Le Corbeau et la Colombe - Tome 2

Chapitre 4 : Entre personnes de confiance

Je n'avais pas prévu de sortir aujourd'hui. Je me serais bien contenté de rester dans le lit toute la journée. Étrangement, le plafond me semblait presque un peu trop fascinant à regarder. Sauf que Jack avait tout fait pour me convaincre pour sortir de chez moi, prétendant que c'était important, que nous devions avoir une discussion. J'avais proposé l'idée de discuter par téléphone ou par le quelconque moyen de communication écrit, mais vainement. Il tenait absolument à ce que je sois présent physiquement.

J'enfilai rapidement un t-shirt et un jean. Je n'allais certainement pas me prendre la tête avec mes vêtements. Sur ce, je quittai mon appartement. J'espérais vraiment que cette discussion soit assez brève, même si je n'avais rien de prévu.

Dans mon trajet, je fus interrompu par Astrid qui m'intercepta alors que j'étais sur le point de quitter l'immeuble.

— Merle, je peux te parler ? demanda-t-elle timidement.

N'ayant aucune raison de la repousser, je hochai simplement de la tête.

— À propos d'hier soir... Je me suis un peu emportée, je n'avais pas les idées claires... Alors j'aimerais que tu n'en parles pas trop...

— Bien sûr. Je ne vais pas t'outer contre ton gré, la rassurai-je.

Elle m'adressa un sourire hésitant et ajouta qu'elle en ferait de même de son côté tout en me rappelant que je n'avais pas à hésiter si j'avais envie de parler avec elle, surtout si je me questionnais sur mon identité ou mon orientation.

— J'y penserai, répliquai-je naturellement.

Un dernier sourire peu authentique et je quittai l'immeuble pour rejoindre ma voiture. Assez rapidement, j'arrivai au café et m'assis aux côtés de Jack.

— Rassure-moi, ce n'est pas pour parler de quoi que ce soit qui s'est passé entre nous, annonçai-je dans un soupir.

— Tu es vraiment parano, c'est mignon, lâcha-t-il comme si c'était amusant.

— Si j'étais parano, ça serait bien plus grave que cette simple remarque et c'est une vraie maladie, le contredis-je.

— Tu vas me reprendre sur tout ce que je dis à chaque fois ? demanda-t-il, comme si mon comportement était indécent.

— À chaque fois que tu diras quelque chose qui peut être blessant pour quelqu'un, répondis-je avec un sourire bien trop hypocrite.

Il leva les yeux au ciel un instant. Il était évident qu'il allait me reprocher d'exagérer, mais si tel était le cas, je ne me gênerais pas pour lui rappeler les évènements de vendredi soir. Dès lors, il ne pourrait plus me contredire. Cependant, il s'abstint, tant mieux pour lui.

— Tu es sûr que ça va ? s'inquiéta-t-il.

Sa question me prit de court et je perdis conscience pendant un instant. Mon regard se perdit brièvement aux alentours et j'aperçus Jessica, cette serveuse qui me fixait comme toujours. Elle m'adressa un sourire assez mignon, mais je me tournai vers Jack comme si de rien n'était.

— Ça va très bien, prétendis-je.

— Vraiment, tu as l'air assez étrange...

— J'ai vécu mieux, mais ça va, insistai-je.

Il n'avait pas l'air d'y croire, mais il ne dit rien de plus. Soudainement, je me sentis assez coupable de lui avoir menti. Je ne devrais pas mentir à mes amis, c'était stupide, pourtant, c'était ce qui me venait assez naturellement.

Il semblait sur le point de reprendre la discussion et je craignais le pire, sauf qu'Eloise arriva à notre table et je fus assez surprise qu'elle soit conviée.