Chapitre 12 : Le temps...

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Eloise ne voulait rien entendre et elle s'était réfugiée à l'extérieur, voulant absolument s'éloigner de son frère. Merle et moi l'avions suivi, plus inquiets que jamais. Eloise n'avait pas hésité à ressortir sa flasque que Merle confisqua aussitôt.

— Ça ne t'aidera pas de boire, lâcha-t-il d'un ton à la fois dur et compatissant.

— Mais qu'est-ce qu'il fout là ? Je croyais qu'il s'était barré d'ici ! Je croyais qu'il ne reviendrait plus jamais ! s'écria-t-elle, en pleurs.

— Tu veux que j'aille lui parler ? se proposa Merle.

— Non ! hurla-t-elle. J'ai pas envie que tu fasses ça ! Je peux me débrouiller seule !

Son visage contrit me faisait de la peine et j'avais envie de la prendre dans mes bras pour la rassurer. Je ne pouvais pas lui dire que tout irait bien, parce que, après tout, je n'en savais rien. J'étais moi-même assez perdue sur ce point...

— En plus, il te connaît très bien ! ajouta-t-elle, presque furieuse.

Merle semblait lui aussi perdu à son tour. Il voulait agir, mais était impuissant. À vrai dire, nous l'étions tous, surtout Eloise.

— Je suis sûre que tout va bien dans sa vie... Comme toujours, soupira-t-elle.

Elle baissa son regard, complètement abattue.

— Je vais rentrer chez moi, finit-elle par annoncer d'un ton faiblard.

— Je vais te raccompagner, rétorqua aussitôt Merle.

— Non ! T'es pas obligé de m'aider constamment !

Merle n'insista pas davantage et laissa partir Eloise, presque à contrecœur. Il tenait fermement sa flasque dans ses mains et sa respiration s'alourdit. Je sentais sa peur et posai ma tête sur son épaule tout en prenant son bras dans mes mains.

— Tu penses que j'aurais dû insister ? me demanda-t-il, perdu.

— Je n'en sais rien...

— J'ai l'impression d'avoir merdé...

— Tu as fait ce qu'elle t'a demandé de faire. Je suis sûre qu'elle ne t'en voudra pas, tentai-je de le rassurer.

Son regard se posa sur la flasque et il me la tendit.

— Tu veux ?

— Je ne pense pas que ce soit raisonnable, répondis-je en me détachant de lui.

— Je crois bien que tu as raison, affirma-t-il d'un ton morose. Est-ce que tu peux la garder dans ton sac ? Il ne vaudrait mieux pas qu'on se fasse prendre avec...

Immédiatement, je m'exécutai et rangeai la flasque dans mon sac. Il faudrait que je lui rende rapidement. Puis on se regardait longuement, sans trop savoir quoi faire, se perdant dans les yeux l'un de l'autre.

— Qu'est-ce qu'on fait maintenant ? souffla-t-il.

— Et si on faisait comme si on était réellement au lycée et que je te demandais d'être ton cavalier ? proposai-je d'un air malin.

— Si cette simulation était vraie, elle aurait très peu de chance de se produire, me fit-il remarquer.

— Alors brisons les codes et faisons les nôtres...

Un doux sourire se dessina sur son visage qui me fit fondre. Je le pris alors par la main et l'entraînai jusqu'à la piste de danse. Une musique aux sonorités pop et électro émanait de la scène et pour continuer dans notre but de briser les règles, on entama un slow. Certains regards surpris se tournaient vers nous et je ne pouvais m'empêcher de lâcher un petit rire tout en me blottissant dans ses bras. Puis petit à petit, je perdis tous mes repères et j'avais l'impression qu'il n'y avait plus que nous deux dans une grande salle vide. Si seulement ce moment pouvait durer éternellement... J'étais si bien dans ses bras, entendant quelques battements de son cœur.

Le Corbeau et la Colombe - Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant