Chapitre 19

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Pour passer la soirée, maman a prêté quelques affaires à Margaux en attendant qu'elle rentre chez elle demain matin et je dois bien avouer que de la voir se pavaner dans un tee-shirt lui arrivant aux genoux, me fait bien rire.

« - Quoi ? Tu veux ma photo peut-être ?

- C'est plutôt...mignon. »

C'est vrai. Les cheveux détachés, en pyjama, bien qu'improvisé, Margaux a un petit quelque chose que je ne saurais décrire.

« - Ma mère a fini de préparer la chambre d'amis, si tu veux. Tu peux aller t'y installer.

- D'accord. Merci. »

Et c'est dans le couloir que nos chemins se séparent pour le reste de la soirée.

Je suis allé me laver, tentant de faire face à l'œil au beurre noir que je me payais grâce à Lorenzo. J'aurai l'air ridicule lundi au lycée. Je demanderais à ce que l'on me maquille. Maman a toujours plein de pots de fond de teint dans les tiroirs de la salle de bain. Je me ferais une beauté.

La nuit est lourde. Chaude. En ce moment, la météo est un véritable yoyo, on ne sait jamais vraiment quoi mettre, quoi prévoir. Il peut faire beau le matin et une averse diluvienne vous tombe sur la tête dans l'après-midi. C'est assez horrible, même si Roméo semble content de rentrer chez lui, trempé.

Fixant mon plafond, dans le noir, je vis un éclair l'espace de quelques secondes.

S'en suivit, du tonnerre.

Génial. De l'orage.

Second coup.

Puis soudain, ma porte s'ouvre et se referme, avant que je ne sente un poids sur mon lit.

« - Pousse-toi. »

Margaux.

Qu'est-ce que Margaux fiche dans ma chambre ?!

Qu'est-ce qu'une fille fiche dans ma chambre ?

« - Hé ! Qu'est-ce que tu fais ici ?

- Fais-moi juste une place. »

Au nouveau coup de tonnerre, je sens ses bras m'agripper fortement.

Ah.

J'ai compris.

« - Tu as peur de l'orage Margaux ?

- Tais-toi. Si tu ris de moi, je te mets par terre. »

J'en avais peur aussi. Pendant longtemps. Puis naturellement, ma peur s'en est allée.

« - Pourquoi je me moquerais ? »

Je me mets en position de sorte à être face à elle, l'attirant contre moi.

« - Ça va aller. Je suis là pour toi. »

Ses mains sont là. Sur moi. Sa tête est contre moi. Je sens son cœur battre dans sa poitrine agitée.

Margaux est là.

Dans mon lit.

« - Tu peux dormir. Je veillerais sur toi.

- Merci... »

Le truc c'est que je n'avais pas du tout prévu que l'on dorme ensemble elle et moi.

Je n'imaginais pas que ma première nuit avec une fille soit spécialement avec cette fille-là.

*************

Mais je crois que sans m'en rendre vraiment compte, petit à petit, Margaux se faisait une place dans mon cœur. Dans ma tête. C'était comme devenu une évidence. Tous les jours je la voyais. Tous les jours je la côtoyais. Tous les jours on se parlait, on se disputait, on se battait.

Sans m'en rendre vraiment compte, Margaux avait mis en état de siège, mon cœur lui-même. Elle était devenue la muraille, le protégeant. Le chevalier, le défendant. Le Roi, en y trônant.

Cela s'était fait comme ça.

Est-ce que c'est comme ça qu'on aime ?

Mister Fleur BleuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant