remis mes lunettes sur mon nez et avalai difficilement la boule qui se trouvait dans ma gorge depuis plusieurs heures déjà.

-Bonsoir...un chocolat viennois....s'il vous plaît.

La serveuse plissa légèrement les yeux et m'étudia derrière ses longs cils.

-Euh...D'accord.

Je lui fis un sourire crispé et la laissai rire niaisement lorsque je ne fus plus dans son champ de vision.

Moi une jeune adulte de vingt ans demandant toujours un chocolat chaud plutôt qu'un café noir, c'était donc ça qui la faisait marrer ?

Je tapai frénétiquement du pied, essayant d'évacuer quelque chose qui ressemblait plus à...merde, je ne savais même pas ce que c'était. Ça me démangeait juste partout...

Ça me rongeait. 

Ça me piquait. 

Et ça semblait permanent. 

Il fallait que ça parte. 

Que cela s'envole une bonne fois pour toute.

Merde.

Les larmes, elles affluaient...rapidement et....abondamment. Je regardai autour de moi, balbutiant des mots sans queue ni tête mais... j'étais bel et bien seule. Foutrement seule.



Comme toujours.

Personne ne me tendra sa foutue main.

Passant mes longs doigts dans mes cheveux bruns, je ne pus empêcher mes yeux de se poser par mégarde vers la multitude derrière la grande baie vitrée se situant à mes côtés.

Les larmes se succédaient les unes après les autres sans que je ne puisse y résister plus longtemps.

Foutue hypersensibilité à deux balles.

Ma lèvre se mit aussitôt à trembler encore et mes mains essayèrent de cacher mes yeux larmoyants, au regard des quelques clients dans ce café qui m'entouraient.

Pourquoi est-ce que je me sentais juste horriblement seule ? Le problème c'était moi ein ? Je devais juste...on était tous seuls, on naissait seul alors pourquoi mourir seul me lancinait le coeur en deux ? Pourquoi en faire une aussi grande affaire ?

Mon reflet me fit lancinement face lorsque je détournai le regard de la rue morbide, vers le somptueux miroir accroché en hauteur devant ma table. Je me fis violence pour me détourner de ce qui s'offrait à moi; une gamine en pleine crise existentielle. C'était ce que j'existais. Une putain d'enfant insatisfaite de ce que pouvait m'offrir la vie...insatisfaite de cette vie aussi morbide que je menais.

FULGURATION [TOME 1]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant