Dans les rouages du temps (Terminée)

Chapitre 22 : Le venin

H remontait la grande avenue en agitant furieusement son pistolet de gauche à droite, Dorian sur ces pas. Il ne savait pas dans quelle direction s'engageait mais n'eut pas besoin de se questionner bien longtemps. Elizabeth et Kaylin les attendaient au milieu de la rue, après le croisement. Le cœur de la jeune femme battait si fort qu'elle l'entendait résonner dans ses tempes. Son souffle très irrégulier n'échappa pas à son amant, qui lui adressa un regard rassurant :

– Je te protégerai.

– C'est là que tout va se jouer, ajouta t-elle.

  Ils regardèrent leurs ennemis approchés. H leva son bras et sans une hésitation, appuya sur la détente. La détonation retentit longuement dans la cloche de verre. La balle de plomb rata Kaylin de quelques centimètres seulement.

– Ne gâche pas tes munitions, hurla Dorian à l'intention de son acolyte.

  Mais H l'ignora et tira une seconde fois, et Elizabeth dut se plaquer contre le mur d'une maison pour esquiver.

– Il faut qu'on se sépare, on arrivera à rien ici, dit-elle à Kaylin.

  Puis sans lui laisser le temps de répondre, elle s'élança en direction des deux hommes. D'abord surpris, H se ressaisit et tenta de se jeter sur elle pour la plaquer au sol. Elle l'évita d'un bond en poursuivant sa course dans une ruelle, sur sa gauche.

– Occupe toi de lui, ordonna H à Dorian avant de se lancer à sa poursuite.

  Elizabeth se rendit aussitôt compte de son erreur. Elle ne pourrait pas esquiver les tirs de H dans un endroit si étroit. Elle grimpa sur une pile de caisses qui se trouvait là, à l'arrière d'une boutique, pour gagner les toits. Elle eut tout juste le temps de se hisser sur les hauteurs avant que H ne tire une nouvelle fois. La balle réduisit une tuile en poussière. Il poussa un hurlement furieux avant de grimper à son tour.

  Le cœur battant à tout rompre, elle observa rapidement les alentours. Où pouvait-elle aller ? Que faire ?

  La cathédrale lui apparut comme une évidence. Elle sauta de toit en toit pour se diriger vers le clocher, mais quelque chose lui attrapa soudainement la cheville gauche, la faisant chuter. Le choc vida tout l'air qui se trouvait dans ses poumons. La panique lui serra la gorge lorsqu'elle sentit le prolongement visqueux du bras de H remonter le long de sa jambe.  Un petit rire mesquin échappa à H. Elizabeth prit un instant pour retrouver ses esprits ainsi que sa respiration. Elle se redressa et coupa la tentacule avec Colada. La lame s'enfonça mais ne parvint pas à trancher l'étrange matière.

– C'est un spectacle tellement satisfaisant ! N'es-tu pas d'accord ? ria t-il.

  Sans attendre plus longtemps, Elizabeth se concentra pour remonter le temps, mais ses efforts fût vain. Une douleur lancinante lui traversait les côtes. Ses pouvoirs semblaient l'abandonnés à mesure qu'elle les utilisait.

– Où est-elle ?

– Je ne vois pas de quoi tu parles, répondit-elle calmement.

  H s'agenouilla et approcha son visage de celui d'Elizabeth. Son souffle chaud empestait. Il releva sa lèvre supérieur en dévoilant ses dents dans une attitude menaçante, à la manière d'un animal sauvage. Puis il se releva et recula lentement en contractant le muscle de son bras, ce qui provoqua une violente réaction. La matière visqueuse s'étira dans les airs avant de se jeter avec force sur le toit en entraînant Elizabeth. Des dizaines de tuiles en argiles se brisèrent sous le corps de la jeune femme. Un immense nuage de poussières s'éleva alors qu'elle se mit à tousser du sang. La matière noire relâcha son emprise un instant avant de venir se positionner aux niveaux de ses poignets et de ses chevilles. Elizabeth ne pouvait plus esquisser le moindre mouvement.