Un deux trois... le gouffre est l'angoisse, le conte à rebours le temps qu'il me reste entre la folie et la raison.
Une nuit, je rêvais à un jardin aux mille merveilles. Les yeux écarquillés, je peinais à y croire. C'était de la poudre qui jaillissait devant moi, des étincelles écarlates, mais elles ne piquaient pas. Elles brillaient, et me faisaient rêver, comme je l'ai toujours aimé...
La pelouse était douce comme du velours, les fleurs enivrantes étaient des pinceaux multicolores, qui à chaque secousse du vent se penchaient, se tordaient, et chaviraient dangereusement, en chatouillant les brins d'herbes frémissants. Les arbres hauts, puissants, peignaient sur l'horizon azur des senteurs nouvelles, des odeurs de miel, des sourires aux nuages et des larmes à mes yeux.
Vanille, fraise, framboise, myrtille, des fruits colorés, à la saveur sucrée, onctueuse, me rappelaient dans un élan de nostalgie mon enfance joyeuse où je rêvais insoucieuse.
L'alizé d'été se jouait de mes cheveux : il les emmêlaient et les démêlaient d'une manière à m'en faire perdre la raison. Le vent dans l'air chaud voyageait dans la nature, entre chaque buissons, par dessus chaque murets, et minutieusement, il passait même à travers les branchettes des saules, des sapins, décollant la glycine du mur. Et soudain, vint, cruel, le réveil.Alors que l'horloge continuait à faire tourner ses aiguilles dans un tintement lancinant, et que les ombres légères se promenaient de murs en murs, de coins en coins, de la fenêtre à mon visage caché sous l'oreiller, je me sentais monter aux tempes un battement plus lourd, plus rapide. Sans m'en rendre compte, je glissais entre les bras de la nuit, de la douce Morphée. Tout en voyant les détours les plus sournois, les plus cachés de celle-ci, et sans jamais complètement quitter la réalité. Un, deux trois, et je tombe au travers du gouffre. Le gouffre est l'angoisse, le conte à rebours le temps qu'il me reste de la folie à la raison. Il tonnait de plus en plus fort, l'orage victorieux, et dans ma chambre vibraient de toute part les ondes de choc de la guerre des cieux. Sur le miroir, reflet d'une nuit sinistrement intrigante, les éclairs s'illuminaient de toute leur force indescriptible.
Les affres du désespoir me happent chaque nuit où j'ai peur, lorsque monte en moi la fièvre de la pensée incontrôlable
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Mots mêlés
PoetryBienvenue à celles et ceux qui aiment lire de la poésie, des textes en prose, des courtes réflexions sur des sujets divers et variés ! Bonne lecture, bon voyage ! :)