La Délivrance des Flamants - Tome 4

Chapitre 11 : On n'efface jamais rien du jour au lendemain (Cole)

Pendant que Heather avait cherché un moyen pour que ses parents gardent Clyde et que nous ayons au moins une après-midi ensemble, je continuais mes recherches à propos de Lyne. Mais toujours rien. Comme si elle avait disparu de la surface de la Terre. Assez impressionnant venant de la part de quelqu'un d'aussi acharné. Jamais elle n'aurait abandonné aussi facilement. Elle devait sûrement préparer son prochain coup. Je ne voyais que ça.

Les mauvaises nouvelles allaient bien évidemment s'enchaîner, en particulier lorsque je croisai Mitt au seuil de ma porte, un air diabolique sur le visage. Les ennuis ne faisaient que commencer... ou ne faisaient que revenir pour me pourrir la vie. Pourquoi changer de si belles habitudes ?

— Bonsoir Mitt, que veux-tu ? Encore quelque chose à reprocher à mon ancienne vie sexuelle ? demandai-je avec sarcasme.

Il semblait n'avoir que ceci comme argument, comme tout le monde. Je commençais à m'y habituer. Ce n'était pas de ma faute si la plupart n'osaient pas se payer des putes.

— Tu ne m'as pas cru quand j'ai dit que je savais des choses sur toi. Maintenant, tu vas soudainement moins rire. Te rappelles-tu de Diane Manners ?

Ce nom me disait vaguement quelque chose. En tout cas, je l'avais certainement baisée, c'était même une évidence. Après, j'avais croisé tellement de femmes dans ma vie que je ne prenais jamais le temps de retenir leur nom.

— Peut-être bien, fis-je mine de savoir.

— Aurais-tu oublié ton ex-femme de Las Vegas ? C'était ça dont je voulais te parler la dernière fois, mais tu ne m'en as pas laissé le temps. Elle a pris contact avec moi pour te rencontrer, elle a beaucoup de choses à te dire.

— On a réglé le divorce aussitôt, objectai-je, voulant l'empêcher de prendre la situation à son avantage. On était bourrés, jeunes et cons. L'affaire est réglée depuis une bonne dizaine d'années, c'est inutile de la ressasser.

Son sourire ne s'éteignit pas, au contraire, il s'accentuait. Il était sûrement persuadé de mieux contrôler la situation que quiconque. Si seulement il savait qu'il ne faisait que perdre le contrôle d'absolument tout.

— Elle insistait vraiment pour te rencontrer, ajouta-t-il, toujours aussi fier. Elle a prévu de venir chez moi demain en espérant pouvoir te parler... En tout cas, je doute que Heather aimerait entendre parler de cette histoire.

— On s'est mariés en étant bourrés. J'avais tout juste vingt ans. Alors tes menaces en l'air, tu peux te les garder ! ripostai-je en tentant de garder mon calme.

— Tu ne sais vraiment pas tout. Elle a beaucoup de choses à ton sujet d'après ce que j'ai compris.

Il ne me laissait pas le temps de me défendre et s'en alla, comme s'il venait de réussir son coup. Bien qu'il avait été assez évasif dans ses propos, il avait l'air plutôt sûr de ce qu'il avançait. Pourtant, avec cette Diane, il ne s'était rien passé. Nous avions bu, baisé puis on s'était marrés sur le fait de se marier pour vraiment le faire sur un coup de tête.

Le lendemain, avec une bonne gueule de bois, on s'était rendu compte de notre connerie. Malheureusement, les lois nous interdisaient de divorcer avant un bon mois. Nous n'avions rien d'un couple, on en avait juste profité pour baiser tandis que je me remettais lentement de ma dernière tentative de suicide, me sentant plus vide que jamais. Heureusement, le divorce avait été rapide. Je n'avais rien pour quoi l'on puisse se battre. Pas d'argent, pas de notoriété, juste un mec comme un autre qui retournait chaque lundi à son boulot. Puis, nous ne nous étions jamais revus. Ce n'était qu'une erreur comme une autre se produisant fréquemment à Las Vegas... Ce n'était pas suffisant pour s'en prendre à moi. Et pourquoi voulait-elle me revoir ?