Chapitre 3 - Just a drink

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                                                 (Chapitre 3 - Juste un verre)

Je me redresse et tente de reprendre mes esprits après ce souvenir un peu trop transportant. Même si cette scène tourne en boucle dans ma tête depuis ce soir-là, la sensation intense est toujours présente... Comme si cet homme m'avait marquée au fer rouge.

J'ai repris un peu de force, alors je me mets en tête de chercher à nouveau le satané bout de serviette dans mon appartement. Avant mon départ, je n'avais pas vraiment eu le temps. À vrai dire, j'étais plutôt occupée à faire décuver Alessia et à ranger mes dernières affaires en vue de la formation.

Je commence mes recherches sous le lit... Strictement rien, à part un peu de poussière. C'est quand même un comble que je ne me souvienne pas de ce que j'en ai fait ! Je peste contre moi-même d'avoir été aussi négligente...
Dans la pochette que je portais à la soirée ? Sans surprise, toujours rien. Au sol, sur le canapé ? Nada ! Bon sang, où peut-il bien être ? Je suis tellement désespérée que je pousse mes recherches dans des lieux improbables tel que le frigo, et même l'intérieur du congélateur y passe. Ah ! Le meuble de la télé ? Rien. En dessous ? Rien non plus.
Je tombe, les fesses à terre, en signe de résignation. Il faut que je me fasse une raison et que j'abandonne l'idée de revoir mon inconnu un jour.

À moins que... Non, ce ne serait pas raisonnable. Tant pis, la tentation est plus forte que tout ! Je cours vers le miroir, regarde ma mine fatiguée et mes cheveux emmêlés... Je me fais une rapide beauté et mets la première robe noire qui me tombe sous la main. Mes escarpins assortis sont tout au fond de ma valise, encore bien rangés... Alors j'opte pour des chaussures blanc perlé, qui font plus ou moins l'affaire. Et dire que j'ai exactement reproché cette fantaisie à mon bel inconnu.

Pas vraiment parfaite, mais présentable, je descends les escaliers menant au club. Au passage, je croise mon reflet dans une vitre. J'ai comme un doute. Je me tâte à faire demi-tour. Dans l'optique d'un miracle, admettons qu'il soit là...
Est-ce que ce ne serait pas de la folie que de le revoir avec tant de cernes sous les yeux ? Je suis face à la porte d'entrée, ce serait bête de remonter alors que je suis peut-être sur le point de le revoir... Allez, je n'ai qu'à me faire discrète, juste pour voir s'il est présent.

Je pénètre dans le club et me faufile jusqu'au bar, où je reprends la même place que ce fameux samedi soir. La place du milieu. Je tourne la tête en direction de l'endroit où je l'ai aperçu pour la toute première fois. Mais je n'y vois que deux tourtereaux qui s'embrassent à pleine bouche.

Le barman qui me connaît un peu à force de me voir, appuie ses coudes sur le comptoir pour capter mon attention.

— Hey, bonsoir ma belle ! Ça fait un moment qu'on ne t'a plus vue par ici.

— Salut...

J'hésite. Je ne connais même pas son prénom. D'habitude accompagnée d'Alessia, nous ne prenons pas vraiment le temps de bavarder avec lui. Pourtant, il a l'air très gentil, et est même assez sexy.

— C'est quoi ton nom ? j'ose lui demander.

— Adam.

— Moi, c'est Lara.

— Je sais. J'ai déjà entendu ton nom quand vous papotiez avec ton amie.

Quelques secondes de silence passent, et il ajoute :

— Ne prends pas peur, en général j'essaye de me souvenir un minimum des clients réguliers.

— Aucun souci, ne t'en fais pas. Sinon, j'ai passé quelques mois en Lausanne pour suivre une formation, alors plus 'Pierre de lune' depuis un petit moment, en effet.

— D'accord, ça s'explique. Quand est-ce que tu es revenue ?

Il n'y a même pas une heure ? Non, si je dis la vérité, je vais passer pour une folledingue... J'essaye donc d'arranger les faits en ma faveur.

— Dans l'après-midi.

— Eh bien, c'est génial que tu sois de retour. Tu attends ton amie ?

Encore un mensonge ? Dans tous les cas, je ne me vois pas lui avouer que je suis venue ici dans l'espoir de revoir un homme croisé il y a 4 mois...

— Oui, Alessia.

— Je peux t'offrir un verre en attendant ?

— Si tu veux... mais sans alcool s'il te plaît, je n'ai pas encore eu ma dose de repos et ça risque de vite me monter à la tête

Adam fait virevolter son shaker pour me préparer un cocktail. Il faut dire qu'il est doué. Par contre, je le soupçonne d'exagérer son petit spectacle dans le but de me faire rire, et je dois dire que ça fonctionne assez bien.

Ce statut d'habituée privilégiée me donne une nouvelle idée. Si je n'ai pas la chance de me trouver ici au même moment que l'homme que je recherche, Adam lui, pourrait peut-être bien le connaître.

— Dis-moi Adam, je peux te poser une question ?

— Je t'écoute.

— Toi qui es barman et qui sembles te souvenir des visages... Est-ce que tu ne verrais pas assez souvent, un homme brun ?

Et là, trou noir... Comment puis-je le décrire autrement ? Je ne connais strictement rien de lui !

— Lara, tu sais combien d'hommes bruns je vois dans une soirée ? Donne-moi plus de détails, peut-être que ça m'aidera.

— Euh... Il est aussi grand que toi... Il...

— Non mais, donne-moi son prénom, son métier, ou au moins une information concrète ! dit-il dans un éclat de rire.

Suis-je désespérée à ce point ? Au point de me ridiculiser à le chercher partout, au point d'être littéralement obnubilée par lui ? Quand il voit ma mine décomposée, Adam pose un torchon sur son épaule et dit plus sérieusement :

— C'est qui ce mec ? Tu as absolument besoin de le retrouver ?

— Non ! dis-je en remuant la tête comme si j'étais prise en flagrant délit. Ne t'inquiète pas, rien d'important.

Je simule un regard concentré sur mon téléphone puis lui dit :

— De toute façon, je dois y aller, Alessia ne peut pas venir, finalement.

En parlant d'elle, je n'ai pas encore eu le temps de l'informer de mon retour. D'ailleurs, je n'ai eu que très peu de nouvelles d'elle ces derniers temps. Je suppose que la distance n'aide pas à garder contact.

Quand je regarde l'heure, je remarque qu'il est déjà tard et repense à mes valises toujours empaquetées comme des cadeaux de Noël. Qui plus est, demain, je dois affronter la directrice pour parler de ma promotion suite à ma formation.
Alors, je finis mon verre et remercie Adam. Je repars bredouille, mais je commence à me faire à l'idée que le mec que j'ai embrassé, n'était censé être qu'une distraction pour moi. Le destin en a décidé ainsi ! Il me faudrait plus que de la chance pour le recroiser un jour, et même si je peux reconnaître son visage entre mille, qui me dit qu'il voudrait encore de moi ?

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