Le Corbeau et la Colombe - Tome 2

Chapitre 4 : Des sentiments bien humains

Comme convenu, j'allais passer quelques nuits chez Merle pour ne pas me retrouver seule face à mon ex. J'aurais dû m'en charger seule, mais je n'avais plus la force de me battre contre quelques nuisibles de mon passé. Heureusement, Merle le comprenait.

Il m'avait fait de la place un peu partout dans son appartement, même beaucoup plus que nécessaire. Il s'était d'ailleurs senti super gêné de me laisser trop de place dans la salle de bains et s'était mis à rougir. Parfois, ses innocentes réactions me faisaient sourire.

Je déposai mes dernières affaires dans un tiroir et déclarai mon bref emménagement terminé. Immédiatement, je rejoignis Merle dans le salon pour le prévenir, il était sur son ordinateur, souriant. Il était en pleine discussion avec Tracy à propos de son futur mariage.

— Alors quoi de neuf ? m'enquis-je en m'asseyant à ses côtés.

— Tracy a la date définitive de son mariage... et elle a bien envie de te demander d'être une de ses demoiselles d'honneur, mais elle hésite un peu...

— Elle n'a aucune raison d'hésiter, ça me ferait super plaisir, lâchai-je tout sourire.

— Eh bien je vais lui faire passer le mot, annonça-t-il tout aussi enthousiaste que moi.

Il écrivit rapidement un message et l'envoya. Puis sa conversation avec Tracy prit fin après quelques autres messages puisqu'elle devait partir, ayant encore de nombreux préparatifs. Il posa son ordinateur et un regard doux sur moi. Instinctivement, mon index se posa sur sa lèvre inférieure, la caressant délicatement, alors que ses mains se posèrent sur ma taille et quelques frissons parcoururent mon corps. J'aurais pu avoir de nombreuses incertitudes quant au fait de séjourner quelque peu chez lui, pourtant, je ne ressentais rien de tout ça. Mes seules craintes étaient à propos de Mason et de ce qu'il pourrait faire. J'ignorais totalement jusqu'où il était prêt à aller pour ses stupides objectifs.

Comme toujours, on fut interrompus lorsque quelqu'un frappa à la porte. Merle laissa échapper un bref rire et partit ouvrir. Je repris mon calme lorsque j'entendis la voix de Jian. Encore une fois, le facteur s'était trompé et elle avait donc reçu quelques lettres de Merle. Il la remercia gentiment et alors qu'ils étaient sur le point de se séparer, j'intervins en m'approchant d'eux.

— Tiens, salut Saoirse ! Vous avez bien récupéré depuis lundi ? nous interrogea-t-elle.

— Plutôt oui, répondis-je.

Merle hocha timidement la tête ce qui devait sûrement être une réponse affirmative.

— Merle, c'était assez marrant de te voir dans cet état, ajouta-t-elle en riant.

— Hum... Possible... Tu te rappelles de ce qui s'est passé ? demanda-t-il, assez gêné.

Jian prit quelques secondes de réflexion puis reprit le dessus de son bref moment d'absence.

— Non, pas vraiment. J'étais moi aussi complètement déchirée.

Sa réponse ne rassura pas pour autant Merle et elle partit assez précipitamment.

— Tu t'inquiètes encore ? m'enquis-je, comprenant exactement les sous-entendus de cette discussion.

— Sincèrement, oui, répondit-il d'un air presque dépité. Je m'en veux d'avoir sorti ça et, qui plus est, en étant bourré. Oui, Jian a beau être lesbienne et Clara pan. Oui, je l'ai dit à mon père sur un coup de tête. Mais je serais incapable d'expliquer pourquoi quelque chose me gêne à ce point...

— Tu veux que j'en parle avec Jian ? lui proposai-je.

— C'est mignon... mais ce n'est pas à toi de le faire... Je vais gérer ça...