60. La Chute des Étoiles

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« J'ai conscience que pour changer le monde comme je souhaitais le faire, il y a des sacrifices immenses à consentir. Tout ceci est pour le mieux. »

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« Je vous confirme qu'Égide est en chemin. Mais les alephs déclenchent leur seconde frappe. On devrait avoir une carte précise d'ici quelques secondes. »

Le BIS avait essayé de mettre la main sur tous les alephs dispersés à travers la planète pendant les premiers jours de la crise, puis il avait abandonné. Autant consacrer l'énergie disponible à contrer le virus Alcyon et chercher Mahler.

493, seul aleph présent dans le bunker et membre de l'Exadiel, était précieux pour Kzran. Ol était intelligent et plus efficace que les ordinateurs du BIS. C'était lui qui était en train de faire les calculs, à partir des données de trajectoire transmises par les radars mobiles des dernières puissances encore investies dans le conflit, les autres se démêlant avec le virus alcyon.

493 afficha sur l'écran une vue de la Terre et indiqua les trajectoires des astéroïdes.

« Il ne nous reste plus beaucoup de temps, dit-ol. Ols ont décidé de tous les envoyer. Pour l'heure, on dirait que seuls une dizaine sont vraiment sortis de leur orbite. Vous pouvez voir où ils vont atterrir. Je suis précis à cent kilomètre près.

— Qu'est-ce que vous avez mis d'autre sur la carte ? dit le directeur Molak, les yeux écarquillés.

— Nous sommes sur leur course, dit Kzran.

— Nous, ainsi que la plupart des regroupements de forces militaires, par exemple la flotte chinoise du Pacifique. Les grandes villes sont peu ciblées. Ols ont jugé que le virus Alcyon leur suffira.

— Nous ne pouvons plus rien faire, dit Molak.

— Au contraire, affirma 493 avec un calme impressionnant. Il nous faut préparer des données pour Égide. Lorsque le système se mettra en orbite autour de la Terre, ce sera peut-être une question de minutes. Je ne veux pas lui laisser le soin de faire tous les calculs afin de déterminer quels alephs sont à abattre en premier, dans quel ordre il faut travailler, quels objets sont en réalité des missiles balistiques terrestres destinés à notre défense. Nous devons lui envoyer toutes ces données. Nous avons les codes de communication, il ne nous reste qu'à faire le paquet.

— Nous avons une demi-heure, dit Kzran.

— J'ai une demi-heure. J'ai commencé à calculer depuis qu'Égide est en chemin.

— Combien de temps avant l'impact ? s'exclama le secrétaire de l'ONU. Il faut faire quelque chose. Il faut évacuer la zone.

Kzran et 493 se regardèrent.

— Si nous évacuons ce bunker, qui va dire aux chinois sur quelles cibles envoyer en priorité leurs missiles ? Nous sommes encore ceux qui possèdent le plus d'informations à l'heure actuelle.

— Je ne peux pas tout faire en même temps, dit 493, mais les opérateurs radio sont aussi en train de transmettre.

— Il faut partir d'ici » dit Molak.

L'homme à côté de lui était extrêmement pâle depuis deux jours. Kzran le savait, et il n'en avait rien dit, car cela n'avait pas d'importance. Iels avaient besoin de ces hommes politiques pour pouvoir se faire entendre des gouvernements. Iels avaient besoin de tous ces hommes pour que la communauté mondiale tienne encore debout.

Le secrétaire de l'ONU était contaminé par l'alcyon. L'homme avait dû passer outre un test obligatoire quelques jours plus tôt. Il éclata dans une quinte de toux apoplectique.

Le Temps des ÉlusOù les histoires vivent. Découvrez maintenant