Une femme exceptionnelle: Noussayba Al 'Ansariyya ( Radhi Allahu 'an'a)

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Noussayba, fille de Ka'b, Oumm 'Amar (Radhi Allahu 'an'a) la médinoise

Cette femme fut au nombre des médinois qui embrassèrent l'Islam avant l'Hégire, et qui n'avaient donc ni vu ni entendu le Prophète (Saluts et Bénédictions d'Allah sur lui). On peut donc juger, par-là, de l'intensité de leur foi. Noussayba devint musulmane en même temps que son mari Zayd Ibn Asim, et leurs deux fils, Habib et 'Abdallah. Lorsque le Prophète (Saluts et Bénédictions d'Allah sur lui) émigra à Médine (an 1 = 622), elle fut au premier rang de ceux qui accueillirent le Messager (Saluts et Bénédictions d'Allah sur lui).

Elle montra à cette occasion une joie indici­ble : Désormais, elle pouvait le voir et l'entendre tous les jours. Toute sa vie, elle va lui porter un attachement si fort qu'il lui fallait être presque constamment dans son entourage. Le Prophète (Saluts et Bénédictions d'Allah sur lui), de son côté, la tenait en grande estime, et ne manquait pas de lui parler.

Noussayba devait être âgée, à l'époque de l'Hégire, d'une trentaine d'années.

On ne la signale pas à la bataille de Badr où, active comme elle était, elle dut, sans doute, s'occuper de soigner les blessés. Mais elle était présente à la bataille de Ouhoud où son rôle fut d'abord de donner à boire aux combattants musulmans et de soigner les blessés. En même temps, elle encourageait de sa voix puissante les soldats de l'Islam.

Mais, à un moment donné, la cavalerie ennemie, dirigée par Khalid Ibn Al Walid (non encore musulman), contourna les croyants par-derrière, et jeta le trouble dans leurs formations. Leurs rangs se disloquèrent, et le spectre de la défaite apparut.
Ce fut à ce moment-là que Muhammad (Saluts et Bénédictions d'Allah sur lui), entouré d'une poignée de braves fut acculé à la défensive ; il reçut un coup de pierre qui lui brisa les incisives, le blessant au visage. Il tomba par terre. Alors, le bruit se répandit que le Prophète (Saluts et Bénédictions d'Allah sur lui) était mort, bruit qui ne pouvait que précipiter la défaite.

Et Noussayba, que devenait-elle ? Voyant le Prophète (Saluts et Bénédictions d'Allah sur lui) en grand danger, elle accourut, une épée à la main, et prit part à sa défense. Cette faible femme se révéla une combattante redoutable, utilisant tantôt l'épée, tantôt l'arc.

Aperçue par les adversaires Quraychites, qui foncèrent sur elle, elle reçut un coup de sabre à l'épaule ; elle fut jetée à terre, perdant abondamment son sang ; elle perdit connais­sance. Tout près d'elle Muhammad (Saluts et Bénédictions d'Allah sur lui) était secouru à temps, et ses blessures qui n'étaient, fort heureusement, pas très graves, furent pansées.

Les musulmans, après cette grave alerte, se reprirent, et l'ennemi victorieux jusque-là, dut reculer. On resserra les rangs, on mit le Prophète (Saluts et Bénédictions d'Allah sur lui) à l'abri, et on se mit à décompter les morts et les blessés. C'est à ce moment-là que l'on découvrit Noussayba blessée grièvement, mais vivante.

On la soigna, et dès qu'elle fut en mesure de parler, elle demanda : « Est-ce que le Prophète est blessé ? » On la rassura en lui disant qu'il était sauvé. Alors, elle demanda qu'on la portât auprès du Prophète (Saluts et Bénédictions d'Allah sur lui), afin qu'« elle le voie de ses yeux. » Elle ne s'inquiéta ni du sort de son mari ni de celui de ses enfants enrôlés, comme elle, dans la bataille. Elle disait que seul le sort de Muhammad (Saluts et Bénédictions d'Allah sur lui) lui importait !

Cette femme admirable (qu'Allah soit satisfait d'elle) continua à vivre à l'ombre du Prophète (Saluts et Bénédictions d'Allah sur lui), se dévouant chaque fois qu'on avait besoin d'elle. Quand le Messager d'Allah (Saluts et Bénédictions d'Allah sur lui) mourut (an 10 = 632), elle en conçut une douleur immense, mais continua d'être une bonne musulmane.

Cependant, son rôle n'était pas encore fini. Elle va nous le prouver de façon éclatante. Dès qu'Abou Bakr As Siddiq (Qu'Allah soit satisfait de lui) devint calife, une grave insurrection éclata un peu partout. De nombreuses tribus apostasièrent. Ce fut la ridda (apostasie).
Le Calife A bu Bakr montra une volonté inflexible pour réprimer l'insurrection qui avait dangereuse­ment gagné le Yamama où un prétendu prophète, aidé par une soi-disant prophétesse, Soujah, prétendait imposer une nouvelle reli­gion. Abou Bakr envoya contre eux une forte armée où s'enrôlèrent les deux fils de Noussayba ; celle-ci les accompagnait à la guerre, comme de juste !

Mais son fils Habib fut fait prisonnier. Mousaylima, par des menaces voulut lui faire abjurer l'Islam. Peine perdue : II avait de qui tenir. Alors, il fut soumis aux tortures les plus atroces : On lui coupa les membres un à un, sans réussir à lui faire abjurer l'Islam. Habib finit par mourir sous la torture, ne cessant de proclamer qu'Allah est le seul Dieu, et que Muhammad (Saluts et Bénédictions d'Allah sur lui) est son Prophète !

Ce qu'apprenant, Noussayba, armée de son épée et accompagnée de son fils 'Abdallah, alla se jeter dans la mêlée. Elle se battit jusqu'à ce qu'elle reçoive un coup de sabre qui lui trancha le bras droit. Alors, elle remit son épée à son fils 'Abdallah, lui disant : « N'ayant plus de bras, c'est toi, désormais mon bras ! A toi de continuer la lutte contre l'ennemi d'Allah ! Ne reviens qu'après l'avoir tué ! »

'Abdallah, fort de la recommandation maternelle, se jeta dans la bataille, et n'eut de cesse qu'il rencontrât Mousaylima qu'il attaqua. Et il fut assez heureux pour le tuer. C'est du moins une des versions accréditées à ce sujet. Plusieurs combattants musulmans, en effet, s'attribuent cette mort. Qu'en est-il au juste ? On peut raisonnable­ment supposer que Mousaylima, a été attaqué par plusieurs combattants à la fois, et que chacun d'eux a pu lui porter un coup décisif. D'où il résulte que chacun d'eux a pu, sincèrement, s'attribuer la mort de l'imposteur. Cette mort mit fin à l'insurrection.

Après cette victoire, les musulmans, chargés de gloire, rentrèrent à Médine. La brave Noussayba se trouvait à la tête du cortège, avec un seul bras, un seul fils, mais fière d'une victoire chèrement payée. Le Prophète (Saluts et Bénédictions d'Allah sur lui) n'était hélas plus là pour accueillir les combattants. Ce fut Abou Bakr qui le fit.

Oum 'Amar était estimée par Abou Bakr As Sidiq, 'Omar Ibn al Khattab et les Compagnons du Prophète Muhammad ('Aley'i salat wa salam). Elle jeûna beaucoup, courageuse et patiente.

Combien de temps Noussayba vécut-elle encore ? On ne le sait pas avec exactitude. Mais on sait seulement qu'elle a dû mourir heureuse d'avoir été une bonne musulmane qui avait servi l'Islam, elle et ses fils, de toutes les forces que Dieu lui avait données.

Qu'Allah la bénisse

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