Chapitre spécial partie 5 (Phana)

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Des millions de kilomètres (partie 5)

Le jour du départ.

C'est moi qui ai refusé que Yo m'accompagne jusqu'à l'aéroport pour me dire au revoir. Maintenant, je suis obligé de souffrir en silence alors que ces deux enfoirés d'ingénieurs sont venus exprès pour voir leur femme décoller. Plus je les regarde, plus mon Yo me manque. Je suis vraiment un idiot d'avoir interdit à mon copain de venir avec moi ici. Même si on s'est quittés il n'y a pas si longtemps de ça, je meurs déjà d'envie de revoir son visage et ce n'est que le début, je risque d'être dans cet état durant tout le séminaire.

Bordel ! Vous devriez comprendre, non ? L'amour nous rend tous comme ça.

« Vous pouvez pas abréger un peu ? Et vous deux, dépêchez-vous de rentrer ! », je tente de me placer entre-eux pour les séparer de leur moitié, « Vous êtes vraiment obligés de vous coller comme ça ? On va rater l'avion à force. »

« Ai'Pha, dégage de là ! », s'énerve Forth.

« Et pourquoi je devrais faire ça ? »

« J'essaie de parler avec mon mec mais tu bouches le passage ! »

« Tant pis. », je lui réponds sans aucune gêne. Ces derniers temps, je suis beaucoup plus proche de Ai'Forth et Ai'Ming. Pas étonnant, leurs femmes travaillent pour moi après tout.

« T'es lourd. Pas la peine de pourrir la vie des autres juste parce que ta femme n'est pas venue te dire au revoir. »

« C'est moi qui lui ai demandé de pas venir. »

« Oh, et pourquoi ça P'Pha ? », me demande Ai'Ming.

« Qui sait ? Je n'aurais pas eu le courage de partir sinon. »

« Mais vous n'avez pas vraiment le choix, n'est-ce pas ? », La Tante débarque enfin. D'ailleurs elle n'est pas seule, elle est accompagnée de son fils, Pek, un junior de ma fac. Je la salue et fais de même avec son fils.

« Tu as vraiment la classe aujourd'hui, P'Beam. », il lui offre un énorme sourire, tellement que je n'arrive même plus à distinguer ses yeux. Hey, hey, hey ! On est là aussi à ce que je sache, alors pourquoi tu n'en as que pour lui, hein ?! Je me tourne en direction de Ai'Forth qui semble au bord de l'explosion. Oh Pek, pour ton bien et celui de notre faculté, je te conseille sincèrement de ne pas te mettre un ingénieur à dos, surtout Ai'Forth. Cet idiot est encore plus possessif avec Ai'Beam qu'avec ses propres couilles.

« Allons nous enregistrer tous ensemble. Personne n'a oublié son passeport, n'est-ce pas ? », questionne La Tante. Nous hochons tous la tête avant de nous mettre à la suivre. Ai'Kit et Ai'Beam ferment la marche pour continuer à discuter avec leur copain mais sont très vite rejoints par Ai'Pek qui se poste aux côtés de Ai'Beam. Quant à moi, comme je ne veux pas offrir la moindre occasion à la prof pour me hurler dessus, je ralentis le pas pour me retrouver loin derrière elle. Au final, elle se retrouve seule devant à nous guider jusqu'au check-in.

« Tu sais quoi, P'Beam ? J'ai regardé un peu le temps qu'il fera au Japon et il semblerait qu'il va pas mal pleuvoir. Tu as pris un imperméable avec toi ? »

Et le voilà qui recommence ! Pourquoi j'ai la fâcheuse impression que personne n'existe à part Ai'Beam ? Ai'Pek, qu'est-ce que tu fous ?

« Non j'en ai pas pris. », répond Beam.

« Il peut toujours en acheter un une fois sur place. », enchaîne Ai'Forth à sa place.

« Hé, pas la peine. J'en ai pris un spécialement pour P'Beam. »

Oh-oh... on dirait bien qu'une guerre va bientôt éclater par ici.

« C'est quoi ton problème, N' ? », demande Forth à Ai'Pek, « Tu dépasses les bornes avec mon mec ! »

Je lui avais bien dit de ne pas chercher les emmerdes avec les types d'ingénierie comme Ai'Forth. Non seulement c'est le mec le plus fort que je connaisse mais même son groupe de potes ne donne pas envie de se frotter avec. Ai'Pek, t'es en train de creuser ta propre tombe.

C'est plutôt intéressant. Comme mon bébé n'est pas avec moi, je peux bien mettre mon nez dans les affaires des autres, non ?

« Je veux juste apprendre à le connaître. », Ai'Pek ne semble pas du tout intimidé par Ai'Forth. Je suppose que c'est parce que sa mère est dans le coin.

« Pourquoi faire ? Je t'interdis d'approcher. Va plutôt marcher avec ta mère là-bas. Allez ! »

« P'Beam... pourquoi j'ai l'impression que ton copain va finir par me mordre ? »

A cette question, tout le monde explose de rire hormis Ai'Forth.

« Fils de- », Forth est sur le point de lui en coller une mais Ai'Beam l'arrête immédiatement.

« Il plaisantait juste. »

« Mais... mais... aaaw Beam ne le défends pas, d'accord ? »

« C'était juste une blague. »

« Il fait exprès de chercher Forth ! », même s'il est censé être énervé au point de tabasser jusqu'à ce que mort s'ensuive quiconque sur son passage, l'entendre parler comme ça me donne juste l'impression d'entendre un gamin faire un caprice. Mec, tu me fais honte !

« N'Pek, arrête d'embêter mon copain. », Beam ne peut pas s'empêcher de secouer légèrement la tête, « Si tu continues à l'énerver, Forth est capable de débarquer avec ses potes à notre fac pour déclarer la guerre. »

Personne n'ose rire cette fois. Ai'Pek avale même difficilement sa salive.

« Sérieux, P' ? »

« Oui. », confirme Beam, « Si tu veux éviter un bain de sang à notre fac je te conseille de laisser mon copain tranquille. »

Pek hoche doucement la tête. Il s'empresse de s'excuser auprès d'Ai'Forth et court rejoindre sa mère. Pas la peine de préciser que celui-ci semble plus que ravi de la tournure des choses.

« Ma femme est vraiment la meilleure. Tu as même ouvertement reconnu les qualités de ton mari. », s'extasie Ai'Forth.

« Si tu dis encore un mot, je te botte le cul. »

« Ok, je me tais. »

« ... »

« Mais reste quand même loin de lui. »

« Tu te prends encore la tête après tout ce que je viens de lui dire ? »

« C'est plus fort que moi. Je peux pas m'empêcher d'être jaloux, ok ? »

Bordel de merde ! Je n'arrive pas à croire que deux grands types comme eux, avec des morphologies quasiment identique, puissent se parler de cette manière. On se regarde les uns les autres, le sourire aux lèvres. Allez, je vais être clément. Au final, je décide de les laisser profiter du peu de temps qu'il reste avec leur copain respectif.

Je La vois la nuitOù les histoires vivent. Découvrez maintenant