Chapitre 17 (Phana)

605 43 12
                                    

Depuis quand j'aime Yo ? Pour être honnête, je ne sais pas non plus.

Mais dès que j'ai su ce que je ressentais pour lui, mes yeux ne suivaient plus que lui.

A ce moment-là, je n'étais qu'un lycéen, grand, mince, qui adorait jouer au basket et de la guitare. Je passais mon temps à tenir tête aux autres et n'hésitais jamais à dire les choses franchement. J'ai vraiment profité de ma puberté, il ne s'écoulait jamais une journée sans qu'une fille ne vienne flirter avec moi, qu'elle soit du même âge, plus jeune ou plus vieille. Je discutais avec et les amadouais pour manger gratuitement et tirer un bon coup. Jusqu'à ce que je rencontre Yo.

Où je l'ai rencontré ? Un jour, je marchais pour rentrer chez moi après m'être battu avec un mec. Mes plaies étaient fraîches et du sang coulait encore. Je me suis arrêté net quand j'ai remarqué un jeune avec le même uniforme que moi et qui tenait un chaton dans les bras. Il était vraiment maigre et il portait même de grosses lunettes. Pas attirant pour un sou.

Mais la façon qu'il avait de tenir ce chaton avait suffi à me donner l'envie de disparaître l'espace d'un instant, à moi, qui suis du genre à toujours me mettre en avant.

Putain... trop mignon.

« Tu es perdu ? Où est ta maman ? »

Sérieux ? Il croyait vraiment que le chat allait lui répondre ?

« Qu'est-ce que je peux faire ? Je peux pas te prendre avec moi sinon mon husky risque de te mordre. »

Il devait être riche, il avait carrément un husky. Il s'était soudainement mis à regarder dans tous les sens (j'avais bondi pour me cacher) jusqu'au moment où il s'était résolu à le ramener chez lui.

Ce n'était rien d'extraordinaire, juste la réaction banale d'un gamin attentionné. Mais croyez-le ou non, c'est à partir de ce moment-là que j'ai commencé à l'observer. Il était vraiment une source inépuisable de gentillesse.

Tout ce que je savais c'est qu'il avait un an de moins que moi et qu'il était maladroit et naïf. Il n'osait jamais me regarder dans les yeux mais, pour être parfaitement honnête, ce n'était pas le seul. Non seulement j'étais doué dans les études mais en plus j'étais un bagarreur hors pair. J'étais un peu le big boss du lycée, tout le monde me respectait.

Un sentiment de profond désespoir avait fini par s'emparer de moi. Pourquoi avait-il toujours l'air choqué et faisait des bonds à chaque fois qu'il me voyait ?

Pourtant, j'étais vraiment canon, pas de quoi avoir peur.

« Espions au rapport. », m'avait un jour balancé Kit, « Le Nong pour qui tu craques s'appelle... »

« Va te faire, je craque pas pour lui. », j'étais parti au quart de tour, « Il a pas de nichons. »

« Mais ça fait déjà 2 semaines que tu le quittes pas des yeux. », répliqua Beam.

« Il est bizarre. », répondis-je tout en haussant les épaules, « Il est tellement maigre, un coup de vent et le voilà qui s'envole. »

« C'est ça. », dit Beam.

« Tu passes ton temps à parler de lui, un jour il aide une mamie à traverser la rue, un autre il donne de l'argent à un sans-abri. A chaque fois qu'il fait quelque chose tu viens nous voir. Même quand il a rien fait d'autre qu'aller au 7-Eleven t'es venu nous bassiner avec. »

« Et tu oses nous dire que t'es pas « amoureux », P'Pha ? »

Je les déteste quand ils se mettent à deux sur moi.

Je La vois la nuitOù les histoires vivent. Découvrez maintenant