Chapitre 22

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Je me suis rendu compte du ridicule de ma question après l'avoir posé et je ne pus m'empêcher de détourner le regard de Margaux.

Pourquoi je ne peux pas réfléchir avant de parler ? Pourquoi ?

« - Désolé...Peut-être que... »

Peut-être que toi, tu as autre chose à faire que de rester avec moi.

« - Si tu veux. »

Je me retourne vers elle étonné, tandis qu'elle me dévisage avec un grand sourire.

Elle est belle Margaux quand elle sourit. Ça ne lui arrive pas souvent, mais je pense que c'est ce qui rend la chose précieuse.

« - Tu es sûre ? Tu n'es pas rentrée hier soir ? Tu ne devrais pas prévenir tes parents au moins ?

- Mes parents ? Mon père est mort quand j'étais petite et ma mère...Disons que c'est une femme occupée. »

Oh.

« - Donc tu es toute seule ?

- La majorité du temps, oui. »

Est-ce pour ça qu'elle reste seule au lycée ? Parce qu'elle en a l'habitude ? Mais comment peut-on avoir l'habitude d'être « seul » ? Comment peut-on se plaire dans la solitude ? C'est triste.

Margaux me rend triste.

« - Hé ! Je t'arrête tout de suite.

- Quoi ? Je n'ai rien dit.

- Mais tu le penses fortement. Je commence à te connaître Milo. Je ne suis pas malheureuse, ni une enfant abandonnée pour autant. Ma mère m'aime, je le sais, c'est juste qu'en tant qu'adulte, elle a des choses à faire, c'est tout. Je le comprends et puis j'ai une nouvelle occupation depuis quelque temps...

- Ah bon ? Laquelle ? »

Posant son bol dans l'évier près de moi, elle s'approche et m'embrassant sur la joue, elle me dit tout bas.

« - Veiller sur toi. »

Par réflexe ou parce que je le voulais, je ne sais pas trop, je me suis empressé de saisir son poignet comme pour l'empêcher de partir alors que je savais pertinemment qu'elle n'irait pas bien loin.

« - Oui, mais qui veille sur toi Margaux ? »

Moi je pourrais le faire.

Je pourrais veiller sur elle.

Non.

Je veux le faire.

C'est bizarre, ne serait-ce qu'à le penser, mais je crois que Margaux est devenu quelqu'un que j'apprécie beaucoup. Peut-être même beaucoup trop.

Elle est devenue importante pour moi.

« - Tu sais, je suis une grande fille. Je peux veiller sur moi-même.

- Ça veut dire que moi, je ne peux pas veiller sur moi-même également ?

- Non, clairement tu ne peux pas. Tu as besoin que quelqu'un te tienne la main encore.

- Et tu veux me tenir la main ? »

Je suis flatté.

« - Tu préfères que ce soit Roméo peut-être ?

- Disons que j'ai l'habitude quand c'est lui.

- Dans ce cas... Tu t'habitueras à moi aussi.

- Est-ce une promesse ? Tu comptes rester autour de moi ?

- Va savoir ? Peut-être. »

S'en allant dans le couloir, je ne la quitte pas des yeux, tandis qu'arrivée presque au bout, elle s'arrête.

« - Je t'apprécie Milo. Je t'apprécie réellement. »

Qu'est-ce que c'est censé vouloir dire ? Comment dois-je l'interpréter ? Est-ce une déclaration ? Me ferais-je des idées en pensant que ça en est une ?

Ah ! Mon dieu. Rien que de me poser autant de questions me donne mal à la tête. C'est horrible. J'ai l'impression que les filles parlent en langage codé et qu'elles s'attendent à ce que l'on décrypte tout du premier coup.

« - Je devrais peut-être aller m'habiller aussi. »

Je prendrais la salle de bain de mes parents pour la peine. Il ne manquerait plus que je me brosse les dents avec elle.

« - Au fait, Milo ! Je peux t'emprunter une serviette pour me doucher ? »

Je me retourne vers elle tandis qu'elle est là, en sous-vêtements, devant moi, au beau milieu du couloir.

Trop c'est trop.

Ne regarde pas ! Ne regarde pas ! Ne regarde pas !

« - Margaux !!

- Quoi ?

- T'es...T'es...Couvre-toi !

- Oh ça va ! Être en sous-vêtements, c'est comme être en maillot de bain. Tu es plus prude que ce que je n'aurai imaginé. Étrangement, ça ne me choque pas venant de toi.

- Tiens, tiens...Prends la serviette et va te laver.

- Merci ! »

Cette fille me teste vraiment de toutes les manières que ce soit.

Et après ça, qu'est-ce que ça sera ?

Mister Fleur BleuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant