Chapitre 6 - Heart shatter

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                                          (Chapitre 6 - Coeur brisé)


Je répète exactement la même phrase qu'à Adam, et ce, de la même manière, avec la même intonation.

— J'ai passé une mauvaise journée, j'avais envie de me détendre un peu.

Alessia me regarde l'air hagard quelques secondes, comme si elle était ailleurs. Puis, elle se déride un peu, retrouve son sourire éclatant. Peut-être parce qu'elle se rappelle que le club se trouve juste en bas de chez moi ? Ça m'arrange, car je n'ai pas envie de lui avouer la vraie raison pour laquelle je me trouve ici.
Avec son air de moins en moins naturel, elle me dit en levant les mains au ciel :

— Eh bien moi, je suis là avec mon nouveau chéri !

Un quoi ? Ai-je bien entendu ? Je m'absente quatre mois et elle change de vie sans même m'en parler ! Pourquoi ne m'a-t-elle rien dit ? Comment s'est passé sa rupture avec Justin le relou ? Elle sait qu'elle ne peut pas s'arrêter là, je suis bien trop curieuse, alors elle continue :

— On est venu s'amuser un peu... Je peux te le présenter si tu veux. Mais dis-moi, tu ne devais pas rentrer plus tard ?

— C'est vrai, je suis désolé je n'ai pas eu de jour de repos depuis mon arrivée et je n'ai pas eu le temps... Je passais juste boire un verre avant de monter me coucher.

Je tourne la tête vers le bar où, en voulant pointer mon verre du doigt, je vois Adam qui nous observe et nous fait un petit signe de la main.

— Oh, je vois.

Non non, ce n'est pas ce que tu crois Alessia ! Je ne suis pas ici pour le barman ! Pourtant, elle me répond en serrant fort mes deux mains entre les siennes :

— Pas de soucis ma Lara ! En tout cas, ça me fait tellement plaisir de te voir ! J'espère que tout va bien pour toi ?

— Oui, tout va....

Mon cœur s'arrête une seconde. Je finis ma phrase tant bien que mal.

— ...bien...

Je la termine avec une voix qui vacille, flanche, s'éteint. Je me sens blêmir et perds le cours de ma respiration.

Il est là.

Il est là, à quelques mètres de moi ! Le beau brun qui m'a offert le baiser le plus vertigineux de toute ma vie.

Comme dans mes souvenirs, il est le plus bel homme présent. Le plus beau du pays, voire de la Terre entière ! Vraiment, qui pourrait résister à son charme ? Même s'il m'hypnotise ou me fige comme une statue de pierre, je dois absolument aller lui parler et tout savoir de lui !

Alors qu'Alessia tourne aussi la tête dans sa direction, je le regarde. Je suis désorientée, l'émotion commence à me gagner. Lui ne m'a pas encore vue, alors j'ai le temps de le détailler. Sous une chemise en jean entrouverte, il porte un débardeur gris. Encore plus moulant que le t-shirt noir qu'il portait la dernière fois. Son jean foncé est simple, mais il me met pourtant dans tous mes états. Je remarque que cette fois, il a correctement assorti ses chaussures. Les baskets noires que j'observe bougent. Non, elles se rapprochent de moi. Trop vite, beaucoup trop vite.

Je relève la tête en direction de la sienne et aux côtés d'Alessia, qui assiste à ce rapprochement en silence, je me rends compte qu'il se dirige droit vers moi. Sa démarche assurée contraste avec son expression confuse. Lui aussi semble troublé.

Ses yeux bleus, verts, ou une couleur entre les deux, je ne sais plus, restent accrochés à mes pupilles. Il transpire de sensualité, j'ai envie de fondre sur place. Je le veux autant qu'il m'impressionne. Là devant tout le monde, il active mon imagination par des pensées aussi salaces que celles de l'individu qui me chuchotait à l'oreille tout à l'heure.

Il finit par se figer devant moi, mais ne fait absolument rien. Décidément, cet endroit nous givrera tous sur place.
Est-ce qu'il va m'accoster devant Alessia ? Aucune idée. Ce que je sais, c'est que je bave presque devant ses clavicules si bien dessinées. Je ne résiste pas non plus à ce début de pectoraux que dévoile l'échancrure de son débardeur.
D'accord, il est canon, mais c'est bon les hormones, on a compris ! Il faut revenir à la réalité maintenant !
Et c'est ma meilleure amie qui s'en charge. Comme au ralenti, elle passe son bras autour de celui qui hante mes pensées depuis trop longtemps, et se colle à lui.

Je sens bien mes pieds toucher le sol ainsi que mes jambes devenues lourdes. Je sens mes bras ballants, qui ne réagissent plus aux signaux électriques de mon cerveau. Mais je ne suis plus que cette enveloppe corporelle. Mon esprit lui, est perché loin, très loin de toute civilisation humaine... Comme l'espace ou le vide intersidéral.
Ma raison, qui flotte elle aussi dans le néant, est ramenée sur Terre par la voix d'Alessia.

— Je te présente Sam, mon nouveau chéri ! Enfin nouveau, cela doit faire un peu plus de trois mois maintenant. N'est-ce pas trésor ?

Quand elle le surnomme ainsi, mon cœur disperse tous les petits morceaux qui ont déjà été éclatés.

Malgré la douleur qui me terrasse, j'assimile les faits.

Il s'appelle Sam. Mon obsession a enfin un prénom. Sauf que cette obsession, appartient désormais à quelqu'un d'autre. En l'occurrence, à ma meilleure amie.
Une seule question me vient en tête ; qu'est-ce que j'ai bien pu faire dans une vie antérieure pour mériter ça ?

Face à eux, je reste bêtement immobile. Je n'ai encore rien répondu, même pas esquissé un sourire.

Alessia, ajoute :

— Oh et Sam, voici Lara, ma meilleure amie.

Lui ne réagit pas. Je crois bien comprendre son langage facial : il semble aussi décontenancé que moi. Vu son air blême, il se souvient. Bien sûr qu'il sait qui je suis...

Les présentations faites, je suis partagée entre m'enfuir en courant, ou m'effondrer comme un château de sable.

La montagne d'émotions qui m'envahit est si diversifiée que je pourrai rédiger une recette ; on remue un peu la colère avec l'incompréhension, avant d'ajouter une grosse quantité de jalousie. On n'oublie pas de mettre une pointe d'amertume, de multiples doses de dégoût, et un soupçon de rage. Cuire avec un maximum de tristesse. Et voilà, vous obtiendrez ainsi le résultat de la destinée tragique !

Je dois réagir, faire quelque chose pour ne pas laisser entrevoir mon envie de hurler au désespoir. Pourtant, mes canaux lacrymaux me brûlent, et je surmonte une force considérable pour étirer mes lèvres.

— Enchantée Sam, dis-je la gorge nouée.

À peine ai-je le temps de prendre conscience de la situation, que je vois ma meilleure amie enlacer l'homme que je veux pour moi toute seule, comme un serpent qui enroule sa proie. Elle n'a pas conscience qu'il s'agit de celui qui m'a embrassée il y a quatre mois. Non, elle ne réalise pas qu'elle est en train de me broyer le cœur. Je sais très bien qu'elle ne le reconnaît pas, qu'elle était bien trop bourrée pour avoir un quelconque souvenir... Mais le fait est là.

Soudain, un éclair me traverse et je prends immédiatement une décision. Je me dis que jamais elle ne sera au courant. J'essaie, du mieux que je peux, de faire comprendre à Sam qu'il doit garder le silence. Je bouge discrètement la tête de droite à gauche, serre les dents, lui parle avec mon regard en criant très fort dans ma tête.
Hors de question de casser le bonheur d'Alessia. Et puis, il ne s'agit que d'un baiser qui date de plusieurs mois... C'est du passé !

Il se décide à me tendre le bras, et me gratifie d'unrapide clin d'œil. Ouf, il a compris qu'il faut absolument garder ce petitsecret rien que pour nous.

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