Le Corbeau et la Colombe - Tome 2

Chapitre 6 : Aller de l'avant

Durant le trajet, je n'avais que peu parlé avec Merle, perdue dans mes pensées. Je repensais encore à Alexia et à toutes ces autres filles que mes amies et moi avions pues briser. Je n'y avais jamais repensé jusqu'à aujourd'hui et désormais, je me rendais compte que ce n'était pas anodin. Alexia m'avait bien dit qu'il y avait une époque où elle m'en voulait terriblement. Heureusement, elle avait laissé toute forme de haine de côté.

Voilà que ceci s'ajoutait à mes angoisses déjà bien présentes, en particulier, le retour de Mason que je craignais plus que tout. Et avec toutes ces pensées qui me tuaient à petit feu, dès que Merle me prit dans ses bras dans son lit, je fondis en larmes.

— Hey... Ça va ? s'enquit-il d'une douce voix.

— J'en sais rien, réussis-je à murmurer.

Il ne força pas à lui dire quoi que ce soit et se contenta de me serrer dans mes bras, me caressant amoureusement. Pendant ce temps, mon cœur s'emballait et frappait douloureusement ma poitrine. Je croyais que tout irait pour le mieux désormais... mais ce n'était jamais le cas. Merle avait beau être ce rayon de soleil qui égayait ma vie dernièrement, des nuages comme Mason étaient bien tenaces pour être balayé d'un signe de main.

Alors, lentement, mes lèvres se rapprochèrent des siennes, me plaquant contre celles-ci pour y déposer un long et langoureux baiser. Il prolongea mon baiser bien que déstabilisé aux premiers abords. Puis les embrassades se poursuivirent de plus belle, et sans s'arrêter, je le chevauchai tout en descendant mes mains sur son torse. Je pouvais faire abstraction de tout ce qui avait pu se produire ces derniers jours en étant proche de lui. Et alors que je croyais que mon invitation était assez claire, il m'arrêta et me regarda d'un air grave dans les yeux.

— Saoirse... Tu es sûre que ça va ?

— Bien sûr, prétendis-je.

— Si tu veux qu'on couche ce soir, je m'y oppose, rétorqua-t-il fermement.

Sa réponse me surprit et d'un certain côté, elle me blessa. Je ne saurais dire pourquoi, mais ça me faisait mal de l'entendre dire ça. Je m'assis alors en tailleur à ses côtés et retins du mieux que je pouvais mes larmes.

— Désolé, murmura-t-il. Mais tu as l'air assez... préoccupée... et je ne voudrais pas que tu utilises le sexe comme un défouloir.

— C'est quoi les conditions pour du sexe consenti ? Que j'en ai envie, que je te dise que je suis d'accord. C'est bon de mon côté.

— Je ne suis pas d'accord parce que tu es en état de faiblesse, m'arrêta-t-il aussitôt.

Les larmes me montèrent et bientôt, je ne pourrais plus les retenir. Malheureusement, il avait raison. Mais je ne pouvais pas prétendre être forte, je ne pouvais pas agir comme si ça ne m'atteignait pas. Jusqu'à récemment, j'avais réussi à surmonter tout ce que j'avais vécu avec Mason, sauf que je n'en étais plus capable désormais. J'en venais même à me demander si je l'avais vraiment aimé...

Merle se redressa et s'approcha de moi silencieusement sans oser dire le moindre mot. Son visage avait un air innocent et perdu, comme si cette situation lui semblait bien trop dure à gérer.

Après Mason, mes pensées revinrent sur Alexia et toutes mes années lycées. Je ne pouvais ignorer toutes les atrocités que j'avais pues commettre à cette époque.

— Je suis une horrible personne, lâchai-je en baissant ma tête.

Merle prit ma main dans la sienne en m'assurant le contraire.

— La fille avec qui je parlais à mon travail... On était dans le même lycée...

Lorsque je jetai un bref regard vers lui, je pus voir qu'il fronça des sourcils, comme si ce peu d'informations l'avait interpellé.