Le Corbeau et la Colombe - Tome 2

Chapitre 5 : Tout s'enchaîne

[TW : Biphobie, Relation toxique, Pédophilie]

En début de semaine, Eloise avait tenté de me persuader d'avoir une réelle discussion avec Saoirse, mais elle avait fini par abandonner en comprenant que je n'avais aucune envie d'en discuter que ce soit avec Saoirse ni même avec elle. Je n'avais besoin d'aucun discours pour me rassurer ou atténuer quoi que ce soit.

D'un autre côté, la situation à mon travail ne s'était pas arrangée. De nombreuses rumeurs s'étaient propagées au sein de l'hôpital. Et maintenant, beaucoup trop de personnes me regardaient d'un coin de l'œil. Certains n'hésitaient pas à faire des remarques et je n'espérais pas que quiconque m'aide. Je savais très bien que si quelqu'un était dans la même situation que moi, il préférerait se taire et prétendre que c'était bien de me critiquer. Je n'allais pas leur en vouloir de se protéger. Les seuls responsables n'étaient que ceux à l'esprit trop étroit.

Mais parfois, on avait beau être pacifiste, certaines remarques devenaient un peu trop dures à supporter. Je ne venais pas ici pour me faire constamment critiquer. Puis la plupart des remarques devinrent des insultes. Certaines fois, on frôlait l'incitation au suicide. Des fois, on franchissait clairement cette ligne. Chaque nuit de travail était de plus en plus compliquée à vivre.

Néanmoins, certains se contentaient de m'ignorer comme Caterina qui n'était plus qu'une inconnue à mes yeux. Quelques fois, j'apercevais de la pitié dans les yeux de certains, comme s'ils savaient ce que c'était.

Je croyais que ça s'arrêterait ainsi et que ça n'irait pas plus loin, je me trompais. Debbie Salway, la DRH de l'hôpital et la fille du directeur, m'avait convoqué dans son bureau. Elle m'avait toujours regardé de haut et je savais que ce rendez-vous entre huis clos n'annonçait rien de bon. Alors que j'étais dans son bureau depuis quelques minutes, elle ne se gênait pas pour m'ignorer volontairement et prétendre faire quelque chose sur son ordinateur, mais il m'était impossible de critiquer le moindre de ses faits et gestes.

Personne n'aimait Debbie Salway. Son physique rentrant pile dans les normes était jalousé et était suffisant pour recevoir de nombreuses remarques injustifiées à caractère sexuel. D'autres critiquaient son arrogance et son besoin de toujours se sentir supérieur. Après tout, elle savait qu'être la fille du directeur lui donnait de nombreux privilèges et en abusait constamment. Elle se fichait même de tout ce qui avait un rapport avec le domaine médical et n'était là que pour l'argent.

Elle se tourna alors vers moi et soupira comme si elle était agacée de faire face à moi.

— Je me suis permis de vérifier votre travail ces derniers temps et j'ai pu constater quelques infractions venant de votre part, notamment le fait d'accomplir des tâches qui ne vous étaient pas destinées, expliqua-t-elle avec calme et orgueil.

Je crus percevoir un brin de dégoût dans sa voix et je savais dès maintenant que j'étais dans la merde.

— De plus, j'ai eu quelques retours négatifs de collègues à votre propos. Notamment de harcèlement.

— Pardon ? m'étonnai-je, incapable de me retenir cette fois-ci.

— Je ne fais que vous parler de faits qui ne font pas partie par la politique de l'établissement, me reprit-elle, fière. J'en ai discuté avec le directeur et d'autres membres du personnel qui ont jugé votre comportement inacceptable.

— Est-ce que vous êtes en train de sous-entendre que vous me virez ? demandai-je un peu trop brusquement.

— Dans la mesure où vous n'avez pas respecté certaines règles établies par l'hôpital, oui, répondit-elle froidement.