Le Corbeau et la Colombe - Tome 2

Chapitre 10 : Tout n'est pas si clair

Depuis cette soirée que j'avais passée avec Eloise, Merle s'était montré quelque peu hésitant à mon égard et mes souvenirs étaient bien trop flous pour que je m'y fie complètement. Ce soir-là, j'avais vraiment trop bu, peut-être que je l'avais inquiété sans m'en rendre compte. De plus, nos journées assez chargées ne nous avaient pas vraiment laissé le temps pour discuter et les jours avaient défilé jusqu'à arriver au jour du mariage de Tracy et Cody.

Voulant perfectionner ma tenue, je m'étais levée assez tôt pour prendre une longue douche, m'épiler, me maquiller, m'habiller... Il ne me manquait plus que la dernière étape : la coiffure, ce qui allait me demander le plus de temps. J'avais essayé de trouver un tutoriel sur internet pour un chignon assez soigné et armée de mon boucleur, je m'étais lancée dans cette coiffure alors que Merle se préparait lui aussi.

Alors que j'arrangeais quelques dernières mèches de cheveux, Merle entra dans la pièce. Contrairement à ses habitudes, il portait un costume noir qui lui seyait à merveille, ainsi qu'une simple chemise blanche et une cravate noire.

— Je tiens à préciser que j'ai galéré pour le nœud de cravate, annonça-t-il, assez amusé. Mais cette fois-ci j'ai fait l'effort de le faire parce que je ne vais certainement pas croiser mon père.

— Je suppose que je ne te verrais pas souvent dans ce genre de tenue ? lançai-je d'un air presque provocateur.

— En effet ! Je ne fais l'effort que pour les grandes occasions.

— Surtout que tu t'es défilé pour la robe, plaisantai-je.

— Je ne me suis pas défilé ! prétendit-il. Je ne voulais pas être en compétition avec Tracy... ni toi.

Je lui adressai un sourire amusé et il avait bien compris que je ne le croyais pas. J'avais tellement envie de jouer avec ses réactions et son sourire qui se dessina sur son visage le rendit irrésistible. Il s'approcha de moi et je mis alors mon boucleur en évidence, l'arrêtant dans sa démarche.

— Sinon, je te propose une petite coupe de cheveux, proposai-je, un sourire en coin.

Il fronça les sourcils un instant, je me mordis brièvement la lèvre, puis on rit en chœur.

— Bon, d'accord ! Fais ce que tu veux avec mes cheveux ! accepta-t-il, presque essoufflé d'avoir autant ri.

Je l'invitai à s'asseoir sur une chaise dans sa chambre pendant que je m'occupais de boucler ses mèches. Il passait le temps sur son portable, préférant sûrement oublier ce que j'étais en train de lui faire. Bien évidemment, je lui avais interdit de voir tant que je n'avais pas terminé. Au bout d'un bon quart d'heure, j'avais bouclé une grande partie de sa chevelure, ce qui donnait un volume assez impressionnant, et pour parfaire le tout, je ne pus m'empêcher d'y glisser une barrette avec une petite rose blanche, exactement les mêmes que j'avais utilisées dans mon chignon. J'étais persuadée qu'il la perdrait en cours de route, mais c'était vraiment plus fort que moi.

— Et voilà ! Tu peux enfin te regarder ! annonçai-je, fière de moi.

Il éteignit son portable et se leva de sa chaise pour se regarder dans le miroir tandis que je rangeais mon boucleur. Il sourit immédiatement en croisant son reflet et se tourna vers moi, l'air satisfait.

— C'est génial ! J'adore !

— Vraiment ? m'étonnai-je.

— Bien sûr ! Ce n'est pas parce que je suis un homme que je devrais détester ça, lâcha-t-il naturellement.

Sa remarque me fit sourire et il s'approcha de moi pour déposer un doux baiser sur mes lèvres.

— Bon, on devrait peut-être y aller si on ne veut pas être en retard...