Chapitre 9 -Forget me and I will forget you

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                     (Chapitre9 - Oublie-moi et je t'oublierais)


— Et bien c'est fait, tu m'as trouvée. Maintenant, oublie-moi. Ou contente-toi juste de me traiter comme la meilleure amie de ta copine.

— Laisse-moi au moins t'expliquer...

— Il ne s'est rien passé entre nous, d'accord ?

Puisque je le coupe, il émet un bruyant souffle d'impatience. En même temps, j'aperçois Gladys qui me repère à travers la vitre. Je ne dois pas perdre de temps et je laisse Sam tout seul, sur le trottoir. De toute façon, je ne veux pas de ses explications.

Lorsque j'entre de nouveau dans la boutique, ma responsable ne tarde pas à s'exprimer :

— Vous connaissez cet homme ?

— Non... Pourquoi ?

Je suis la reine des mensonges ces derniers temps.

— Est-ce qu'il a acheté la chemise au moins ?

— Non...

Je sens le reproche arriver. Alors j'improvise :

— Mais il avait oublié sa veste, alors je la lui ai rapportée.

Elle repositionne ses lunettes plus haut sur son nez, et pince ses lèvres sans rien ajouter. Je crois que j'ai eu chaud.

Je retourne travailler en n'en menant pas large. Je n'en reviens pas d'avoir eu cette discussion trop courte avec Sam. Plus les minutes passent et plus malgré moi, j'ai envie de le revoir, de lui parler à nouveau, de savoir ce qu'il pense vraiment de cette situation, et même, de l'embrasser.

Dans un coup de sang, j'envoie un message à Alessia.

Oui ça a trop duré, je ne veux pas passer à côté de ma meilleure amie à cause d'un mec. Je veux la retrouver, rire avec elle jusqu'à en pleurer, jusqu'à en avoir mal au ventre... Je veux retrouver les bons moments passés avec celle qui m'a aidée à sortir de ma coquille, après le décès de mes parents...
Je partage avec Alessia une complicité hors norme. Pourquoi gâcher ça à cause d'une attirance physique envers un inconnu ?

Elle est comme moi, nous aimons les mêmes choses, Sam en est la preuve... Nous partageons également les mêmes idées. Nos caractères sont seulement diamétralement opposés, mais je sais qu'elle a un bon fond, si on oublie certains de ses agissements égoïstes.
Je ne veux plus rester sans nouvelles d'elle. Elle ne saura jamais que son Sam est celui avec qui j'ai partagé ce merveilleux baiser, puis il sortira très vite de ma tête, et ce sera mieux ainsi !

'Est-ce que l'on peut se voir ce soir ou demain soir ? Tu me manques !'

Le SMS envoyé, je termine ma journée sous la surveillance aiguë de Gladys.

*

Vers 19h, alors que nous commençons à fermer boutique, mon téléphone vibre. C'est Alessia. Je suis rassurée de voir qu'elle ne m'oublie pas non plus. Elle me propose de venir chez elle ce soir, car toute la semaine, elle n'aura pas le temps... Bon et bien, c'est déjà ça.

J'ai à peine le temps de rentrer chez moi, de me changer et d'avaler un repas tout préparé. Je suis stressée. Pourquoi est-ce que j'appréhende de voir ma meilleure amie ?
En chemin, je m'arrête acheter un paquet de chewing-gum à la fraise. À ce qu'il parait, cela permet d'évacuer rapidement la pression. La petite supérette où je me suis arrêtée ne propose qu'un lot de 5 paquets, avec ça, j'ai de quoi être zen un long moment...

Je me rassois confortablement dans l'énorme siège de mon 4x4. J'aime tellement cette voiture... Et quoi de mieux pour une « Lara Croft » en herbe ? L'odeur sucrée et fruitée du chewing-gum se mélange à l'odeur de cuir de l'auto toute neuve. C'est la seule chose que j'ai osé m'acheter avec l'argent du décès de mes parents. J'ai hérité d'une somme assez conséquente, et pour l'instant, à part pour ce 4x4, les billets dorment tranquillement sur mon compte.

J'arrive devant l'immense maison d'Alessia. En ce qui la concerne, c'est un héritage éternel qu'elle reçoit chaque jour. Sa famille a toujours eu de l'argent, et en aura toujours. Il lui est déjà arrivé en ma compagnie, de dépenser mon salaire tout entier pour un sac à main, mais après tout si elle peut se faire plaisir...
Je me gare devant la façade qui me fait toujours penser à la maison blanche. Je me permets d'ouvrir le portail noir, assortis à toutes les portes et fenêtres. Cela donne un côté classe immédiat. L'odeur des fleurs plantées en abondance me vient au nez alors que j'attends à la porte. Alessia met du temps pour ouvrir, j'espère qu'elle ne m'a pas oubliée.

J'hésite à sonner de nouveau quand enfin, elle m'ouvre.

— Lara ! Excuse-moi, j'étais au téléphone avec Sam. Tu vas bien ?

Cela commence extrêmement bien dis donc ! Je mâchouille mon chewing-gum un peu plus fort.

— Oui ça va, et toi ?

— Super. Viens, entre.

La décoration de sa maison change presque à chacune de mes visites. Cette fois, Alessia a installé de gros pots en pierre avec des fleurs violettes aussi odorantes que celles de l'extérieur. Ses rideaux sont désormais de couleur prune et un gros tapis mauve est posé à l'entrée.
Je mets mon sac sur son canapé, pendant qu'elle regarde dans son frigo américain ce qu'elle pourrait bien me proposer à boire.

— Alors, Lara, comment s'est passée ta formation ? dit-elle alors qu'on opte pour de l'eau gazeuse aromatisée au citron.

J'ai sans cesse pensé à ton mec. J'ai rêvé de lui, fantasmé toutes les nuits, et je n'attendais qu'une seule chose, c'était de le revoir.
Je mâche bruyamment en pensant à cela. Je finis même par me lever pour jeter à la poubelle ce truc dans ma bouche, qui ne me sert plus à grand-chose.
Alors que le bruit des petites bulles se fait entendre dans le verre, je lui réponds comme si de rien n'était :

— Très bien. J'ai validé le niveau supérieur. J'attends que notre grande patronne revienne pour, normalement, obtenir le poste supérieur et la promotion qui va avec... C'était un peu long vers la fin, mais j'ai fait la connaissance de Kristen, une femme adorable que je pense revoir bientôt... Et toi, comment vas-tu ?

Je croise les doigts pour qu'elle ne me parle pas de son Sam chéri. Ils vivent ensemble une belle idylle, c'est bon, j'ai pigé !

— Écoute, je vais très bien aussi. Je reprends le boulot la semaine prochaine, et j'ai encore une tonne de chose à régler... Et dis-moi, tu as fait de belles connaissances en Lausanne, si tu vois ce que je veux dire ?

Elle me chatouille le ventre avec son coude ce qui provoque chez moi un rire assourdissant. Je suis trop sensible à cet endroit-là, mais ça tombe bien, car cela détend immédiatement l'atmosphère.

— Non aucun.

— Ah...

En temps normal, je lui aurais confié la raison, mais là, impossible. Je me retrouve bloquée dans une sorte de labyrinthe sans fin, où le seul moyen de m'en sortir, c'est de tricher avec l'échelle du mensonge.
Soudain, ses lèvres maquillées en rouge se fendent dans un sourire franc et elle me dit :

— Et le barman du 'Pierre de lune' alors ? Celui avec qui tu buvais un verre l'autre fois. Il est plutôt mignon...

Love ConséquencesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant