La Délivrance des Flamants - Tome 4

Chapitre 24 : Les erreurs (Hanna)

J'avais merdé, complètement merdé.

Comme toujours.

Ce qui s'était produit était déjà arrivé de nombreuses fois. Ce n'était pas pour rien que tout mon entourage avait fini par me détester, en particulier Brandy. Dès qu'elle m'avait présenté son amant et voyant qu'il semblait assez ouvert, je m'étais jetée sur l'occasion sans songer une seconde aux conséquences. Bien rapidement elle s'en était rendu compte et je n'avais pas eu de suffisantes bonnes excuses pour qu'elle évite de s'en prendre à moi. Aussitôt, elle avait décidé de liguer tout le groupe contre moi. Heureusement que Heather ne s'était pas fait avoir aussi facilement.

Et maintenant, j'avais recommencé. Cette fois-ci, c'était bien pire. J'étais en couple et j'aimais Dolly. Je m'en voulais. Je m'étais promis de ne pas recommencer... Pourtant, les récents évènements me prouvaient le contraire. Mais je n'étais certainement pas accro au sexe comme pouvait le sous-entendre Cole. Je n'étais pas comme lui. Je n'étais pas un enfoiré comme lui.

Je m'assis brusquement sur les chaises traînant dans les couloirs de l'hôpital. Et s'il avait raison ? Dans le fond, j'avais voulu le détester et j'y étais allée jusqu'au bout. Pourtant, ce n'était qu'une excuse pour ne pas reproduire le même schéma. Je couchais avec tous les mecs et toutes les gonzesses de mes amis. Je couchais vraiment avec tout le monde... Bordel de merde...

Je pris mon visage entre mes mains, ne pouvant accepter cette fatalité.

Puis quand je levai les yeux, je tombais sur cette enflure de Cole. Évidemment. Il me fixait d'un air placide, n'ayant aucune empathie à mon égard. J'en étais à peine étonnée à vrai dire.

— Tu comptes tout lui dire ? demandai-je dans un murmure.

— Je n'en sais rien, avoua-t-il dans un soupir. Dolly est mon amie, une amie très proche, et toi tu es... absolument rien dans ma vie, mis à part la personne qui était prête à briser mon couple à de nombreuses reprises. Le choix me semble presque évident.

Il allait tout lui dire. Bien sûr. À quoi je m'attendais ? Qu'il se taise ? C'était impossible. J'avais merdé, je devais assumer mes torts. C'était ce que la plupart faisaient.

— Si jamais Heather te trompait, comment réagirais-tu ? m'enquis-je comme pour rassurer.

— Ça n'arrivera jamais.

— Réponds, insistai-je.

— J'essaierais de comprendre et sûrement que je la pardonnerais. Elle l'a bien fait pour moi alors que je ne le méritais pas...

Pour ne pas le mériter, en effet, il ne le méritait pas. Il l'avait fait avec une de ses employées et celle-ci devait ne pas être totalement enjouée par l'idée, mais comme il s'agissait de son patron, elle avait accepté à contrecœur. Rien que de penser à ça me donnait la nausée.

— Tu penses qu'elle me pardonnera ? demandai-je, n'espérant plus rien.

— On peut tout pardonner, lança-t-il d'une manière évasive.

— Je ne veux pas la phrase que tu as entendue à la radio avant de venir ! Je veux ton ressenti ! Tu connais bien Dolly, alors réponds merde au lieu d'éviter !

— Étant donné les circonstances, elle ne va pas s'attarder dessus... mais Dolly t'aime. Du moins, elle en donne sincèrement l'air.

Il s'assit à mes côtés, dubitatif, et fixait le mur d'un regard vide.

— Ça arrive à tout le monde de douter un jour ou l'autre. On ne peut pas être parfait quotidiennement... Oui, tromper, ça peut sembler horrible... On peut ne plus faire confiance à l'autre... Mais on peut s'en sortir. Il faut juste le vouloir.

— Je ne suis pas comme toi, protestai-je.

— J'ai attendu d'avoir trente piges, une femme et des gosses avant de finalement accepter que j'avais vraiment besoin d'aide. Avant ça, je n'aurais jamais essayé...

— Mais entre toi et moi, il n'y a pas qu'une différence, il y a clairement un fossé, renchéris-je par pure provocation.

— Mais bien sûr, lança-t-il en riant.

Il se foutait de ma gueule. Cet enfoiré n'hésitait pas pour me le montrer. Il me prenait sûrement pour une imbécile. Bien évidemment, je n'étais pas à la hauteur de Son Altesse. Mais quel prétentieux... Si seulement il se regardait dans le miroir quelques fois...

— Hanna, soupira-t-il, tentant de retenir son rire. Tu es bien naïve ! Tous les deux on a un problème avec le sexe...

— Impossible, le contredis-je en croisant mes bras.

— Bien, pense ce que tu veux, capitula-t-il, gardant néanmoins un sourire sur ses lèvres.

Il m'énervait. Je n'avais qu'une envie : le gifler. Comment Heather pouvait-elle le supporter tous les jours ? Elle tenait vraiment à avoir un homme insupportable, à la limite de la blesser. Un jour, il faudrait que je lui fasse comprendre comment devait se comporter un homme à son égard, et certainement pas un homme comme Cole.

— Pourquoi tu es venu ici ? finis-je par lui demander.

— Je voulais prendre des nouvelles de Dolly... mais je ne savais pas si je pouvais venir la voir...

— Elle dort pour l'instant. On va éviter de la déranger.

Il soupira longuement. Il allait trouver un nouveau sujet de conversation, j'en étais certaine.

— Je n'ai toujours rien à propos de Mitt, mais quelques personnes commencent à le rechercher... Il ne s'en sortira pas... Et pour ce qui est de Reese, il n'obtiendra pas la garde.

— Comment peux-tu en être sûr ?

— Mitt est complètement instable et si jamais il devient vraiment embêtant, je ne me gênerai pas pour témoigner contre lui.

— Tu diras la vérité ? Ça sera suffisant ? m'étonnai-je.

— Je crois bien que oui...

Nous nous regardâmes longuement. La situation était plus que délicate. Entre ma tromperie que j'allais être contrainte d'avouer, toutes ces histoires avec Mitt et les problèmes de santé de Dolly, j'espérais vraiment trouver bien rapidement une issue.

*

Après une bonne demi-heure, Dolly s'était finalement réveillée et j'étais à ses côtés en compagnie de Cole, ayant attendu tous les deux patiemment.

Son état s'était détérioré ces derniers jours. Ses traits étaient profondément tirés, son sourire avait disparu et les étincelles de son regard s'étaient éteintes. Je pris sa main dans la mienne, espérant pouvoir la rassurer, mais nous savions toutes les deux que rien n'allait s'arranger. Les résultats étaient de moins en moins bons et le pire était à envisager.

Puis elle prit Cole dans ses bras, en pleurs, sûrement en train de se dire que ce serait la dernière fois qu'elle pourrait le voir. Désormais, chaque moment pouvait être le dernier. Désormais, il fallait profiter de chacun d'entre eux, on ne pouvait plus rien prévoir.

— Occupez-vous bien de Reese, j'espère qu'il sera heureux...

— Je refuse que tu sois aussi pessimiste, riposta Cole.

Il était le seul à garder une pointe d'espoir parmi nous. De mon côté, je m'avouais vaincue depuis longtemps. Les larmes coulant sur mes joues n'étaient qu'une preuve de plus.

— Reese sera heureux, ne t'en fais pas, la rassurai-je malgré mes pleurs. On sera tous à ses côtés...

Et maintenant j'avais l'impression d'être quelqu'un d'abominable. J'avais trompé la femme que j'aimais, qui plus était, avec un abruti alors qu'elle souffrait.

Je n'étais qu'une conne...