Chapitre 10 - Don't kiss me

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                                  (Chapitre 10 - Ne m'embrasse pas)


— Adam ? Non non, il ne se passe rien avec lui.

— C'est dommage, comme je viens de te dire, il est mignon. Et puis, je pense que vous iriez bien ensemble, dit-elle avec un clin d'œil.

— Peut-être, mais...

Je ne sais pas quoi lui répondre... Mais quoi ? Adam a juste l'air adorable. C'est vrai que cela serait un bon moyen d'oublier Sam...

Alessia enchaîne :

— Tu vois, tu n'as pas d'excuse... Alors si jamais il y a moyen un jour, n'hésites pas, fonce !

— On verra...

— J'espère que tu trouveras chaussure à ton pied. En parlant de ça, je suis ravie que tu aies fait la connaissance de Sam !

Ah, forcément.

— Moi aussi...

Dommage qu'il n'y ait pas d'alcool dans ce verre d'eau pétillante.

— Mais dis-moi, comment vous êtes-vous rencontrés au fait ? je la questionne en voulant assouvir une curiosité malsaine.

— Rien d'original... J'ai été boire un verre au 'Pierre de lune' avec ma sœur, puisque tu n'étais pas là, vilaine ! Et il m'a abordée. On est allés au restaurant le lendemain, et... tout s'est ensuite fait très rapidement. Lui et moi, c'est l'amour fou !

— Ah oui ? Il est... gentil alors ? Est-ce qu'il prend bien soin de toi ?

— C'est un amour ! Toujours attentionné, présent pour moi, enfin bref, il est incroyable.

C'est bien trop douloureux. Il faut que j'enchaîne sur un autre sujet de conversation sinon je vais finir par la haïr. Oui, cela peut m'arriver d'être un brin jalouse et possessive... Surtout quand il s'agit de quelque chose (ou de quelqu'un) qui me plaît... Non, qui me fascine... Je cherche le premier sujet qui pourrait orienter la discussion autrement.

— Comment vont tes parents ?

Je m'exprime si rapidement, que je ne sais même pas si ma phrase est audible. Alessia, stupéfaite, gratte sa chevelure un brin mal à l'aise, et me répond :

— Ils vont bien, merci. Ils sont actuellement en voyage à la Réunion.

Je ne me suis jamais vraiment trop bien entendu avec les parents de ma meilleure amie, ils sont... Comment dire ? Un peu trop maniérés et avides d'argent... Mais il m'arrive de les voir, parfois, il est donc normal que je prenne de leurs nouvelles, non ?

Nous finissons la soirée sans trop parler de Sam et en retrouvant une certaine complicité qui me fait du bien au moral. C'est ce que je voulais, que notre amitié me pousse à la raison.
Que feraient la plupart des gens à ma place ? C'est la question que je me pose... Est-ce qu'ils espéreraient au fond d'eux, que cette idylle naissante se brise pour ensuite pouvoir en profiter ? Ce qui est sûr, c'est qu'il me faudra une volonté de fer pour esquiver les beaux yeux bleus de cet homme...

Je suis encore loin de mes 8 heures de sommeil minimum nécessaire, et la fatigue se fait ressentir, il faut que je rentre chez moi.
Après une si belle soirée, Alessia me serre fort dans ses bras, puis elle me caresse les cheveux d'une manière un peu flippante. Je ne sais pas pourquoi, son regard appuyé attendri, me donne des frissons. Quand elle me voit reculer par réflexe, elle me dit :

— C'est vrai que tu m'avais manquée. Promis on se reverra très bientôt.

Je lui rends son sourire, et retrouve ma réconfortante voiture et sa délicieuse odeur de cuir.

Une étape de franchie. Cet amour inaccessible est toujours aussi douloureux, mais au moins, c'est on ne peut plus clair dans ma tête : jamais je ne toucherai à l'homme de ma meilleure amie. Ils se sont mutuellement choisis, et filent le parfait amour.

*

Les jours de boulot s'enchaînent... Je suis lessivée.

Nous sommes vendredi, et le week-end est proche. Un week-end où je vais passer mon temps à dormir... à regarder des séries télé, sans rien faire de plus !

En attendant, je termine mon repas, en compagnie d'Estelle. Nous sommes assises sur un banc, il fait beau et le soleil tape sur nos têtes. Je termine mon dernier quartier d'orange, quand mes yeux sont irrésistiblement attirés vers l'entrée de la boutique. Je vois un homme brun y entrer.
Estelle plisse des yeux, et me crie :

— C'est lui ? C'est ton Sam, non ?

— Je ne sais pas, il me semble bien. Qu'est-ce que...

— Vas-y ! Va le voir !

— Mhh mhh, je réponds à la négative. Hors de question.

— Lara, je me contrefous de ta Alessia. Toi et lui, c'est une évidence, ça se voit comme le nez au milieu de la figure ! Alors tu bouges tes petites fesses, et tu vas lui parler !

— Mais que veux-tu que je lui dise ?

— J'en sais rien, mais il n'est pas ici pour rien !

Cela est contraire à ce que je m'étais promis, mais je me lève, et suivie d'Estelle, je marche vers la boutique. Je remarque qu'il est nécessaire pour moi de rassasier une sorte de dépendance, de dose inéluctable guidée par mon cœur. Et mes hormones.

Quand il me voit, il laisse un sourire s'échapper, et deux petites fossettes apparaissent à chaque extrémité de ses lèvres. Il sourit de la même façon que le tout premier soir, et bien sûr, cela me fait craquer.
Avant de l'affronter de plus près, je me fais mes propres recommandations : Lara, tu ne le connais même pas. Si ça se trouve, c'est un pauvre con. Il est peut-être prétentieux, aigris, colérique... Mais en même temps, je ne souhaite pas tout ça à Alessia, elle en a tellement bavé avec son ex...

Quand il en a l'occasion, il m'attrape par l'avant-bras, me pousse un peu à l'écart vers le fond d'un rayon, et me dit tout bas :

— Est-ce que je peux te parler, seul à seul ?

Je sens la chaleur de sa respiration, il est tellement proche de moi. Cela me rappelle notre premier baiser, ma petite culotte se met à transpirer et je perds tous mes moyens. Il met son bras juste à côté de ma tête pour me bloquer un maximum contre lui.
Je prie pour qu'il ne m'embrasse pas, et contradictoirement, c'est la chose que je veux le plus au monde...
Je regarde ses lèvres, j'ai tellement envie de les prendre à pleine bouche. J'ai envie de sentir son ventre dur contre le mien, j'ai envie que ses mains me touchent et ... voilà ! Je m'emballe trop !
Étant donné que je suis au travail, mes yeux se posent sur ma responsable qui me fusille du regard. Elle ne peut pas nous interrompre, elle est occupée avec une fidèle cliente. Puisque mon corps a décidé de se ratatiner comme une aubergine rassie, je me redresse d'un trait.

Lui, regarde ses chaussures, et bafouille :

— Je suis perdu, je ne sais pas comment faire... ?

Je me dégage de son bras protecteur, même si dans cette position, je me sentais si bien... Je l'entraîne un peu plus loin, dans le coin où nous faisons les ourlets, pour que Gladys ne puisse plus nous voir...

— Comment ça, tu es perdu ?

S'il parle de faire un choix entre Alessia et moi, ce sera vite vu !

— C'est compliqué, je...

Il arrête net de parler, car on entend quelqu'un hurler dans la boutique, juste à quelques mètres de nous. Je reconnais cette voix, c'est Estelle. Elle parle comme si elle était une petite fille de 5 ans :

— Et gnan gnan gnan, non mais oh ! C'est quoi votre problème avec Lara ? Vous ne pouvez pas la lâcher un peu ?

J'accours vers le guichet où, les mains posées sur les hanches, elle tient tête à notre responsable. Mais qu'est-ce qu'elle fou ? Elle est tombée sur la tête pour parler comme ça à Gladys ?

Love ConséquencesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant