Chapitre 27

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Avez-vous déjà essayé de dire à quelqu'un que vous l'aimez ? Je ne parle de se cacher derrière un bout de papier ou un écran, mais bel et bien de se tenir là, face à la personne, de prendre votre courage à deux mains et de vous lancer dans le grand bain.

Avez-vous déjà essayé ?

Essayé de ne pas trembler ?

Essayé de ne pas avoir peur ?

Essayé de ne pas bafouiller au moindre mot ?

Dire ce que l'on ressent, pouvoir mettre des mots, des mots justes, dessus, c'est compliqué. Peu importe comment on le tourne ou non, cela reste compliqué et il n'y a certainement pas d'âge pour apprendre à le faire. D'ailleurs, je me demande vraiment s'il existe un apprentissage.

Certains se lancent aveuglément et jette tout d'un coup, d'autres arrivent à faire des tournures incroyables et d'autres encore restent simplement là, bêtement, à regarder. À hésiter.

À trembler.

Je vous laisse me situer dans l'une de ces catégories.

«- Si tu n'as rien à me dire, je retourne travailler. »

Non.

Non, je veux que tu m'écoutes. Je veux que tu me donnes toute ton attention, car ce que j'ai à te dire, je ne le dirais qu'une fois. Ce que j'ai à te dire, ce n'est pas quelque chose pour laquelle on répète, pour laquelle on s'entraîne, parce que tu sais, ça vient du cœur et justement parce que ça vient d'aussi loin, c'est compliqué.

Compliqué de mettre des mots dessus.

Je voudrais que tu m'écoutes.

Je voudrais que tu me regardes droit dans les yeux et que tu le remarques. Ce courage que je ne me connaissais pas. Tu sais, j'ai peur. J'ai vraiment peur. Parce que je sais que je vais me tourner en ridicule. Je sais que je ne vais rien dire de cohérent et que je vais te laisser de dépatouiller avec tout ça.

Avec mon charabia.

« - Milo... »

Je sais.

Mais j'y viens.

« - Viens avec moi Margaux. »

Sans te demander la permission, je t'emporte avec moi, main dans la main, je t'entraîne dehors parce que là, devant tout le monde, je n'y arriverais probablement pas.

Je ne suis sans doute pas un homme parce que j'ai bien trop peur de ces regards curieux que l'on me jette depuis tout à l'heure.

« - Milo, tu...

- Chut. »

Un doigt sur les lèvres, je l'empêche de finir sa phrase parce que ce n'est pas à elle de dire quoi que ce soit. C'est à moi de parler.

Alors, tais-toi femme et écoute.

« - Écoute Margaux, je sais que je te l'ai promis, mais tu sais, je crois que je ne peux pas tenir cette promesse que je t'ai faite. Je crois que j'irais en Enfer d'ailleurs et si, pouvoir te dire ce que j'ai sur le coup, mérite un aller simple alors je prends le risque. Tu es sans doute, la pire chose qui me soit arrivée dans ma vie Margaux. Tu es tout le contraire de ce que j'aime et de ce qui m'attire chez une fille en temps normal, mais je ne sais pas, avec toi...Avec toi tout parait plus magique. Tu es là, tu simplifies tellement les choses, tu es franche, honnête et tu as la main sur le cœur. Tu es d'une tendresse folle et tu as tes petits côtés mignons, même si tu es plus souvent grognon. Je ne sais pas pourquoi tu ne veux pas que l'on t'aime, mais je ne peux pas promettre quelque chose comme « ne pas tomber amoureux de toi », parce que tu sais, ça serait me mentir à moi-même. Je crois que petit à petit, tu as su entrer dans mon cœur, à ta façon bien à toi. Tu t'es installé et tu as fait en sorte de te rendre indispensable. Je veux dire...Ma vie sans toi paraît vide. J'aime quand l'on se dispute ou que l'on se chamaille. J'aime quand tu es simplement assise à côté de moi à discuter de tout et de rien. J'aime quand tu me prends dans tes bras pour consoler mon côté trop endommagé. T'es un peu mon pansement du cœur. Tu es là et ça me soulage. Tu es là et j'ai le sourire. C'est ridicule, idiot et cela ne mérite certainement pas l'oscar de la plus belle déclaration, mais j'aimerais vraiment, vraiment, vraiment que tu me laisses ne serait-ce qu'une petite chance. Ne serait-ce qu'un jour ou deux...Ou une semaine, peut-être même un mois ! Un mois c'est bien, je veux dire...Bref, je m'embrouille tout seul et ce n'est certainement pas très clair pour toi. Mais voilà...Maintenant tu le sais...J'aimerais que tu viennes au bal de fin d'année avec moi. »

Je pourrais m'effondrer par terre après un tel aveu je crois.

« - Alors ? T'en dis quoi ? »

Inconsciemment est née en moi cette lumière que l'on appelle « espoir ».

« - Non. »

Qui vient de s'éteindre comme une flamme sur une bougie laissée au vent.

« - Comment ça « non » ?

- Écoute Milo, si je t'ai fait promettre une telle chose, c'est pour une raison bien particulière et j'aimerais que tu respectes cela. J'aimerais vraiment, pour que l'on puisse avoir de bonnes relations toi et moi, que ton amour ne vienne pas entraver notre amitié. T'es vraiment un bon ami et tu es, sans nul doute, un excellent copain, mais tu sais, ce n'est pas le cas de tout le monde ici. Je veux dire...Moi par exemple, je suis nulle pour ça. Je crains dans ça. Je ne saurais pas comment te rendre tout ton amour. Comment faire pour tous les jours être celle que tu attends. T'es là, avec ton sourire et tes fossettes craquantes, mais la vérité c'est que déjà, rien que ça, c'est trop pour moi. Il y a des choses, des gens, Milo, qui sont trop blessés à l'intérieur pour que l'on puisse un jour les réparer. Tu sais, dans toutes les histoires, l'amour ne finit pas toujours par triompher. C'est triste, mais c'est la vie.

- Et si je n'abandonne pas ? Si je ne lâche pas l'affaire ?

- Alors, tu te feras souffrir tout seul.

- Tant pis. Je prends le risque. Tu sais quoi, faisons un pari toi et moi. Dans un mois, avant le bal, j'aurai réparé ton cœur cassé. S'il faut, je recollerais les morceaux moi-même, mais je le ferais. C'est une promesse.

- Je croyais que c'était un pari ? Qu'est-ce que j'y gagne moi ?

- Tu l'as dit toi-même, un excellent copain. Tu t'es trahie toute seule. Tu sais, je ne sais pas pourquoi tu te fermes aux relations et, oui, peut-être que tu as tes raisons, mais j'ai appris que l'amour est une quête et si la mienne doit être épique, alors soit. Je l'accepte. Je la rendrais épique et mémorable, mais crois-moi, ce n'est pas ce qui m'arrêtera. Plus maintenant. J'ai appris la leçon. Je veux que l'on ait une chance. Un truc rien qu'à nous.

- Tu es têtu...

- Non, amoureusement borné. Là est toute la différence très chère. »

Parce que tu sais, dans la vie, il y a des batailles qui méritent d'être menées, même menées à bien, et je crois que ton amour ou même ton cœur valent bien une bataille.

Peut-être même une guerre.

Tu ne me fais pas peur.

Tu ne me fais plus peur Margaux.

C'est fini ce temps-là. Je ne fuirais pas. Je ne changerais pas d'avis. Je ne bougerais pas. Quoi qu'il puisse arriver dorénavant, je me tiendrais là...

Devant toi.

Mister Fleur BleuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant