Chapitre 33 : Jamais rien n'est sûr (Cole)

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Même bar. Même heure. Mêmes raisons. Même après autant de temps, rien ne changeait. Pourtant, je n'avais pas vraiment le même état d'esprit. D'habitude, je me fichais de demander les services de Nick, cette fois-ci, c'était différent. Sûrement parce que je n'étais plus seul. Tout ce que je faisais aurait des conséquences sur quelqu'un d'autre maintenant, toujours. Il fallait vraiment que je m'habitue à ce sentiment...

Bien que je n'aurais pas dû, j'attendais Nick avec un verre de whisky et une cigarette, ne pouvant m'empêcher de taper frénétiquement sur la table du bout de mes doigts. Pourtant, je n'avais jamais été sujet à l'angoisse. Ma respiration se ralentissait et je n'arrangeais pas le cas en fumant quelques bouffées.

Finalement, Nick arriva et sembla remarquer mon état lorsqu'il s'assit en face de moi.

— Cole, ça fait longtemps, remarqua-t-il, assez amusé. D'ailleurs tout le monde te considère comme mort, surtout les médias.

— Je n'ai pas ouvert le moindre journal ni même allumé la moindre télé depuis un bon bout de temps, mais ça ne m'étonne même pas, rétorquai-je.

— Et moi je suis donc étonné que tu me demandes mes services. Tu n'es plus dans les affaires, alors, pourquoi ?

Je lui tendis une feuille avec toutes les informations que j'avais pu trouver à propos de Diane en espérant que ce soit suffisant.

— Cole, la dernière fois que tu m'as demandé de m'occuper de quelqu'un, c'était pour une femme, et cette fois, je pense que c'est le même genre de raison.

— En effet, c'est toujours pour une femme, et même si celle-ci a une gueule d'ange, elle a commis des atrocités impardonnables. Et je peux t'assurer qu'elle le mérite...

J'avais l'impression de sembler complètement mal à l'aise, ce qui n'était pas dans mes habitudes. Je n'étais jamais comme ça, pas pour ce genre de choses.

— À qui a-t-elle touché dont tu étais proche ? m'interrogea-t-il.

— Ma fille.

— Tu as une fille désormais ? s'étonna-t-il.

— Je viens de l'apprendre... Et tant que cette femme sera en vie, ma fille ne pourra jamais vivre.

— Je crois comprendre ce qu'elle lui a fait subir. Ce n'est pas le premier cas comme ça que j'ai...

Je conclus alors l'affaire en lui tendant l'enveloppe habituelle. Le compte y était et le destin joué d'avance. J'avalai mon verre cul sec puis partis immédiatement, encore mal à l'aise...

*

Elle attendait que je parle, comme d'habitude. Mais que pouvais-je bien dire ? Je n'allais pas lui dire que je sauvais ma fille par un meurtre et que c'était ce qui me perturbait le plus en ce moment. Et puis sans compter le gala de ce soir. J'allais être le mort sortant de sa tombe. Tous les regards seraient braqués vers moi, prêts à me critiquer et il y avait de quoi.

— Cole, n'avez-vous vraiment rien à dire ? demanda Kavalieris, presque inquiète.

— C'est... compliqué...

— C'est justement l'occasion de parler.

— Je compte reprendre le travail bientôt, annonçai-je comme pour éviter les vrais sujets dérangeants.

Aussitôt, elle prit son stylo en main, prête à écrire tout ce que je pourrais dire.

— Vous disiez ne pas vouloir le reprendre de suite parce que vous ne vous sentiez pas prêt, ce qui n'est plus le cas, c'est ça ?

La Délivrance des Flamants - Tome 4Où les histoires vivent. Découvrez maintenant