Chapitre 13 : Voltuross

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Le Mary Jane s'était posé à l'extérieur de la ville, derrière les hautes murailles en pierre blanche. Elizabeth avançait à pas lent, progressant difficilement avec la neige qui avait rendu les pavés des rues de Voltuross extrêmement glissants. Le vent soufflait en rafale, pénétrait partout entre les mailles de ses vêtements, caressant sa peau couverte de frissons. Les maisons étaient toutes identiques, montées sur trois étages, et semblaient s'écrouler les unes sur les autres. Elles aussi, supportaient mal les bourrasques et le froid.

   Au bout d'une dizaine de minutes de marche entre les habitations étouffantes, la rue s'élargit enfin, donnant sur une place circulaire où de nombreux marchands hurlaient à qui voulait l'entendre que leurs marchandises étaient de qualités supérieurs. Des fruits, des légumes, de larges morceaux de viandes saignants, des armes et des armures, des combats de chiens, des jeux d'argents,... Elizabeth s'attendait à croiser de tout, sur ce marché. Tout, sauf des fleurs.

   Une fillette de sept ans à peine était installée sur un haut tabouret et tressée de sublimes couronnes de roses givrées. Partout dans le monde, on disait que ces fleurs avaient été planté en pleine hiver par une mère qui se mourrait d'un chagrin éternel.

   La petite leva ses grands yeux pleins d'intelligence et de malice sur Elizabeth et lui adressa un large sourire, où il manquait les deux dents du milieu :

– Une couronne pour une jolie madame, s'écria t-elle.

   Alphonse sourit et jeta une pièce à l'enfant, qui l'attrapa avec une agilité digne d'un voleur de la guilde des Quatre Chemins. Elle mordilla la petite pièce d'argent avec ses canines et après avoir vérifié la réelle valeur de la monnaie, elle lui tendit une tiare. Le capitaine se mit face à Elizabeth puis la posa délicatement sur ses cheveux de feu.

– Le bleu et la pâleur vous sied si bien, milady.

   Un léger sourire apparût sur le visage de la jeune femme. Elle le savait. Sa peau blanche contrastait avec ses boucles, faisant ressortir ses yeux noisettes et ses tâches de rousseurs.

   Le trio jeta quelques coups d'œil rapides aux étales, se frayant difficile un chemin à travers les acheteurs puis fini par traverser la place pour rejoindre une rue adjacente, beaucoup plus large et accueillante que la première. Les passants se firent pourtant plus rares, allant même jusqu'à totalement disparaître. Elizabeth avait l'impression de pouvoir respirer à nouveau tant la foule l'avait oppressé. Marcher devenait tout de suite plus agréable malgré le sol glissant et le faux plat qui les essoufflait. Puis petit à petit, cette légère pente devint une réelle épreuve d'escalade. Au loin, Elizabeth distinguait ce qu'elle crût d'abord être un temple ou un lieu de recueillement antique. Mais en se rapprochant, la jeune femme put voir qu'il s'agissait en réalité de la bibliothèque, à la façade couverte d'arabesques et de sculptures, qui finissait par disparaître dans les nuages. Une volée de marches larges d'au moins quinze pieds s'offrait à eux. Une porte en bois massive, était encadré par deux énorme gardiens de pierre, l'un tenant bien haut son bouclier et sa lance, tandis que l'autre portait un livre dans sa main. Cette seconde statue avait les yeux bandés, comme si le savoir suffisait pour porter un regard nouveau sur le monde.

   Lorsqu'ils pénétrèrent à l'intérieur, ils furent éblouis par la complexité de la décoration. De nombreux tapis rouges, soyeux, recouvraient la pierre dure et froide du sol. Les murs se suffisaient à eux-mêmes. De petites cavités et des formes avaient été minutieusement sculpté pour former différentes scènes. Et dans le fond de la pièce, une vieille femme était assise derrière son haut comptoir. Il était si imposant, qu'elle en dépassait à peine. Elle leva le nez de son bureau pour observer les trois visiteurs. Apparemment, ce qu'elle vit lui déplut car elle retira sa paire de lunette pour leur lancer un regard mauvais en fronçant ses sourcils gris.

Dans les rouages du temps (Terminée)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant