Beaucoup de gens se mettent d'accord sur le fait qu'une personne qui vous plaît ne se traduit, non pas par de l'amour, mais par de l'attirance physique.
Depuis, je suis resté suspendu sur ces mots : Attirance physique.
Je me suis souvent demandé, comme toujours, pourquoi une personne nous plaisait plus qu'une autre ? Pourquoi une fille nous plait plus qu'une autre ?
Pour ses yeux ? Pour son sourire ? Pour ses formes ? Pour les traits de son visage ? On a, je crois, tous une façon de traduire l'attirance physique, mais quand il était question de Keena, je réalise que je n'ai jamais vraiment pris le temps de savoir ce qui me plaisait chez elle. Je pense que c'était un tout. Toute sa personne. Tout son être. Keena était une belle fille. Elle avait de beaux et de grands yeux, un sourire ravageur et des formes esquisses. Oui, Keena était belle.
Margaux, elle, elle ressemble à une taupe.
Elle a de petits yeux, elle n'est pas spécialement mince, je dirais même qu'elle a des poignées d'amour. Pourtant, sa poitrine n'est pas hyper développée non plus et son sourire...
Son sourire...
Son sourire...
Son sourire est ce qu'il y a de plus rare à voir. Margaux sourit peu ou à très peu de gens. Elle n'exprime pas vraiment ses émotions et se garde bien de dire tout haut ses pensées...Si ce n'est à moi. Je morfle.
Alors oui, je n'éprouve aucune attirance physique pour Margaux.
Pourtant, quelque chose en elle la rend « belle » et je ne saurais pas dire en quoi, ni même pointer cette étrangeté du doigt. Je sais juste que c'est là et j'ai l'impression que, maintenant que je le remarque, c'est comme une évidence. Ça a toujours été là. Juste sous mon nez.
« - C'est rare de voir un garçon porter du rose.
- Ce n'est pas « rose », c'est saumon.
- C'est rose. Définitivement rose.
- Saumon. Je vais t'apprendre les couleurs. »
Appuyée contre ma porte, elle me regarde avec un léger sourire en coin, amusée, tandis que je me fixe dans le miroir de mon armoire afin de réussir à mettre tous les boutons de ma chemise correctement.
Maman a l'habitude de me dire que j'habille samedi avec dimanche.
« - Tu veux un coup de main ?
- Tu sais que j'arrive encore à m'habiller tout seul à mon âge ? Pas touche.
- Très bien ! Je ne voudrais pas vous offenser...Monsieur je-porte-du-rose.
- C'est saumon ! S.A.U.M.O.N !
- C'est rose... »
D'habitude, les couleurs, c'est un truc de fille. Nous les garçons on se contente de : Bleu, rouge, jaune, noir et blanc.
Mais pas ces demoiselles.
Pour elles il y a : Azur, turquoise, saumon, taupe, pourpre, fuchsia, caramel, chocolat, pistache et...
Et ça me donne faim bordel.
Comment elles peuvent savoir autant de nuance ? Déjà comment elles arrivent à les distinguer ? Pour nous du bleu c'est du bleu. Bon, ok, des fois il y a du bleu « clair » et du bleu « foncé », mais n'abusons pas non plus.
« - Si tu veux que l'on passe la journée ensemble, je vais devoir passer chez moi pour me changer si ça ne te gène pas.
- Non, pas du tout. »
Comme ça, je verrais où tu habites. C'est tout bénef' pour moi.
« - Bon alors ? Je ressemble à quoi ? »
Je suis plutôt beau gosse.
« - Tu pourrais presque faire concurrence à Barbie. »
Elle s'en va en s'esclaffant tandis que je regarde une dernière fois mon reflet vexé dans le miroir.
« - Ne l'écoute pas. »
La suivant dans le salon, j'attrape mon téléphone que j'avais laissé ce matin sur la table basse tandis que Margaux s'arrête près de la porte d'entrée.
« - Je vais sortir avec un gars qui a un œil au beurre noir. On va croire des choses...
- Oh, à ce propos. »
Ma mère en laisse toujours un pot dans le meuble ici.
Et après, elle s'étonne qu'elle égare toujours tout, mais elle laisse aussi tout traîner de partout.
Attrapant un pot de fond de teint dans un tiroir, je tends le pinceau à Margaux avec un air tout fier.
« - Si tu pouvais m'arranger la tête...
- Tu me demandes de te maquiller ?
- Non, de camoufler au mieux mon coquard. Je ne te demande pas de me refaire le portrait. »
De toute façon, Lorenzo s'en est déjà occupé pour toi.
« - Ok. Qui aurait cru qu'un jour j'ai à te maquiller ?
- Qui aurait cru qu'un jour on passerait la nuit ensemble ? »
Milo ! Mesure tes paroles.
« - Pas dans le sens que tu sous-entends. Ne me fusille pas du regard comme ça.
- Je sais et je t'en suis reconnaissante. Vraiment. Mais je me demande encore pourquoi tu fais tout ça pour moi..Tu es un garçon étrange Milo.
- Moi je sais pourquoi je le fais, c'est l'essentiel non ?
- Ouais...Tant que tu ne me dis pas que c'est pour une connerie du style « parce que je t'aime », ça va. »
Ah.
Euh.
Comment te dire ?
« - Milo ?
- Quoi ? Je n'ai rien dit pour l'instant.
- Pour l'instant ? À quoi tu pensais à l'instant ?
- Mais à rien.
- Milo !
- Bon ok. Je ne dirais pas que « je t'aime », c'est très flou, mais j'sais pas, je te trouve intrigante, mystérieuse, amusante. T'as aussi un petit côté boudeur mignon et puis...et puis...enfin...Voilà quoi. Je veux dire...J'sais pas. C'est pas de l'amour avec un grand « A », mais je mentirais si je disais que je n'éprouvais pas quelque chose de spécial à ton égard. »
Mais Milo ! Pourquoi n'as-tu dont pas appris à fermer ta bouche pour une fois dans ta vie ?
« - Tu ne peux pas...Non...Tu ne dois pas ! Tu m'entends Milo ? Tu ne dois pas tomber amoureux de moi, ok ? Promets-le-moi ?
- Quoi ? Mais pourquoi ?
- Promets-le-moi ou sinon, toi et moi on cessera d'être amis.
- Attends, attends, c'est ridicule...Pourquoi ? Réponds à ma question.
- Promets le Milo !
- Ok, ok ! Très bien ! Croix de bois, croix de fer, si je mens j'irais en enfer ! Voilà, j'ai promis ! »
Dis-moi Margaux, qu'est-ce qu'il y a que tu ne me dis pas ?

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Mister Fleur Bleu
Fiksi RemajaAvant que le Prince ne soit embrassé par la Princesse, ce dernier est une grenouille. Milo, lui, c'est le têtard. Sa princesse ? Keena. Son objectif ? Réussir à lui avouer qu'il l'aime avant le bal de fin d'année. Mais comment faire quand la vie en...