Chapitre 18 : L'enfant

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Une vague de chaleur se diffusa dans les veines d'Elizabeth. Un second craquement se fit entendre et Elizabeth observa le lourd silence qui s'en suivit. Une secousse remua le navire qui lui fit perdre l'équilibre, à elle et à plusieurs membres de l'équipage. Le choc lui coupa la respiration. Kaylin lui lança un regard horrifié lorsqu'il se rendit compte de la situation. Kip ne bougeait plus et ils se faisaient attaquer par la créature des légendes. Elle se redressa et par reflexe, tira Colada de son fourreau qui pendait à sa hanche. Elle s'approcha de la rambarde métallique pour tenter d'apercevoir quelque chose à travers les remous et l'obscurité.

  L'espace d'un instant, elle crut voir un long membre émergé mais il ne s'agissait que d'un débris emporté par le courant. Un silence presque religieux s'étira pendant de longues secondes.

– C'était quoi, ça ? demanda Joris d'une voix grave en s'approchant d'elle.

  Un silence surnaturel flottait dans l'air dans la semi-obscurité de la caverne, provoquant un malaise terrible au sein de l'équipage. Les hommes fixaient l'eau courante d'un mauvais œil, certains avaient sortie leurs armes. Elizabeth se rua auprès de Kip et Kaylin. Elle constata que le petit ne respirait plus.

– Eli, tu dois le sauver ! Remonte le temps, lui ordonna Kaylin.

  Elle acquiesça puis ferma les yeux pour se concentrer. Elle ralentie sa respiration. Malgré tout ses efforts, elle ne parvenait pas à revenir quelques instants en arrière. Des cris s'élevèrent du groupe de pirates qui s'était rassemblé.

– Un homme à la mer ! cria l'un d'eux.

  Un membre de l'équipage venait d'être emporté dans l'eau. Et il ne refit jamais surface. Le calme retomba immédiatement, jusqu'à ce que trois autres tentacules émergèrent en même temps, chacun avec une cible différente. Alors, ce fut la panique sur le navire. Les hommes couraient de tous les côtés pour fuir ce monstre. Alphonse fut attiré hors de son bureau par les hurlements pour assister à une scène de chaos. Son équipage était dispersait, attaquait par un monstre marin dont la gueule débordant de crocs. Un jeune homme se fit emporter sous son œil écarquillé par la surprise.

  En deux enjambées, il rejoignit son second et Elizabeth qui avaient abandonner le pauvre Kip pour tenter de libérer un homme du calamar géant. Kaylin planta son épée dans le tentacule, qui se retira vivement avec une giclée de sang violet.

– Alphonse, fais quelque chose, le supplia Kaylin.

  Le capitaine du navire s'approcha du bord tout en ôtant son cache-œil. Puis il écarta les bras et se laissa tomber dans l'eau. Il disparut dans une grosse éclaboussure. Les tentacules retombèrent lourdement dans le fleuve puis plus rien... De longues secondes s'écoulèrent, qui devinrent des minutes.

  Kaylin crut tout espoir perdu. Alphonse était mort.

  Après avoir formulé cette pensée, une lueur bleue surgit. D'abord imperceptible, elle devint très vite aveuglante. Elizabeth et Kaylin furent obligés de détourner le regard. La lumière irradiante s'arrêta aussi soudainement qu'elle était apparue et ils constatèrent que toute l'eau s'était évaporée. Il ne restait rien d'autre qu'Alphonse, qui se tenait difficilement debout au fond de la crevasse rocheuse.

  Le capitaine s'écroula de fatigue, livide, sous les yeux des nombreux spectateurs. Jay lança une corde et se précipita pour le rejoindre.

– Il respire, cria t-il d'en bas.

  Il le balança sur son épaule comme s'il ne pesait rien, avant de se hisser sur le navire. Il porta le capitaine dans sa chambre et le déposa doucement sur les draps de soie. Kaylin s'occupa de Kip. Il le transporta également dans les appartements du capitaine, le couchant sur le sofa moelleux.

Dans les rouages du temps (Terminée)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant