La Délivrance des Flamants - Tome 4

Chapitre 28 : Ce n'est que le début du pire (Cole)

Cette pièce blanche totalement aseptisée ne me rassurait pas. Heather était tout aussi tendue que moi, tendant Clyde dans les bras. Comme nous l'avions décidé, nous allions voir un médecin pour lui, comprendre si quelque chose n'allait pas.

— Et si c'est vraiment grave ? demandai-je.

— Même s'il a quelque chose, on ne pourra rien changer...

— En effet.

Même si elle tentait de me calmer du mieux qu'elle pouvait, je voyais bien qu'elle était tout aussi angoissée que moi. Nous l'étions tous.

Puis vint finalement notre tour. J'en avais toujours le cœur serré et j'étais en train de redécouvrir la sensation de respirer, ce qui n'avait rien d'agréable.

Pendant quelques minutes, le docteur fit le checking habituel sur le gosse tout en faisant quelques constatations qu'il ponctuait quelques fois d'un "Hum" sans rien ajouter de plus. Entre temps, j'échangeai quelques regards avec Heather. Nous étions tous les deux inquiets, voulant absolument savoir s'il avait quelque chose ou pas.

Dès qu'il eut son diagnostic en tête, il revint à son bureau, le regard grave, tandis que Heather reprit Clyde dans les bras. Encore une fois, le gamin réagissait à peine.

— Alors ? lança Heather d'une voix tremblante.

Il posa ses coudes sur la table et s'approcha de nous, prenant une longue inspiration. Ça n'annonçait vraiment rien de bon.

— Pour l'instant, je ne peux rien affirmer avec certitude, mais je pencherai pour un retard de développement.

— C'est grave ? s'enquit-elle en serrant Clyde contre elle.

— Il peut très bien n'avoir aucune séquelle. J'ai d'abord une question à vous poser. A-t-il déjà parlé ? ou émis le moindre bruit ?

— Je ne crois pas, répondis-je.

— Je pense que vous devriez faire d'autres tests et prendre des notes sur son comportement. Avez-vous des antécédents de maladie dans vos familles ?

Je ne pus m'empêcher de lâcher un léger rire. Des antécédents, il n'y avait que ça dans ma famille. Entre mes parents qui avaient fini par s'entretuer, ma demi-sœur qui enchaînait les problèmes et moi qui finissais borderline. On était une belle brochette de tarés.

Le médecin me lança aussitôt un regard noir et je dus m'excuser. Encore une fois, on allait davantage me prendre pour un cinglé. Ça m'apprendra à rire à ce genre de remarque...

— Il n'y a pas d'antécédents dans ma famille, répliqua Heather d'un ton neutre, faisant abstraction de ma réaction.

— D'accord, déclara le médecin tout en me regardant d'œil dubitatif.

— J'ai une famille assez compliquée... Mais c'est plutôt du niveau psychiatrique...

— Ça peut être lié, commenta-t-il.

— J'ai été en quelque sorte absent de la vie de Clyde cette dernière année... Est-ce que... est-ce que ça aussi c'est lié ?

— Ça peut l'être...

Autant dire que tout pouvait perturber un gosse. Évidemment qu'être parent allait être plus compliqué que je pouvais le croire.

Dès qu'on sortit du cabinet, je ne cessais de douter. J'aurais tellement espéré que tout aille bien et que Clyde soit juste timide.

Pendant que je roulais, le silence régnait. Je n'osais à peine parler. Pour quoi dire ? Que je détestais cette situation ? Bien évidemment, je me rendais compte que ma famille était en lambeaux, moi-même y compris, et que s'en sortir allait être plus compliqué que prévu.