Chapitre 12 : La vérité

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Durant plusieurs jours, les épées ne cessèrent de s'entrechoquer. Elizabeth récolta de nombreuses bosses et coupures. Kaylin n'était pas laxiste avec elle, bien au contraire. Il tenait à ce qu'Elizabeth possède des bases solides afin de pouvoir se défendre comme il le fallait. Sa vie pourrait un jour, dépendre de ces séances d'entraînement avec lui.

  Cela faisait désormais trois jours consécutifs qu'ils descendaient dans la salle des armes, où des grognements d'efforts s'élevèrent du petit matin jusqu'au couché du soleil. Elizabeth se révéla être très douée dans le maniement des armes. Elle avait acquis les bases et les différentes postures nécessaires au combat rapproché et comptait bien mettre en application ces nouvelles connaissances dès que l'occasion se présenterait.

  Ce soir-là, Kaylin s'assit sur le sol métallique de la pièce pour reprendre son souffle. De grosses gouttes de sueurs salées lui dégoulinaient dans les yeux. La jeune femme resta debout, près de lui et étira ses muscles endoloris par tous ces efforts.

– Je dois dire... commença t-il essoufflé, que je suis plutôt impressionné par ta progression si rapide.

  Un large sourire étira les lèvres sèches d'Elizabeth. Elle essuya son front brillant de sueur avec la manche de sa chemise sale qui lui collait à la peau et moulait son buste. Kaylin la dévorait du regard. Il se releva d'un bond, aussi agile qu'un félin et la plaqua doucement contre le mur. Il passa sa langue sur ses lèvres pour les humidifier puis les colla sur celles de sa bien-aimée. La jeune femme passa tendrement ses bras couverts de bleus autour de son cou.

– Tu es une femme surprenante, Elizabeth.

– Oui je sais, répondit-elle avec un sourire malin.

  Alors qu'ils se regardaient avec des yeux brillants, un bruit de fracas et de verres brisés les tira de leur bulle. Ils échangèrent un regard inquiet. Tout ce boucan n'était pas normal. Ils se précipitèrent dans les escaliers métalliques pour remonter dans la salle à manger. Là, Alphonse marchait de long en large sur la table, envoyant valser sur le sol les verres de cristal et les précieuses assiettes de porcelaines, une bouteille de rhum ambré à la main. La forte odeur d'alcool qui imprégnait l'air ne parvenait pas à masquer l'effluve si particulière du sang. De nombreuses tâches sombres marquaient le plancher, retraçant l'itinéraire chancelant d'Alphonse. D'un geste brusque il envoya voler la pile de livres et les ustensiles de navigation qui se trouvaient au coin de la table. Kaylin s'approcha lentement de son ami, comme on l'aurait fait avec un animal blessé. Il tenta d'engager la conversation :

– Alphonse... Tu saignes. Il faut soigner ça.

– Elle lui manque tellement, tu sais... soupira t-il, l'œil brillant de larmes.

– A moi aussi, Alphonse. A moi aussi.

  Kaylin voulu prendre la bouteille des mains de son ami, mais il fît de grands gestes pour l'en empêcher. Elizabeth s'approcha à son tour. Son cœur battait très fort contre sa cage thoracique, résonnant presque dans ses oreilles. Elle n'oubliait pas qu'Alphonse avait essayé de la tuer il y à quelques heures à peine.

  Arrivée à ses côtés, elle glissa ses doigts fins dans la main libre du capitaine. Il leva son regard humide sur elle puis jeta sa bouteille au sol pour la serrer dans ses bras. Il pleura un long moment ainsi, sur l'épaule de la jeune femme, reniflant bruyamment de temps à autre. Elle le laissa ainsi, prendre son temps pour évacuer sa rage et sa tristesse. Lorsqu'il n'eût plus de larmes dans l'œil, elle le prit par la main pour le conduire dans sa chambre, avec une bienveillance maternelle. D'un geste sec, elle le fit asseoir sur son lit et entreprit d'examiner sa coupure. L'entaille sur sa main saignait abondamment, sans doute à cause de l'alcool qu'il avait ingéré, mais ne semblait pas profonde. Quelques morceaux de verres étaient plantés dans ses chaires.

Dans les rouages du temps (Terminée)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant