Le Corbeau et la Colombe - Tome 2

Chapitre 9 : La culpabilité est toujours présente

Ce n'était pas sans stresser que je m'étais rendu à mon rendez-vous chez Astrid. Bien qu'elle m'accueille chaleureusement, ça n'enlevait pas mes craintes. Jusqu'alors, je m'étais peu inquiétée du fait de voir un psychologue, mais maintenant que j'étais dans sa salle d'attente, la réalité était tout autre. J'allais devoir ressasser une grande partie de mon passé, replonger dans les moments les plus douloureux de ma vie, ce qui n'allait pas être évident. Et c'était sans compter l'exemple de Merle qui me revenait à l'esprit. Il avait tenté d'aller voir un psy, au final, il avait complètement nié son vécu. Et si Astrid en faisait de même avec moi ? Et si ça détériorait notre relation en tant que simples voisines ?

Mes questions restèrent en suspens lorsqu'Astrid entra dans la pièce, m'intimant de rejoindre sa salle de consultation. Pendant un bref instant, je remarquai la grandeur de cet appartement et à quel point elle avait entièrement changé toute la décoration. Tout était si neuf...

— Bien que nous soyons voisines, cette séance sera faite comme toutes mes autres séances, m'annonça-t-elle alors qu'on s'asseyait. Ce n'a rien à voir avec un traitement de faveur, juste que je voudrais garder un minimum de professionnalisme.

— Bien sûr.

— J'aimerais dresser un portrait de votre situation ainsi que les raisons qui vous ont poussé à venir en consultation, m'expliqua-t-elle d'une douce voix. Juste une formalité pour la première séance pour voir ce que nous aurions à travailler dans les séances prochaines.

Elle enchaîna alors sur quelques questions tout en me laissant le temps de m'exprimer. Cependant, je n'osais pas encore rentrer dans les détails, surtout à propos de ma relation avec Mason. Elle l'avait compris et n'avait pas insisté sur ce point, préférant qu'on aille à mon rythme.

Rapidement, Astrid m'avait mis en confiance et il m'arrivait parfois de laisser échapper quelques pans plus intimes de ma vie. Jamais elle ne l'avait mal pris, jamais elle ne m'avait jugé, ce qui éloignait de plus en plus mes craintes.

Au bout d'une heure, j'avais pu parlé de ma situation actuelle, de ma relation avec Merle tout en évoquant brièvement mon ex, disant que je ne l'aimais plus et que j'avais besoin d'air après cette relation. Néanmoins, je lui avais assuré que cette relation n'avait clairement pas été satisfaisante. Ainsi, à la fin de la séance, Astrid comprenait assez facilement ma situation et où je voulais en venir.

Elle m'accompagna jusqu'à la porte d'entrée et je ne pus m'empêcher de la remercier pour la séance.

— Il est fort probable que Merle vous contacte, lui annonçai-je d'un ton assez maladroit.

— Ça serait avec plaisir que je le recevrai, rétorqua-t-elle sincèrement.

— Par contre, je ne sais pas quand... Parce qu'il a eu une très mauvaise expérience la dernière fois qu'il a tenté de voir un psy, mais je pense que si je lui parle de ma séance, ça le rassurera.

— Tous les psys ne sont pas compétents, sans vouloir paraître arrogante. Mais j'ai vu de nombreux psys dangereux tout au long de ma carrière et j'essaie de ne pas leur ressembler. Je n'ai pas choisi ce métier pour briser des vies.

Je lui adressai un dernier sourire avant de partir, persuadée d'être tombée sur une psy très compétente et compréhensive. Je me sentais désormais en confiance avec elle et je savais que nos prochaines séances seraient de plus en plus instructives.

Je quittai son appartement et fis un détour à l'appartement de Merle puisque Tracy et Eloise m'attendaient pour les dernières finitions de la robe de demoiselle d'honneur.